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Muray par Muray, mais Muray pour tous


Muray par Muray, mais Muray pour tous
Philippe Muray
Philippe Muray

« Il est devenu courant, maintenant, de parler à la place des morts ; et, quand ils sont écrivains, de corriger leurs œuvres de manière posthume afin de les rendre conformes à notre catéchisme. » (Après l’Histoire II, 1999). Je tiens donc à assurer les lecteurs que le texte fourni à Causeur (donc, celui que vous avez sous les yeux) est strictement le même que celui que j’ai reçu de l’écrivain en 2003.

À tous ceux à qui Muray manque, je dois des explications. D’où vient donc ce texte sorti de nulle part ? Au début des années 2000, j’avais créé un « webzine de débats et d’opinions », une sorte de Causeur avant l’heure, avec certes moins de moyens et moins de talents !

En 2003, honte à moi, je ne connais pas du tout Philippe Muray. Je le trouve cependant cité ici et là dans quelques ouvrages et textes, dont un éloge appuyé de Houellebecq. Curieux, je fais rapidement l’acquisition des Exorcismes spirituels III. Je découvre, avec un a priori favorable et la curiosité polie du novice, une prose complexe mais surtout une œuvre dense, dont je sens qu’il me manque certaines clés. De plus, entre Houellebecq, Dantec ou Finkielkraut, ce Muray me paraît, parce que moins connu de moi, plus accessible pour un entretien à paraître dans ma feuille de chou électronique.

[access capability= »lire_inedits »]Sans trop y croire, je contacte les Belles Lettres. Je ne sais plus quelle raison on m’avance pour que cet entretien se fasse non par téléphone, ni de visu, mais par échange de courriel. Je n’y vois pas d’inconvénient. Je crois me souvenir que l’éditeur voulait garder une trace écrite des échanges à fin de publication ultérieure, peut-être dans un Exorcismes IV. Mais personne ne me réclamera le fichier pour une quelconque anthologie ultérieure.
Je pose donc une série de questions simples, celles de quelqu’un qui n’a pratiquement rien lu de l’auteur et réclame paresseusement un « résumé » de ses thèses. Philippe Muray aurait pu légitimement m’envoyer balader : il ne me connaît pas, ma publication est confidentielle et toutes les réponses, pratiquement, figuraient déjà dans Après l’Histoire !

Mais Philippe Muray me répond. Il m’envoie, quelques jours plus tard, les longues réponses qui sont publiées ici. Au lieu de le relancer, de rebondir sur ses réponses, car je trouve déjà le texte trop long pour le Web, je le remercie pour cet envoi et basta.

À la relecture, je ne regrette pas de n’avoir pas « instauré de dialogue ». Il est vrai que les réponses de Muray, limpides, précises, denses, directes, fouillées, n’appellent pas de relance, ou alors dans des échanges sans fin. Sa plume est reconnaissable, saisissante et implacable. Résultat : cet entretien n’entre pas dans la catégorie du débat, mais dans celle du cours magistral. L’explication de texte d’un écrivain exigeant mais accessible qui consent à livrer à un jeune blogueur inculte mais bien disposé sa puissante vision du monde et de l’époque. L’exposé des motifs, répété, peut-être pour la énième fois, par un essayiste infatigable et généreux à un quidam curieux. Muray par Muray, mais Muray pour tous.

Sept ans plus tard, je pensais ce texte perdu au gré des changements d’ordinateur et des crashes de disque dur. C’est avec bonheur et nostalgie que j’en ai, au début de l’été, retrouvé le fichier original. À quel autre média que Causeur pouvais-je offrir ces paroles retrouvées d’un des esprits les plus libres de notre temps ?[/access]

Septembre 2010 · N° 27

Article extrait du Magazine Causeur



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