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Nous, musulmans, sommes les victimes de toutes et tous

Et "vous", nos agresseurs universels


Nous, musulmans, sommes les victimes de toutes et tous
Manifestation à Lahore au Pakistan après l'attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande, 16 mars 2019. ©K.M. Chaudary/AP/SIPA / AP22313984_000001

Un mème en anglais diffusé sur les réseaux sociaux a été largement repris, notamment par des Français, après l’attentat anti-musulmans de Christchurch. Il vise à faire de tous les musulmans des victimes universelles. 


Il n’y a pas de malheur parfait : l’opinion mondiale n’avait pas fini d’honorer les civils massacrés, enfants compris, à Christchurch qu’un second acte abject débutait aussitôt. En France, certains utilisaient la tragédie pour régler leurs comptes et menacer les « islamophobes » sur un mode à peine moins hystérique que le dictateur Erdogan.

Après le sempiternel « toutes les religions ont leurs extrémistes », tombé en désuétude à force de ridicule, nos islamo-gauchistes tenaient enfin la preuve que le terrorisme était le problème de toutes les religions. Que l’assassin Australien fut plutôt païen (et non chrétien) n’était qu’un détail : l’occasion était trop belle de proclamer une égalité dans la violence qui dispenserait de penser la somme inouïe de haine qui ronge le monde musulman et envenime ses relations avec toutes les autres civilisations (et non avec le seul Occident).

Debout les damnés de la Terre…

À cette occasion, le « mème » suivant est devenu viral sur les réseaux sociaux : il énumère les religions qui martyrisent les musulmans. En résumé : la Terre entière.

Propagé par des activistes musulmans, il a été repris par nombre d’Occidentaux « solidaires ». Pour l’édification des naïfs, peut-être n’est-il pas inutile de l’analyser en détail.

Notons, pour commencer, que depuis 2001 l’écrasante majorité des milliers d’attentats perpétrés dans le monde l’ont été par des islamistes – contre, à ce jour, quatre par des « Occidentaux » (Norvège, Grande-Bretagne, Canada, Nouvelle-Zélande). Mais notre récapitulatif victimaire ne tient aucun compte de cette réalité : ce qui importe ici est de faire des musulmans les victimes de la haine universelle. Voyons.

« ISIS kill me in Syria & Irak » (sic)

Selon la loi dite de Goebbels (plus c’est gros, plus ça passe !), on apprend ainsi que l’État islamique, loin d’avoir chassé, esclavagisé ou exterminé chrétiens et yézidis (sans évoquer les athées ou les gays) sur son territoire, serait en fait une entité dont la seule finalité était de persécuter les musulmans.

« Jews kill me in Palestine »

Ceux qui ont repris à leur compte ce montage ont donc mangé le morceau : on ne parle plus d’Israéliens, mais bel et bien de juifs. Que depuis 1948, 80 % des Palestiniens tués dans des combats l’aient été par d’autres musulmans (du Liban à la Jordanie ou à Gaza) n’a évidemment aucune importance.

« Hindus Kill me in Kashmir »

On atteint là le summum de l’obscénité – et on comprend le torrent de réactions d’internautes indiens. L’Inde a été pendant des siècles une colonie musulmane, et on ne peut bercer les anciens colonisés hindous avec la chansonnette d’une coexistence à l’Andalouse : les historiens, musulmans compris, estiment à plusieurs dizaines de millions de victimes le bilan de la domination musulmane sur le sous-continent. Et que dire des innombrables attentats, dont ceux de Bombay en 2008, destinés à châtier la colonie perdue ?

« Buddhists kill me in Burma »

Il y a là un fait incontestable : une minorité musulmane, les Rohingyas, est persécutée en Birmanie. Mais comment faire abstraction du climat de terreur confessionnelle que les islamistes ont répandu dans tout le Sud-Est asiatique, de la douce Thaïlande aux tranquilles Philippines, ou encore du génocide des mécréants du Timor ?

« Christians Kill me in Afghan & Africa » (sic)

Là encore, on demeure bouche bée. En Afghanistan, ce sont les chrétiens minoritaires qui vivent dans la terreur. Quant à l’Afrique subsaharienne, c’est précisément le lieu où le plus de fidèles du Christ sont massacrés chaque année, la palme revenant au Nigeria de Boko Haram. Et c’est en Afrique encore, et toujours, de la Mauritanie esclavagiste aux marchés aux esclaves de Libye, que l’islam rappelle aux Noirs quelle est la place que leur assignent les vrais croyants.

Alors, bien sûr, on pourrait sourire amèrement du succès, y compris chez nous, d’un tel argumentaire victimaire – et passer à autre chose. Comme d’habitude. Le problème est qu’il y a là une nouvelle preuve de l’incapacité absolue de la civilisation musulmane à prendre en compte d’autres souffrances que les siennes (ce qui n’est pas propice à l’apaisement…). Mais il y a beaucoup plus alarmant : ce discours victimaire ressemble à un élan pris pour tuer encore et encore. Parce que des victimes universelles, n’est-ce pas, ont le droit, sinon le devoir, de se venger.



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