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Laurent Fabius, Florentin sans emploi


Les temps que nous vivons sont cruels. Ils favorisent les seconds rôles replets ou les énervés revanchards. Vous avez aimé Nicolas ? Vous adorerez DSK. Ce dernier, plus éloigné qu’absent, représenté à Paris par les plus roués des apparatchiks socialistes, laisse à des sondages flatteurs le soin de lui fabriquer un personnage. Quand il s’installera à l’Élysée, rien ne changera, à l’exception des silhouettes du président et de la première dame, beaucoup moins fluettes que celles de leurs prédécesseurs.
Les deux meilleurs de la classe politique, ceux qui dominent tous les autres par leur intelligence et leur culture, ces deux-là, quand ils disparaîtront prématurément de la scène, auront sans doute en commun une profonde mélancolie. Alain Juppé cèdera-t-il enfin à la tentation de Venise ? Et Laurent Fabius, abandonnant celle de Florence, donnera-t-il des conférences sur l’art et le mobilier français des XVIIIe et XIX siècles?

Quoi qu’il en soit, ce dernier, en signant un livre[1. Laurent Fabius, Le cabinet des douze, regards sur des tableaux qui font la France, Gallimard] dans lequel il manifeste une brillante admiration pour douze peintres français, accomplit un coup d’éclat. Cet homme compliqué plus encore que complexe, trop longtemps serviteur de son maître, calculateur et malhabile, gouverné par des émotions au moins égales à sa raison, ami fidèle, haï par les siens, détesté par les autres, moqué quelques fois, ridicule aussi, cruel toujours, merveilleusement servi par le sort et la nature, desservi par lui-même, n’aura démontré, qu’une ruse vaine alors qu’il possédait le don de convaincre et de partager. Quand il parle d’art, il parle d’or : son discours est d’un fin connaisseur, d’un admirateur sincère et compétent. Nous y reviendrons.

Pour l’heure, nous trouvons piquant cet autoportrait biaisé, dans l’entretien qu’il a accordé au Point : «[Gustave Caillebotte] avait tout contre lui. Pensez-donc : bourgeois, mécène envers ses amis impressionnistes, sportif, rendant service à chacun. Et, en plus, un talent extraordinaire ! Comment voulez-vous plaire dans ces conditions ?»



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Né à Paris, il n’est pas pressé d’y mourir, mais se livre tout de même à des repérages dans les cimetières (sa préférence va à Charonne). Feint souvent de comprendre, mais n’en tire aucune conclusion. Par ailleurs éditeur-paquageur, traducteur, auteur, amateur, élémenteur.

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