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La SNCF discrimine-t-elle les plus de 25 ans ?


La SNCF discrimine-t-elle les plus de 25 ans ?

La SNCF discrimine-t-elle les plus de 25 ans ?

Au pays de l’égalité suprême où l’homme peut choisir de devenir femme, la femme de devenir homme et un couple homosexuel d’avoir des enfants, on se demande encore quelle égalité on y ira rechercher demain. Depuis trente ans, cet idéal s’est imposé en France par les soins d’une doctrine prodiguée en flot continu au peuple, de l’enfance à la sénilité et probablement bientôt aux macchabées. Société égalitaire hurlaient les hauts parleurs de derrière le rideau de fer, égalité je chéris ton nom susurre à qui veut l’entendre le royaume de France, drapé dans l’infaillibilité lumineuse. Plus une seule appréciation ne se passe du concept d’égalité, plus une seule situation ne s’analyse sans le sceptre justicier de l’égalité. On ne parle même plus d’égalité des individus – vieux concept dépassé – mais d’égalité des couples, des communautés, des genres, des cultures. Plus de différences, que des inégalités. L’égalité est devenue réversibilité et les chercheurs d’inégalités célébrés sur les écrans sont adulés par la bourgeoisie bohème, qui les porte en héros modernes.

Quelques groupuscules, pourtant, résistent à cette formidable vague d’humanité – entendez égalité -, et ourdissent les plus cruelles discriminations, dissimulées par l’ordinaire du train-train quotidien. La SNCF est ainsi dans le collimateur. En généreuse samaritaine, elle annonce sortir une nouvelle carte 12-27 ans. Les jeunes chalands sont sommés d’apprécier ce geste comme une cuvée privilégiée tandis que les plus âgés sont invités à se désespérer des naufrages de la vieillesse, en attendant la carte vermeil. Parmi ceux-là, il en est un qui a décidé de ne pas se taire et qui entend bien mettre un terme à cette torture morale qu’est la fuite du temps. Monsieur Henri Martin ne s’est pas lancé dans la poésie sublimatoire, mais vient, plus pragmatiquement, de mettre en demeure la SNCF de lui délivrer une carte 12-25 ans nonobstant son âge, soutenu par son avocat, Maitre Anguerrand Colombet.

Ces deux-là font grief à la SNCF de ne réserver des réductions tarifaires qu’à une catégorie d’usagers sélectionnés en fonction de leur âge – en fait de réduction, il s’agit de la carte 12-25 ans. Sur la mise en demeure adressée au représentant légal de la SNCF, explique Maître Colombet, « nous avons souligné la prohibition des discriminations fondée sur l’âge dont dispose l’article 225-1 du Code pénal. La discrimination sur l’âge constitue un délit aussi caractérisé qu’une discrimination à raison de l’origine, du sexe, de l’orientation sexuelle ou des opinions politiques. Par analogie, réserver une réduction tarifaire à une catégorie d’usagers sélectionnée selon la race, la couleur de peau ou la religion serait prohibée. C’est pourquoi nous demandons à ce que la carte de réduction 12-25 soit ouverte à tous, sans considération de l’âge » renchérit-il. Et qu’on ne lui oppose pas un quelconque principe d’égalité des chances ou de discrimination positive : « L’âge ne signifie rien. Justin Bieber est milliardaire, à côté il existe des étudiants de 30 ans sans moyens et des ménagères de 70 ans pauvrissimes. La moyenne des revenus des retraités est, d’ailleurs, selon certaines sources, comparable à celle des ménages français moins âgés et qui ne bénéficient, tout aussi injustement pas, des réductions des cartes senior. Une fois de plus l’âge est un critère de discrimination inopérant ».

Maître Colombet souligne encore que la mise en ligne d’offres d’emploi réservée à une catégorie d’âge a disparu, les recruteurs remplaçant le critère de l’âge par l’expérience. « Pourquoi la SNCF maintient-elle une telle discrimination fondée sur l’âge ? La discrimination est d’autant moins fondée, qu’elle n’est motivée que par un opportunisme commercial : la SNCF a sorti, tantôt des cartes 12-25, tantôt des 12-30, sans plus d’explications objectives ».

A défaut d’une réponse positive de la SNCF, Maître Colombet a pour instruction de poursuivre la SCNF devant la justice et faire valoir l’article L.225-2 du Code pénal, lequel punit la discrimination de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elle consiste à refuser la fourniture d’un bien ou d’un service. Et monsieur Henri Martin – un nom de victime idéal- promet de ne pas en rester là. Car la liste des inégalités dont il s’estime victime est longue : les jardins d’enfants interdits aux plus de dix ans, les menus enfants dans les restaurants, les soirées gratuites pour les filles et les soirées réservées uniquement aux homosexuels. En 2018, les élus de la Ville de Paris qui entendent organiser les Gay Games, n’ont qu’à bien ficeler le cadre de la participation, Henri Martin et son Conseil seront au rendez-vous.

Ce dernier croit-il à la noblesse du combat de son client ? « Pas plus que lorsqu’un avocat défend un pédophile à la culpabilité avérée, mais notre métier consiste aussi à pousser le droit dans ses retranchements, et à lui faire prendre la mesure des principes qu’il pose ; ceux qui les enfreignent, eux, n’ont pas d’âge ». CQFD.

*Photo : Enzojz



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