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Epice and love


Dans l’excellent blog Drogues news qu’il tient sur le site des Inrocks, Arnaud Aubron nous apprend tout sur la dernière substance hallucinogène qui fait fureur aux USA « Jusqu’où les jeunes Américains sont-ils prêts à aller pour se droguer? Au moins jusque dans la cuisine de maman ». Et oui, le produit en question est en vente partout, puisqu’il s’agit de la noix de muscade. D’après l’auteur, le sujet a déjà fait l’objet de reportages alarmistes sur CNN et ABC, et une vague de panique est en train de déferler sur les moms conscientisées, et il n’est pas certain que les statistiques publiées par Slate « Au cours de l’année écoulée, 67 appels pour intoxication à la noix de muscade ont été adressés au centre américain anti-poison, contre 5000 pour la marijuana » suffisent à calmer la psychose.

Toujours est-il que ce papier m’a remémoré quelques bribes oubliées (disons, plus vraisemblablement, refoulées) de jeunesse : on a la madeleine qu’on peut. Et puisque j’ai déjà bassiné avec mes souvenirs de rebelle chevelu de troisième les lecteurs du blog d’Arnaud, il n’y a pas de raison que ceux de Causeur y échappent

Ils remontent aux premières grandes années du shit dans les collèges de banlieue, circa 1972-1973. Tant pis pour le lustre de mon CV, je n’en fut pas un protagoniste actif, mais seulement un témoin, étant pour ma part plutôt adepte de ce qu’on appelait pas encore le binge drinking (Ricqlès à 80°, ou bien alcool pharmaceutique légèrement aromatisé au jus d’orange de la cantine, ou encore rhum Négrita les jours de fête, genre concert de Lou Reed au Palais des Sports…).

Bref à l’époque, le shit était rare et cher, il n’y avait que très rarement de dealers attitrés dans les établissement scolaires et les adeptes de la barette revenaient souvent bredouilles de leurs expéditions rue de la Huchette (sans parler des fois où ils s’étaient fait refiler de la halva ou du henné sous papier alu). Quand la disette se prolongeait, toute la classe (enfin tous les mecs cools de la classe ou du « Foyer socio-éducatif ») étaient mis à contribution pour collecter dans les cuisines de leurs mamans les fameuses noix de muscades au profit de leurs potes sevrés malgré eux.

Si ma mémoire est bonne, ladite muscade était ensuite râpée à raison de trois noix pour un verre de lait sucré. D’après les consommateurs, ça ne valait pas un bon shilum (les plus jeunes rechercheront le mot dans google) mais c’était mieux que rien…

En revanche, pour l’avoir essayé moi-même, je peux certifier qu’arracher les fils des peaux de bananes, les faire sécher et les fumer ensuite est une perte de temps absolue. Remarquez, à cette époque, du temps, on en avait…



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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