Municipales : UMP et FN qui rient, PS dans le déni


Municipales : UMP et FN qui rient, PS dans le déni

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« Comment pouvez-vous nier à ce point avoir été sanctionnés ? » lance un Henri Guaino ahuri par la mauvaise foi de Najat Vallaud-Belkacem sur le plateau de France 2. Invitée hier soir à commenter les piètres résultats du Parti socialiste au premier tour des municipales, la porte-parole du gouvernement s’enfonce dans le déni. Avec la hargne du représentant de commerce obligé de mettre un pied dans la porte pour vendre sa camelote hors d’âge, NVB distille ses éléments de langage préfabriqués. Le socialisme municipal ? Unanimement plébiscité, quoi qu’en disent les urnes. La percée du Front national ?  Si Fréjus, Perpignan, Forbach, Béziers pourraient bien revenir au Rassemblement Bleu Marine, la responsabilité en incombe à ceux qui ont « banalisé » les idées frontistes, de Sarkozy à  Jean-François Copé. Par la faute de ces apprentis-sorciers, les futurs maires FN, comme Steeve Briois s’apprête certainement à le faire à Hénin-Beaumont, « obligeront les enfants à manger du jambon à la cantine » et « abonneront les bibliothèques municipales à Minute » (vous savez, cet hebdo très rentre-dedans qui traite le parti mariniste de cage aux folles et avait appelé à voter Sarkozy à la dernière présidentielle…).

Preuve de la collusion des droites, renchérit la Pythie hollandiste, le refus de l’UMP de vouloir se plier à la discipline au « front républicain » alors que le Parti socialiste, par la voix de Jean-Marc Ayrault, s’est engagé à retirer ses candidats arrivés troisièmes des triangulaires, au profit de leurs rivaux UMPistes. En attendant d’organiser des futurs grands procès publics pour blanchisserie et décontamination des thèmes lepénistes, les gardes roses de la rue de Solférino auront toutes les peines du monde à appliquer leurs préceptes républicains à Marseille, où Patrick Menucci finit relégué en troisième position, à quinze points de Jean-Claude Gaudin, dans la roue du candidat frontiste…

Malgré toutes ses dénégations, Najat Vallaud-Belkacem n’a pu effacer la dure réalité des chiffres qui, comme le disait un révolutionnaire barbichu, sont sacrément têtus. En traitant les électeurs, singulièrement ceux du FN, comme des petits enfants malades qui ne savent pas ce qu’ils font mais rentreront sagement dans leurs casernes une fois leur petit caprice assouvi, les représentants de la majorité se consolent de leur échec cinglant. Le record d’abstention – 39.5% au baromètre – en dit sans doute beaucoup plus sur la lassitude de l’électorat que les résultats des grandes villes boboïsées. Car peu de choses bougent dans les principales agglomérations acquises à la gauche : Paris promet une victoire sans éclat à Anne Hidalgo, Nantes restera socialiste[1. Malgré le discours lénifiant de Jean-Marc Ayrault métamorphosé en Brejnev dyslexique…] tandis que Gérard Collomb et Martine Aubry, bousculés sur leurs terres, devraient remporter leur duel au second tour. Seules Toulouse et Strasbourg, tombées dans l’escarcelle du PS en 2008, pourraient rebasculer du côté obscur de la force. Dans nombre de villes moyennes, les socialistes finissent pulvérisés façon puzzle, comme à Grenoble, Niort ou Limoges, moyennant quelques bris de porcelaine.

Une fois n’est pas coutume, Rama Yade a bien résumé la situation : les soirées électorales se suivent et se ressemblent depuis une dizaine d’années. Malgré mon jeune âge, je me souviens de la razzia socialiste sur Paris et Lyon en 2001, deux grosses prises qui avaient occulté la Berezina nationale de la gauche plurielle, un an avant le 21 avril. Même sanction en 2008 pour la droite sarkozyste, ne sauvant que Bordeaux et Nice, deux fiefs de l’UMP décidément indéracinables. À chaque fois, les vaincus nous expliquent doctement qu’il s’agit d’élections locales à enjeux locaux et n’acceptent comme seule leçon nationale que la poursuite de leur politique. Hier, en dépit de leurs désaccords tactiques, UMP et PS se rejetaient mutuellement la faute des succès frontistes, à l’heureuse exception d’Henri Guaino, dont le diagnostic des quarante ans de paralysie publique devrait être médité au sommet des partis.

Si je récapitule, un gouvernement désavoué, une opposition ragaillardie, un Front national sur les fonts baptismaux : depuis la présidentielle de 2012, comme chantaient les Poppys, non, non rien, rien n’a changé, tout tout a continué

*Photo : Fred LANCELOT/SIPA. 00679824_000068.



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