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Le coup d’Etat rémanent


Le coup d’Etat rémanent
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Au-delà des interprétations données au coup d’État raté contre Erdogan, en juillet 2016, le côté « vintage » de l’événement était frappant. On croyait ces images de chars dans les rues et d’avions bombardant des bâtiments officiels réservées à une histoire dont seuls les plus de 50 ans gardent dans leur mémoire en noir et blanc le 11 septembre 1973 au Chili ou le 25 avril 1974 au Portugal.[access capability= »lire_inedits »]

Les putschistes turcs avaient-ils lu la Technique du coup d’État de Curzio Malaparte (1931), qui donne une assez bonne définition de la chose après s’être penché sur de nombreux modèles, du 18 brumaire à la prise du palais d’Hiver en passant par la marche sur Rome : « La légitimité d’une dictature consiste en sa violence révolutionnaire : c’est le coup d’État qui lui donne la force de s’établir solidement » ?

Pendant ce même été 2016, Dilma Rousseff a été destituée au Brésil. Elle a déclaré face à ses accusateurs « être victime d’un coup d’État consistant à élire indirectement un gouvernement usurpateur au mépris des 54 millions de Brésiliens qui m’ont réélue en 2014 ». Dilma a-t-elle commis un abus de langage ? Non, si l’on en croit un certain François Mitterrand qui, en 1964, publiait Le Coup d’État permanent contre le de Gaulle de 1958 et sa constitution à sa mesure : « De Gaulle n’envisage pas l’intervention des paras d’un cœur joyeux. Il aime le travail bien fait et l’allure que prend sa restauration l’inquiète. Il redoute d’être débordé, dépassé. Or les nouvelles de Paris sont bonnes. Le gouvernement craque et M. Coty emploie son autorité à émousser les dernières réactions républicaines. Une majorité parlementaire d’abdication se dessine. »

Finalement, de Gaulle a sans doute été pionnier en matière de coup d’État « post-moderne », c’est-à-dire d’un coup d’État qui ne dit plus son nom, qui joue sur d’autres facteurs que « la violence révolutionnaire » pour renverser un pouvoir en place sans élections : opinion, propagande, asphyxie financière. Ainsi Alexis Tsipras, lors de la crise grecque en juillet 2015, a pu parler de coup d’État de la part de l’UE quand il a dû accepter les mesures « austéritaires » malgré un référendum victorieux. Et le Mitterrand de 1964 de commenter par anticipation : « Un dictateur, en effet, n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi. Imaginer qu’un dictateur n’a d’appétit que pour le sang et n’aime que la terreur serait une sottise. » De fait, en Grèce, l’UE a avantageusement remplacé les chars par les banques.[/access]

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