Accueil Brèves Notre pain quotidien (10)

Notre pain quotidien (10)


Gandhi en goguette. Nos confrères du Point ont eu la riche idée de nous donner enfin des nouvelles de François Bayrou. Mais si, souvenez-vous, l’éleveur de chevaux au parti centriste orange pâle, qui avait tout de même réuni plus de 18% d’électeurs sur son nom au premier tour de l’élection présidentielle de 2007. L’hebdomadaire nous décrit un voyage du gentleman-farmer béarnais « en immersion » en Inde, et plus précisément à Dharavi, un bidonville près de Bombay. Le décor est planté : « Mains jointes, tête baissée, il fait le salut indien. Se déchausse. Pénètre dans la pièce et va s’asseoir en tailleur au milieu d’un parterre de saris multicolores. » Bayrou – cherchant à se donner une posture internationale – se métamorphose progressivement en Gandhi, sous les yeux ébahis de la journaliste du Point. Il rencontre la population, les businessmen, parle culture, quand soudain, c’est le drame : « Bayrou n’est pas Gandhi. Contrairement au penseur hindou, le leader du MoDem, même en déplacement, consulte les dépêches sur Internet trois fois par jour. ‘MAM va sauter !’ lance t-il à Marielle de Sarnez, devant le Taj Mahal Palace » De retour à Paris Bayrou serait devenu – tenez-vous bien – un homme « dopé à l’énergie indienne » et « sûr de son destin ». Les récents sondages Harris le créditent seulement de 6 à 8% d’intentions de votes au premier tour… Vivement la présidentielle de 2017, et même l’après-presidentielle ; qu’il parte se ressourcer en « immersion médiatique » dans une contrée encore plus lointaine : la Mongolie ? La Papouasie ? L’Île de la Tortue ? Et… qu’il y reste ?

Arsenic et vieilles dentelles. Avocat n’est pas un métier facile, à la différence de pilote de chasse ou cardiologue. Il n’est pas aisé de forger des stratégies de défense visant à toucher les petits cœurs tendres des magistrats (syndiqués ou non)… Il faut justifier tel vol à main armée par une « situation personnelle inextricable », il faut expliquer telle agression par une « enfance difficile », éventuellement mâtinée de problèmes psychiatriques, etc. Bref, avocat, c’est un vrai métier. Un exemple de cette maestria nous est donné dans le contexte du procès d’un homme de 52 ans qui a tenté de tuer sa femme, riche viticultrice de la région de Chablis, en l’empoisonnant durant près d’un an avec de l’arsenic. La défense expliquera glorieusement, nous apprend la presse « qu’il ne voulait pas la tuer, mais qu’il aurait fait ce geste par amour parce qu’elle travaillait trop et ne prenait pas assez soin d’elle. Il voulait, en la rendant malade, l’avoir auprès de lui. » Bien tenté. Moralité : l’empoisonneur débile a été condamné à cinq ans de prison, dont deux fermes. Et le Parquet a fait appel… Il ne lui reste plus qu’à tenter de s’empoisonner lui-même avec la nourriture servie en prison.

Femme de gauche. La jeune chanteuse Camélia Jordana (« révélée » – le mot est de Télé 7 Jours ! – par l’émission « La Nouvelle Star » de M6) déclare crânement dans l’émission « Sept à huit » de TF 1 qu’elle souhaite voir advenir en France un… « gouvernement de gauche ». Bang ! La jeune-femme, qui nous exhorte au passage de ne pas nous « pignoler » (le mot est d’elle…) sur la Burqa, estime qu’ « on est dans une espèce de société débile où il ne se passe que des choses débiles. » Un si bel engagement fait plaisir à voir ! Une si belle conscience citoyenne fait plaisir à entendre ! Ah, qu’il est dommage qu’à la place de la maigre soupe musicale markétée qu’elle tente de nous vendre habituellement, la demoiselle n’ait pas décidé de faire de vraies chansons avec ses ardents refus. On aurait peut-être vu advenir une nouvelle nouvelle chanson française…



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent « Lutter politiquement contre les paniques morales »
Article suivant Nucléaire iranien : les Mollahs ne mollissent pas
Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération