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Parlons France, parlons franc !


Parlons France, parlons franc !

Chers amis causeurs, à la relecture des commentaires de mon article sur les pratiques de la police, je suis impressionné par la vigueur du débat et par la force avec laquelle certains se sont exprimés.

Au risque de pratiquer une discrimination dont je ne suis pas coutumier, je veux exprimer mon admiration aux internautes enfants d’immigrés, à ceux que l’histoire familiale a un jadis déposé sur nos rivages, à ceux dont les parents ou les grands-parents, un jour vu, ont vu chez nous de la lumière et sont entrés.

À travers vos réactions, s’exprime une grande sensibilité à l’injustice, une volonté farouche de ne pas transiger sur les principes de liberté, d’égalité et de fraternité qui fondent notre République et une grande détermination à dénoncer les entorses faites aux droits de l’homme et du citoyen. Nous savons maintenant que si les libertés individuelles sont foulées au pied, balayées de la main ou même repoussées d’une pichenette, nous pouvons compter sur vos protestations et cela vous honore.

Les lois et les pratiques dans notre pays sont loin d’être parfaites et nous aurons toujours besoin d’avis éclairés sur ces questions mais je me demande si les injustices commises par les autorités en France, et je sais qu’il y en a, sont à la hauteur de votre grande capacité d’indignation. Quand par temps clair nous parvenons à distinguer les coutumes policières en usage de l’autre coté de la Méditerranée, je ne peux m’empêcher de penser aux grands défenseurs des opprimés que vous auriez fait là-bas.

Ces pays au nord et au sud du Sahara où si, lors d’un contrôle routier, vous ne glissez pas un billet en tendant votre permis de conduire, vous pouvez passer trois heures sur le bord de la route avant que l’agent ne parvienne à lire votre nom. Ces postes-frontières où, si vous négligez la coutume des frais de douane de la main à la main, les formalités peuvent durer trois jours quand vous êtes blanc dans une voiture, rarement si vous êtes d’une autre couleur sur un bourricot. Dans ces contrées qui vous font chaud au cœur, quels serviteurs de la justice et quels pourfendeurs des discriminations vous auriez pu faire !

Vous n’auriez sans doute pas eu à y dénoncer le délit d’outrage car je ne pense pas que les lois en vigueur aient prévu d’alourdir le dispositif judiciaire de procédures aussi compliquées là où le coup de bâton est si efficace pour réprimer l’insulte adressée à un policier, mais vous auriez été héroïque dans les manifestations offrant vos poitrines aux tirs à balles réelles.

Sensibles aux dérives d’un Etat policier, quels combattants du droit vous feriez aujourd’hui en Iran ! Dénonçant sans relâche un régime où les citoyennes sont des citoyens de seconde zone, vous pourriez y exercer vos talents contestataires. Quand la répression actuelle assassine ou emprisonne sans que les rues de nos villes soient envahies par des musulmans en colère, vos voix manquent là-bas pour défendre les libertés en danger. Vous auriez été les premiers à dénoncer les bourreaux de ces jeunes filles, condamnées à mort et exécutées, non sans avoir été violées par leurs geôliers après un simulacre de mariage parce que l’islam interdit la peine de mort pour les femmes sans époux.

Partout dans le monde où vos cultures d’origine sont à l’honneur, les exemples ne manquent pas d’exactions, corruptions, extorsions, séquestrations, stigmatisations, discriminations, humiliations, aliénations et spoliations. Et le destin a voulu que votre détermination à dénoncer les atteintes aux droits et aux libertés s’exerçât dans notre pays. Vous nous en voyez honorés et, à n’en pas douter, c’est une chance pour la France de compter parmi les Français des citoyens si attachés à son histoire humaniste et à ses valeurs.

La France de Zola, celle qui accuse et se dresse contre l’injustice, peut être fière de ses enfants adoptifs et reconnaissante envers tous ceux qui la rappellent sans relâche à son devoir d’exemplarité, ces belles âmes que l’intransigeance caractérise, ces hommes et ces femmes venus d’ailleurs qui lui permettent, par leurs critiques sévères mais justes, de rester elle-même, terre de liberté, d’égalité et de fraternité, terre d’asile pour tous les opprimés – bref la France éternelle que nous aimons.



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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