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Pas de point Godwin pour Barak


A l’occasion de la fête nationale israélienne qui aura lieu la semaine prochaine, les dirigeants politiques et militaires du pays accordent des longues interviews aux suppléments spéciaux des quotidiens, dans ce pays bizarre où les hebdos n’ont jamais pu se développer. Ehud Barak, le ministre de la Défense, ex-secrétaire général du parti travailliste et ancien chef d’état-major, s’est prêté lui aussi a ce rituel dans les colonnes d’Haaretz et en a profité pour livrer quelques réflexions sur la situation dans la région.

Question : le premier ministre Benyamin Netanyahu a plusieurs fois comparé la course aux armements iranienne au comportement de l’Allemagne nazie pendant les années 1930. Récemment, il a même dit que face à Téhéran, nous sommes aujourd’hui en 1938. Que pensez-vous de cette analogie historique ?

Ehoud Barak : Je n’aime pas la comparaison avec 1938, la situation n’est pas semblable. Si on suivait cette logique, quelle conclusion en tirer ? Rétrospectivement, un Juif allemand en 1938 aurait sans doute dû fuir son pays, or ici, en Israël c’est le contraire ! Je n’ai nullement l’intention de m’en aller d’ici !

Q: Et si l’Iran obtenait la bombe atomique, l’utilisera-t-il contre Israël ?

EB : Non ! Il ne la larguera pas ni sur nous ni sur aucun de nos voisins. En revanche, personne ne sait si on peut faire confiance à des ayatollahs armés des bombes nucléaires. Aussi longtemps qu’ils se sentent en sécurité on peut s’attendre à un comportement rationnel de leur part mais personne ne sait comment les leaders iraniens réagiront si un beau jour, dans leur bunker à Téhéran, ils croient que leurs jours au pouvoir sont comptés. Dans de telles circonstances, pourraient-ils décider d’utiliser l’arme atomique? Je ne pourrai pas répondre avec certitude à cette question.

Il ne faut pas céder à la panique. Même si un jour le Pakistan, en plein effondrement politique, se désintègre et que les Iraniens arrivent à mettre la main sur quatre bombes nucléaires. Et alors ? On se précipite tous vers l’aéroport Ben Gourion ? On ferme l’Etat d’Israël tout simplement parce que Téhéran a trouvé un raccourci dans sa course à l’arme atomique ? Absolument pas ! Même dans des telles circonstances Israël restera la puissance militaire la plus importante de la région.
Quant à l’avenir du régime des ayatollahs, le ministre israélien de la Défense estime qu’il finira par tomber. « Nous assistons aujourd’hui au début de la fin des dictatures arabes et celle de l’Iran suivra ».

Et puisqu’il s’agit d’une interview dans un contexte plutôt festif, Ehud Barak ne se prive pas – et ne prive pas les lecteurs non plus – d’une petite vacherie à l’encontre du président, l’inoxydable Shimon Peres. A propos de l’idée de ce dernier de laisser, dans le cadre d’un accord de paix, certaines colonies dans le territoire de l’Etat palestinien, Barak ne mâche pas ses mots : « Il a déjà commencé à réfléchir sur la possibilité qu’une partie des implantations restent. Pourquoi? Parce que ce serait une idée brillante ? Non, parce que c’est Peres, et qu’il lui paraît en ce moment que c’est ce qui l’aide à naviguer dans le besoin de toujours surfer sur la vague. Ce n’est pas réaliste. »



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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