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Lance Armstrong, le yankee-étalon


Lance Armstrong, le yankee-étalon

La lecture de la presse sportive est parfois une épreuve. Depuis l’annonce, pour le moins incroyable, de son retour à la compétition il y a quelques mois, Lance Armstrong s’en prend plein la poire. Pas exactement une surprise. La France de la petite reine n’a jamais pu blairer le champion texan au visage angulaire. Pensez donc, un Yankee qui gagne le Tour de France sept fois de suite en laissant à chaque fois sur place les coureurs bien de chez nous, ce n’est pas supportable. Qu’un Espagnol ou un Belge fasse le fier-à-bras sur les Champs-Élysées avec le maillot jaune, passe encore. C’est la famille. Mais un Américain taiseux, arrogant, capable de semer tout le monde avec le coude à la portière, faut pas pousser Mémé dans les orties !

Au grand dam du journal L’Equipe, la bible des sportifs du dimanche, le « tricheur » est de retour. Armstrong n’a jamais été convaincu de dopage de toute sa carrière, mais peu importe. Caressant l’opinion populaire dans le sens du poil, le quotidien a décrété une bonne fois pour toutes que le sextuple vainqueur du Tour était dopé jusqu’aux yeux. À le lire, on a l’impression que le cycliste made in USA pisse de l’acide chlorhydrique et freine dans l’ascension des cols pour ne pas que ça se voie trop. Armstrong a toujours été chargé, pas possible autrement. Bernard Hinault a gagné le tour cinq fois à l’eau claire, mais pas l’autre con avec son cancer des bollocks.

Pas l’ombre d’une preuve solide derrière ces affirmations répétées depuis des années, mais le message est passé dans toutes les strates de la société française. Un journaliste de presse généraliste n’écrit plus un papier sur Armstrong sans évoquer « l’homme sulfureux », les « doutes qui pèsent sur son palmarès », etc. Tout cela n’est basé sur rien de tangible, mais la déontologie s’arrête là où commence l’esprit cocardier teinté d’un antiaméricanisme aussi crétin qu’hors sujet.

Pas de bol pour lui, Armstrong vient de se péter le bras lors d’une petite course de préparation en Espagne. Il risque de rater le Tour d’Italie. Mais il devrait être présent en juillet sur les routes noires de monde du Tour de France. Des milliers de supporters de Chavanel ou de Contador borderont le tracé, tous plus hostiles les uns que les autres au « dopé ». À force de bourrer le mou aux foules, on risque le dérapage, la boulette, l’attentat stupide perpétré par un débile imbibé au Ricard. Et si, par la faute de L’Equipe, le méchant « tricheur » terminait le tour au fond d’un fossé ?



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Romancier, journaliste, conseiller politique, createur de l'Université du Futur

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