Tyson et Farrakhan, alliés inattendus de Trump


Mike Tyson, 49 ans, musulman, l’un des plus grands boxeurs de tous les temps (au cas où on l’aurait oublié ), défend becs et ongles le candidat républicain (et répugnant pour les Français) Donald Trump. Il le connaît depuis longtemps, l’estime et déclare qu’il ne voit aucun inconvénient à ce que des musulmans hostiles aux États-Unis y soient interdits de séjour. Il juge également ridicule qu’on juge un président sur la couleur de sa peau. L’essentiel est qu’il soit un bon entrepreneur, ce que n’était pas Obama. Et ce que sera, toute sa carrière en témoigne, Donald Trump. Enfin, conclut-il, comment imaginer qu’on puisse vivre – et a fortiori faire de la politique – sans blesser telle ou telle communauté. Bref, avec Mike Tyson, Donald Trump a un allié de poids, même si ces dernières années, depuis qu’il est devenu végétarien, l’ancien sportif a perdu plus de quarante kilos…

Avec Louis Farrakhan, le successeur de Malcolm X, le leader de Nation of islam, la situation n’est pas simple. Après avoir promis l’enfer à ceux qui soutiendraient Donald Trump, il s’est ravisé. On ne sait trop si c’est parce qu’il a découvert qu’une proportion non négligeable de noirs et de non-WASP soutenaient sa candidature, mais il a fait machine arrière. En bref, il a déclaré que Bush et Obama ont réussi ce qu’aucun chef islamique n’était parvenu à accomplir : dresser le monde musulman contre les États-Unis. Il en conclut que laisser entrer les ressortissants de ces pays où la haine de l’Amérique anime la rue, ce serait importer notre propre destruction. Le raisonnement tient, mais il est paradoxal de l’entendre dans la bouche de Louis Farrakhan que l’on a connu mieux inspiré… tout au moins dans sa détestation des blancs.

En revanche, Louis Farrakhan se révèle plus américain qu’il ne l’imaginait quand il défend la candidature de Trump sur un point : sa fortune. Trump qui pèse quatre milliards de dollars ne devrait rien à personne s’il était élu. Voilà, dit-il, un certificat de moralité bien plus crédible que la main sur le cœur du pauvre Obama. Et, comme le pensent de nombreux Américains, il est infiniment plus important pour leur futur président de pouvoir trouver un langage commun avec Poutine et Xi Jinping que d’être sanctifié par le troupeau bêlant des conformistes et des pacifistes.

Enfin, n’oublions jamais, comme le rappelle excellemment Dany Laferrière dans ses Mythologies américaines (éd. Grasset) que l’Amérique n’a qu’une exigence : le succès. À n’importe quel prix. Et de n’importe quelle manière. Le mot « succès » n’a vraiment de sens qu’aux États-Unis. Et qui l’incarne mieux aujourd’hui que Donald Trump ?

* Photo : SIPA.AP21851193_000044



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