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Sur France Inter, le festival de Cannes sera « Me too » ou ne sera pas !

Le bon cinéma est un cinéma gynéco-équitable


Sur France Inter, le festival de Cannes sera « Me too » ou ne sera pas !
Sonia Devillers sur France Inter, 8 mai 2018. ©Capture d'écran Youtube France Inter

Je me suis levé tôt, un jour férié, pour écouter la matinale de France Inter. J’ai bien fait: deux heures de Cannes et de festival #Metoo. 


Hier, mardi 8 mai, j’ai profité de mon jour férié pour suivre le « 7/9 » de France Inter délocalisé à Cannes. Léa Salamé et Nicolas Demorand étaient présents sur la côte pour le lancement du festival. En ces temps d’austérité macroniste, les autres chroniqueurs sont restés à Paris. Punis ! France Inter tient à sa réputation de grande rigueur budgétaire. Si je suis satisfait de la bonne gestion des deniers octroyés par ma redevance, qu’en est-t-il du contenu ?

Le Figaro se réjouissait la veille que le festival de Cannes entendait « tourner la page Weinstein », après des mois de « balançage » de porcs à tous les étages ! Hélas, du côté de France Inter, on ne compte pas encore abandonner le sujet… Les questions sur le genre et les débats qui l’entourent sont une source inépuisable de chroniques enfiévrées et de pastilles humoristiques plus ou moins réussies.

Pendant deux heures, le petit monde très « glamour » de la Croisette va prêter main forte à France Inter dans son noble combat en faveur de la cause féminine.

7h24 : Vanessa Paradis en femme forte et dominatrice 

La journaliste Eva Bettan s’est rendue en studio pour assister aux dernières retouches du « sulfureux » film de Yann Gonzalez, Un couteau dans le cœur, qui participe à la compétition. Depuis la salle de montage, le réalisateur en est arrivé aux « finitions ». « C’est le pied intégral ! », se félicite-t-il. Dans son film, la star Vanessa Paradis porte un « personnage de femme forte et dominatrice », en incarnant Anne, une lesbienne productrice de films pornos gays dans les années 1970. On a hâte de voir ça !

7h50 : Cate Blanchett remplace l’invité politique

Léa Salamé est fière de son coup. Pour son interview, elle a recueilli « en exclusivité » les réponses de Cate Blanchett. La présidente du jury de ce 71e festival est ravie du rôle majeur qui lui a été attribué par cet évènement « engagé ». « Etre la porte-voix des femmes, cela vous plait ? », demande Salamé. On s’en doute, la réponse est oui. Léa Salamé rappelle que « le nom de Harvey Weinstein va planer » pendant toute la durée du festival. Brrrr Léa arrêtez de nous faire peur !

D’ailleurs, Cate Blanchett a accepté la présidence à une condition : qu’il y ait parité dans le jury. On est une actrice « engagée », ou on ne l’est pas.

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A entendre Léa Salamé, insistante, le monde ne sera plus jamais comme avant la révélation des pratiques du producteur Weinstein. Si Me Too a eu un impact mondial phénoménal (pas 1789, mais quasiment), Cate Blanchett observe toutefois des disparités régionales : « On a l’impression, notamment à cause d’Internet, que nous partageons la même culture et que toutes nos langues sont identiques. Comme dans le mouvement #MeToo, ça se manifeste de différentes façons selon les cultures. Il faut respecter les nuances, c’est extrêmement important ». Petite concession faite au #MeToo vécu en Arabie Saoudite, en Inde ou en Iran, j’imagine.

8h20 : Balance ton Frémaux

Après les actualités de 8 heures, j’espérais en avoir terminé avec ce prêchi-prêcha inclusif.

C’était sans compter sur « le Grand Entretien » qui recevait Thierry Frémaux, le délégué général du festival. Par souci de parité, France Inter avait également convié au micro Alexandra Henochsberg, une distributrice de films. D’entrée de jeu, le présentateur Nicolas Demorand va remonter les bretelles de Thierry Frémaux. Avec seulement 3 réalisatrices sur 21 films en compétition, cela ne va pas du tout ! Le matinalier de France Inter lâche le mot de statistique « insupportable ». La « supériorité masculine » des réalisateurs l’est elle aussi. « Elle ne l’est pas qu’à Cannes, elle l’est en général », se défend le malheureux Frémaux.

Ce dernier est assailli de questions : l’affaire Weinstein va-t-elle peser sur le palmarès ? Ne peut-on pas mettre un peu de « discrimination positive » dans le cinéma ? Des « quotas » de femmes réalisatrices, y avez-vous réfléchi ?

Ouf, Frémaux est favorable aux quotas de femmes ! Notons avec intérêt qu’ils sont pour les quotas et « en même temps pour le mérite ». Léa Salamé croit un instant déceler une contradiction, mais ne creusera pas davantage la question. L’important était de s’assurer que Cannes était bien « Me too ». Quand même, le monde regarde la France.

8h45,  Asko lit Ronan Farrow

A 8h45 dans sa revue de presse, ce « suiveur » de Claude Askolovitch appellera les auditeurs à découvrir le dernier article de Ronan Farrow dans le New Yorker. Il relate la chute du procureur de New York Eric Schneiderman, accusé de violences sexuelles. On doit lire l’article, lequel a fait tomber le procureur en 3 heures. « Voilà la puissance du journalisme », se réjouit le même. Comme dirait Ingrid Riocreux, fermez les tribunaux, Asko et ses potos font le boulot !

A 8h54, la décrypteuse des médias Sonia Devillers en ajoute une couche en portant à notre attention une étude révélant que seulement 16% des éditos du journal suisse Le Temps sont signés par des femmes et que d’ailleurs seulement le tiers des photos du journal représente des membres du sexe oppressé. Un scandale à vous rendre helvétophobe le plus gauchiste des auditeurs !

A 9h10, enfin, Augustin Trapenard apportera sa pierre à l’édifice en interviewant l’actrice Penelope Cruz. Question originale : que lui inspire le peu de réalisatrices présentes à Cannes ? C’est reparti pour un tour ! La belle Espagnole s’en tire en bredouillant un truc du genre : « C’est un problème très vaste dont l’affaire Weinstein a fait prendre conscience ». On avait compris, oui.

Néoféminisme. France Inter. Pléonasme ?



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