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Pour une politique étrangère réaliste et souveraine avec Fillon


Pour une politique étrangère réaliste et souveraine avec Fillon
Angela Merkel, Vladimir Poutine, Francois Fillon. Gdansk, 2009.
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Angela Merkel, Vladimir Poutine, Francois Fillon. Gdansk, 2009.

Loin de conduire à un retournement d’alliances, le renouveau du dialogue franco-russe constitue l’un des éléments significatifs du projet diplomatique ambitieux de François Fillon, qui entend, d’une part, remédier à l’isolement d’une Europe de plus en plus affaiblie sur la scène internationale et, d’autre part, rendre à la France, par une politique étrangère refondée sur le paradigme réaliste, des marges de manœuvre et un dynamisme.

Renoncer à l’illusion dévastatrice du néoconservatisme

Pour renouveler notre politique étrangère, il convient d’abord de renoncer aux illusions du néoconservatisme, qu’une Europe idéaliste et affaiblie a tacitement épousées.

A cause de leur idéalisme et des bons sentiments à quoi ils résument souvent leurs prises de position, les Européens ne parviennent pas à saisir la nécessité d’envisager les relations internationales autrement qu’à l’aune d’un moralisme aussi inconsistant que paralysant. Ils ont donc fait leur, insensiblement, par défaut et par facilité, un avatar du credo néoconservateur, plaçant au cœur de leur discours le soutien à l’ingérence, au mépris des catégories du droit international classique, qu’ils ont pourtant créé. A ce jeu, les Européens se privent de penser et de définir sérieusement leurs intérêts.

La priorité absolue et souvent réductrice donnée à la solidarité occidentale, qui leur tient lieu de politique, les ont de fait cantonnés dans un rôle d’auxiliaires. Par la perpétuation irréfléchie, quasi pavlovienne, d’un tel tropisme atlantique, les Européens donnent l’impression de ne pas avoir compris que la guerre froide était terminée, qu’ils n’avaient plus d’ennemis réels à l’est et que l’isthme européen, par conséquent, n’était plus l’enjeu central de la compétition internationale. Les Etats européens signent ainsi leur propre faiblesse, qu’ils croient vainement dissimuler en affichant, dans toutes les crises, un dogmatisme moralisateur inefficace et un normativisme en soi insuffisant.

Comme ses propos l’ont laissé entendre, tant au cours de la récente campagne qu’au long de sa carrière politique, Alain Juppé a toujours semblé favorable à cette doctrine idéaliste, ainsi qu’à l’observation prioritaire d’un certain conformisme occidental. C’est aussi la position du gouvernement actuel, qui fait montre d’une grande rigidité de principe à l’égard des puissances incontournables que sont la Russie en Europe et l’Iran au Moyen-Orient, et se condamne ainsi à ne pouvoir faire entendre sa voix.

Les initiatives américaines ont révélé l’inadéquation de l’idéalisme européen

Or l’évolution récente des positions américaines au Proche-Orient a laissé apparaître, s’il en était besoin, l’inadéquation de ces vues.

Après avoir pris la mesure des conséquences néfastes de l’intervention américaine de 2003 en Irak, qui a contribué dialectiquement à une poussée de l’influence iranienne dans la région, l’administration Obama a dû prendre acte de la situation nouvelle, en engageant des négociations avec la puissance perse, dont le retour officiel dans le concert des Etats devait être consacré par la finalisation à Vienne, le 14 juillet 2015, de l’accord de Genève sur le nucléaire iranien.

L’Amérique faisait ainsi, résolument, le choix de la diplomatie.

Aujourd’hui, Donald Trump souhaite renouer un dialogue direct avec les Russes. En rapprochant l’Amérique d’une Russie à la recherche d’alliés, le président américain élu cherche maintenant à contrebalancer la progression iranienne et à empêcher la constitution en Eurasie d’un heartland russo-irano-chinois, qui représente un danger pour les Etats-Unis dans la compétition pour le leadership mondial.

Ces métamorphoses dans notre environnement stratégique, où tout semble se jouer sans nous, risquent de précipiter l’isolement de la France et de l’Europe sur la scène mondiale.

Le retour de l’axe Paris-Berlin-Moscou?

Pour la France et pour les Européens, l’enjeu politique des années à venir sera concrètement la constitution négociée de nouveaux partenariats, leur permettant de faire valoir leurs intérêts et de défendre leurs positions parmi les puissances du monde. Dans cette perspective, un vaste aggiornamento diplomatique, inspiré par une vision réaliste du monde, paraît nécessaire.

Dans ce contexte nouveau, la France devra proposer aux Etats européens qui le souhaitent, et notamment à l’Allemagne, la consolidation, dans l’autonomie et autour des seuls intérêts européens, d’un pilier  intergouvernemental de défense et de sécurité, articulée avec la définition, pour équiper nos forces, d’une clause préférentielle favorisant l’activité des groupes industriels européens, tels EADS, Safran, MBDA ou DCNs.

Bien plus, la constitution dans la profondeur d’un axe Paris-Berlin-Moscou, qu’avaient promue ensemble, il n’y a pas si longtemps, le président Jacques Chirac et le chancelier Gerhard Schröder, permettra d’apaiser les tensions sensibles dans les marches orientales de l’Europe, de confronter directement, par la négociation, les intérêts et les besoins respectifs des Etats de l’Union européenne et de la Russie, pour ensuite définir concrètement, si nécessaire par des accords, les coopérations sérieusement envisageables. Cette initiative pacificatrice devra être précédée d’une levée totale et nécessairement réciproque des sanctions économiques décidées par l’Union européenne contre la Russie et par la Russie contre l’Union européenne.

On le voit : le renouveau rationnel du dialogue franco-russe est une clef dans la redéfinition de nos objectifs diplomatiques.

François Fillon est le seul leader en mesure de conduire le virage nécessaire

Toujours alliée aux Etats-Unis mais européenne avant tout, la France de demain pourra ainsi, avec l’Allemagne et la Russie, prendre toute sa part de la résolution des crises qui ébranlent le Levant et le monde arabe. Dans le même temps, la France demeurera attentive aux besoins de ses partenaires d’Afrique et du Maghreb, dans le souci de lutter avec eux contre les réseaux terroristes et d’ouvrir la voie à un développement concerté, devant permettre la réduction des flux migratoires incontrôlés.

Par sa vision, il a anticipé les évolutions en cours et a compris la nécessité d’une politique étrangère réaliste et souveraine, soucieuse avant tout de l’indépendance de la France et de la défense de ses intérêts.

Pragmatique et résolu, François Fillon est enfin le seul homme en mesure de rassembler les Français autour de ce dessein et de cette espérance.



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rassemble des chercheurs en relations internationales désireux de promouvoir un aggiornamento réaliste de la politique étrangère de notre pays. Athena veut ainsi rompre résolument avec la doctrine idéaliste, très répandue en France, qui postule l'obsolescence des Etats et tend à relativiser toute souveraineté, au nom d'un certain normativisme moralisateur. Athena s'oppose clairement à l'idéologie néoconservatrice sous tous ses avatars, qui prétend justifier l'ingérence au mépris des souverainetés étatiques et du droit international classique. Athena souhaite promouvoir un vrai retour à la diplomatie. Athena croit que, loin d'exposer les peuples à un quelconque danger, la diplomatie, le dialogue, les négociations, qui permettent de confronter les visions et de favoriser les échanges de toutes natures, sont des instruments de pacification.

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