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Chi va Fario va sano


Eteins la lumière et éclaire-toi à la bougie ! Non, ceci n’est pas la dernière lubie écolo-chic à la mode pour survivre dans une France privée de triple A qui attendrait l’Armageddon nucléaire.

C’est plutôt l’étrange injonction que l’on se fait à soi-même une fois achevée la lecture du très bel article que Baudouin de Bodinat publie dans le numéro d’automne de la revue Fario[1. « Au fond de la couche gazeuse », Fario n°10, automne 2011]. L’auteur de La Vie sur Terre y poursuit sa dissection méticuleuse des malheurs de la société industrielle à travers une critique radicale de la fée électricité. Plutôt qu’une exégèse bavarde, ces lignes méritent d’être citées pour ce qu’elles sont : une splendide poésie du désenchantement moderne que symbolise la toute-puissance immanente de la lumière artificielle.

Lâchez vos interrupteurs et savourez la substantifique moelle de cette ode à la lente obscurité : « L’éclairage électrique en nous désapprenant à voir dans la pénombre, à y être chez nous, dérobe toutes les pensées et sentiments des choses qui auraient trouvé à y prendre forme, à s’y discerner bientôt ; à s’y nuancer et ramifier au-dedans de nous en d’autres impressions et imaginations et souvenir par jeu de correspondances, en phosphorescences si ténues que la lumière artificielle nous les rend invisibles et peut-être inexistantes ; juste en actionnant l’interrupteur ».

Mais ne vous arrêtez pas là ! Car d’Euripide à Rosa Luxemburg en passant par le grand poète franco-libanais Salah Stétié, la dixième livraison de Fario se veut à la fois dense et éclectique. Un seul bémol : la maquette austère de la revue qui, malgré les photographies inspirées de Klavdij Sluban, peut rebuter le chaland trop sensible au maquillage de presse.

A ce détail près, on ne saurait que conseiller cette riche revue héritière de la tradition surréaliste. Contestataire mais jamais alignée, à ne pas manquer !



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