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Les vacances célestes de Camélia Jordana

Du comité Adama à la villa Noailles


Les vacances célestes de Camélia Jordana
Camelia Jordana à la manifestation pour Adama Traoré, juin 2020. ARNAUD FINISTRE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Vous avez perdu votre emploi après un un plan social post-corona? Vous êtes coincé en télétravail cet été à rattraper les heures perdues du confinement? Cessez un peu de vous plaindre et songez au dur été de la chanteuse Camélia Jordana…


Dans le cadre de l’émission Le Mag de France-Inter, l’ancienne Nouvelle Star engagée contre les violences policières et le racisme s’est confiée à Var-matin depuis la pelouse de l’emblématique Villa Noailles, sur les hauteurs de la charmante ville d’Hyères: « une maison trop belle, improbable, qui se transformait en l’endroit le plus cool du monde, deux fois dans l’année ».

Villa Noailles

« Trop émue » de chanter dans ce lieu idyllique, où elle venait dans sa jeunesse « voir des groupes hyper « indé » et « inter »(nationaux)  », elle relate sa madeleine de Proust -« l’année des frites, des créateurs belges avaient mis des frites dans les chaussures, partout sur leurs modèles, c’était trop bien »- et se remémore ses années lycée: « avec les copains, on « chillait » au Café italien quand on séchait les cours. On parlait de la vie, on débattait, c’était trop cool ».

En novembre 2018, la chanteuse engagée se lamentait de vivre dans « une société dirigée par des gens vieux, blancs et riches ». Au vu de la photographie, de Var-Matin elle a changé d’avis : bien que sa fraîcheur pâtisse un brin des fortes chaleurs varoises, Camélia semble comme un poisson dans l’eau sur la pelouse de la villa conçue en 1923 par un riche mâle blanc dénommé Robert Mallet-Stevens.

Les cheveux mi-frisés sous un large chapeau de paille, elle est d’une sérénité sans égal baignée du chant des cigales et des fleurs d’Azur. Henri Matisse en aurait sûrement fait un beau tableau. Où est passée la Camélia du Black Lives Matter, celle qui déplorait ces gens « qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau »? Où est passée la rebelle au grand cœur qui assure ne « pas se sentir en sécurité face à un flic » quand sa foisonnante chevelure est frisée?

« J’ai raison de prendre la parole »

Ne vous y trompez-pas, elle n’est point évaporée: « Je n’ai pas peur d’exprimer mes opinions. Je tiens les mêmes propos dans les médias que dans la vie ». Si vous pensez que vous pouvez dire quelque ânerie au bistrot après un verre de trop, restez prudent: « Si au café, j’entends un mec qui dit une horreur, je vais le reprendre », met en garde la fliquette Camélia, toujours disposée à remettre son prochain sur le droit chemin: « Pas pour lui dire qu’il a tort mais pour lui dire : « regarde, tu peux voir les choses autrement »».

Nous aussi, Camélia, nous aimerions que tu profites de ton retour aux sources pour « voir les choses autrement ». Nous aimerions que tu arrêtes de te prendre pour Malcolm X après tes vacances dorées, nous aimerions que tu cesses de t’ériger en porte-parole des banlieues alors que tu as de tes aveux -et il n’y a pas de mal à cela – « grandi dans une belle villa avec piscine », un luxe que les trois quarts des policiers que tu méprises tant n’ont jamais eu. Ce serait « trop cool » de ta part!

En espérant que l’ancienne Nouvelle Star reste confinée dans la chanson et sa carrière d’actrice, vous pouvez la voir actuellement au grand écran dans La Nuit venue: « ça parle d’esclavage contemporain ». Une noble cause cette fois. À ceux qui seraient tentés de l’invectiver sur les réseaux sociaux, méfiez-vous: « ça me donne de la force et ça montre que j’ai raison de prendre la parole », confie-t-elle. Vous voilà prévenus…



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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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