Dans le dernier numéro de Causeur, l’excellent Jeremy Stubbs, dit notre chroniqueur (et nous lui laisserons la responsabilité d’une telle appréciation), publie un papier intitulé « Transition hard » sur la mode actuelle de la sissification : « L’explosion, depuis dix ans, du nombre de personnes, surtout des adolescents voire des préadolescents, qui veulent changer de sexe ou nient avoir un sexe stable », dit-il. Si le phénomène ne concerne en vérité que 1 ou 2% des adolescents, le nombre de consultations est en constante augmentation. Une épidémie ou une contrainte par corps ?
Le sissy, c’est à peu près ce qu’on appelait autrefois (quel affreux autrefois…) une tante : les sites spécialisés, lorsqu’ils traduisent le mot, utilisent d’ailleurs tapette. Un garçon tout empreint de féminité, et qui, quitte à se sentir femme, finit par se lancer dans une « transition » dont le climax est l’ablation du service trois-pièces. Avec la peau des testicules, on peut même se fignoler un pseudo-vagin — sans aucune autre sensation que psychologique. Un traitement hormonal adéquat vous fera pousser des seins, et le tour est joué. Vous êtes fin prêt pour jouer dans des films X « trans », en très forte demande sur la Toile — et générateurs, par effet boomerang, de nouvelles pseudo-vocations.
Irréversible
Le plus marquant, c’est que cette métamorphose, arrivée à un certain stade, est à sens unique. Si vous avez ultérieurement des doutes ou des remords, même si le sexe biologique, chassé par la porte, rentre par la fenêtre, le corps ne repasse pas les plats, et la détransition est semée d’embûches. On se sent alors, après coup, manipulé par l’idéologie trans-wokiste — mais c’est souvent trop tard.
Car on peut faire une détransition sociale. Mais lorsque vous n’avez plus l’appareil génital d’origine, c’est irréversible. Une prise en charge chirurgicale précoce se traduira plus tard par une tragédie.
Idem du côté des filles — sauf qu’il est plus compliqué de faire pousser un arbre que de creuser un trou. Les garçons manqués, comme on disait autrefois (ah, cet autrefois…) aspirent désormais à être des garçons. Quitte à se faire couper les seins, comme les Amazones antiques.
Mais les chromosomes sont obstinés. D’un XY on ne fait pas un XX. Et les essais glauques pour passer de l’un à l’autre, plébiscités par une « communauté » très active qui a tenté de se payer J.K. Rowling qui en rigole encore, témoignent du démantèlement de l’intérieur d’une société en voie de corruption et de décomposition.
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Questionnements de l’âge ingrat
Étrange époque où les homosexuels mâles veulent absolument devenir femmes pour mieux aimer les hommes, et où les lesbiennes cherchent à devenir des garçons, afin de préférer les femmes. Au lieu de se dire : je suis homo / je suis gouine — des identités réelles, globalement admises (encore heureux, elles l’étaient moins autrefois — ah, cet autrefois…), on passe par le corps de l’autre sexe afin de trouver le sien.
Le pire, c’est que ce genre de doutes est fréquent à l’adolescence — mais cela ne signifie pas que l’on est ce que des groupes très actifs sur les réseaux sociaux tentent de vous faire croire que vous êtes. Après une période plus ou moins longue, la tantouze redevient un homme très viril, la transgenre repasse la ligne et finit par faire des bébés. Mais si on vous a habilement suggéré qu’un traitement hormonal bloquera l’arrivée des déterminants ordinaires de sexe, si on vous a enlevé les seins ou les couilles… La sacro-sainte parole de l’enfant, si révérée par nos pédagogues modernes, n’a aucune valeur rationnelle. Ce sont des phénomènes construits. On ne naît pas sissy, on le devient.
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Par quel mécanisme ? Ce n’est pas très compliqué. Il suffit de se renseigner par curiosité sur les moteurs de recherche pour recevoir une propagande insensée. Un matraquage délirant. Prenons le cas (réel) d’un tout jeune homme encore en collège qui aime lire, appartient à une bonne famille où on lui a appris à dire « c’est délicieux » au lieu de dire « Heu… Ouais Super ! », qui joue au tennis plutôt qu’au foot, qui paraît timide parce qu’il est bien élevé, et répugne à traiter les filles de pouffiasses — le trait distinctif auquel on reconnaît les vrais mâles de 13 ans. D’aucuns s’en amusent, parce que c’est très courant. Les copains commencent par le brutaliser un peu, dans les vestiaires des cours de gym, constatent qu’il ne riposte pas volontiers, le traitent de pédé (« Oh la fille ! ») et le harcèlent physiquement et moralement. En direct live, et de façon massive sur les réseaux sociaux.
C’est pour ton bien !
S’il ne se suicide pas rapidement, il finira par se persuader que cette foule unanime a peut-être raison. C’était, on s’en souvient, le thème du film de Claude Miller, La Meilleure façon de marcher, où un Patrick Dewaere plus macho que nature harcelait le jeune Patrick Bouchitey.
Mais ça se passait entre moniteurs de colonie de vacances. Entre mômes, c’est beaucoup plus radical.
Un excellent documentaire de Temps présent (vidéo en fin d’article) résume fort bien les pressions qui s’exercent sur les adolescents, la complicité, active ou passive, des institutions — l’école en particulier, sommée d’utiliser les nouveaux prénoms dégenrés de ces hurluberlus, de respecter les nouvelles identités trans ou non-binaires, de faire fi de la position des parents et d’inviter des associations plus douteuses les unes que les autres — et des médias. Avec un argument imparable : « C’est pour le bien de l’enfant ». C’est que nous vivons dans la dictature de l’immédiateté, sans aucun souci du long terme. Nous voici sommés de répondre aux fantaisies et aux fantasmes de gosses déboussolés par des métamorphoses hormonales, la pression des copains, et, explique Jeremy Stubbs, la prégnance de plus en plus monstrueuse des sites pornographiques qui donnent en exemple des phénomènes ultra-minoritaires, dans la réalité, en faisant croire qu’ils sont communs, et que l’exception est devenue la norme.
Et les groupes wokistes militants enjoignent les éditeurs, les rédacteurs en chef, les administrations, de se débarrasser de tous ceux, accusés de transphobie, qui contestent le droit inaliénable des gosses de se mutiler et de transformer en dépression finale un mal-être passager.
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