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Magistrats, policiers et gendarmes sont du bon côté…

Il faut pas que la Justice et les forces de l'ordre doutent d'elles-mêmes


Magistrats, policiers et gendarmes sont du bon côté…
Paris, 23 septembre 2023 © Fiora GARENZI/SIPA

Dans une démocratie comme la France, on a toujours le droit de critiquer ceux qui, tels les magistrats et les forces de l’ordre, sont au service de l’Etat régalien et luttent contre l’insécurité, la délinquance et l’immigration illégale. Mais il ne faudrait pas que ces serviteurs de l’Etat se laissent convaincre par un certain discours de gauche qui les présente comme étant du mauvais côté. Le billet justice de Philippe Bilger.


Les forces régaliennes évoluent dans un environnement difficile qui, chaque jour, les confronte à l’insupportable hiatus entre leur idéal et la réalité. Elles le font toutefois avec la volonté constante d’accomplir, le moins mal possible, leur mission au service de leurs concitoyens. Vouées à cultiver bien davantage l’empirisme courageux d’un Créon que la pureté confortable d’une Antigone.

Ceux qui ont démissionné – magistrats, policiers et gendarmes qui, un jour, lassés, ont jeté l’éponge – « racontent souvent les mêmes histoires, entre lourdeurs administratives, dysfonctionnements et culture du silence » (Le Monde). On peut y ajouter le sentiment, parfois, de n’avoir jamais bénéficié du sort professionnel qu’ils estimaient leur être dû.

Je n’ai jamais été sensible aux discours de ceux qui, insatisfaits de ce qu’ils avaient pourtant choisi, étaient trop souvent conviés par les médias à médire de ce qu’ils avaient quitté. Cette complaisance consistant à dénigrer, avec acrimonie, des services publics et des institutions qu’ils avaient servis m’a fréquemment paru suspecte ; plus encore la naïveté médiatique qui prêtait à ces paroles une autorité qu’elles n’avaient pas, tant elles semblaient n’exprimer, au bout du compte, que le ressentiment ou l’amertume de trajectoires contrariées.

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Dans ces contestations comme dans ces démissions, dans l’inévitable distance entre ce que l’on rêvait d’accomplir et la quotidienneté à laquelle il fallait se confronter, il n’y a rien que de très ordinaire, et cela vaut pour toute fonction, plus encore lorsqu’elle est naturellement investie par la confiance et l’espérance de ses concitoyens.

Ce qui me semble dramatique en revanche, et dangereux pour la démocratie, c’est l’interrogation « que finissent par se poser policiers et gendarmes », auxquels il faut désormais adjoindre les magistrats : « suis-je vraiment du bon côté ? »

Je n’ai jamais compris pourquoi certains magistrats choisissaient ce beau métier, qui exige ordre et équilibre, souci d’autrui et équité, empathie et sens social, alors qu’à l’évidence ils n’étaient absolument pas faits pour lui.

Mais que des personnalités accordées au régalien, conscientes des droits qui étaient les leurs comme des devoirs qui leur incombaient, pleinement adaptées à une société qui réclame prioritairement une lutte efficace contre l’insécurité, la délinquance et l’immigration illégale, puissent être à ce point gangrenées par les discours de la gauche et de l’extrême gauche au point de se croire illégitimes et de douter d’être du bon côté, cela dépasse l’entendement. 

Si une telle pente devait s’accentuer, si elle venait à instiller le poison du soupçon au cœur même de cette fierté républicaine qui distingue sans l’ombre d’une hésitation les lumières et les ombres, la tranquillité et la subversion, les gardiens – au sens large – de la paix et les fauteurs de troubles, nous verrions s’accroître un risque majeur.

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Défi qui, au-delà de l’extrême difficulté sociale, technique et politique des missions régaliennes, constituerait l’épreuve la plus grave lancée au visage de notre nation : que nos protecteurs ne soient plus fiers de leur rôle ; qu’ils en viennent à concevoir qu’ils pourraient, sans se renier, se tenir du côté de leurs adversaires ; que le bon côté ne soit plus celui d’une démocratie capable de se défendre, grâce à eux, sans se renier, mais celui d’une subversion où la destruction l’emporterait sur le sens du bien commun.

À cette angoisse de ne plus se sentir du bon côté, la faiblesse de nos gouvernants n’apporte aucun remède mais au contraire amplifie le mal. Lorsque le bien n’est plus clairement secouru ni défendu, comment s’étonner que ceux qui le servent en viennent à douter ?

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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