Causeur n°16 : la rentrée de tous les djihads?


Causeur n°16 : la rentrée de tous les djihads?

Il fixe l’objectif d’un air déterminé. L’œil perçant, le jeune homme cagoulé ajuste son fusil-mitrailleur et vise un point dans le vide. Telle est la « une » du nouveau numéro de Causeur, barrée du titre « L’été de tous les djihads. Gaza-Mossoul-Sarcelles ». Comme le résume Elisabeth Lévy, « ce charmant garçon est peut-être un barbare, mais c’est notre barbare » puisque ce cher Al-Britanny est l’une des recrues londoniennes de l’Etat islamique au Levant et en Irak, qui sait jouer du selfie comme de la kalach. Quoi de mieux pour illustrer la mondialisation du jihadisme, qui touche tous les enfants de l’Occident, immigrés ou blondinets ? « Gaza-Sarcelles-Mossoul : nul ne prétendra, bien sûr, que les trois situations évoquées ici sont identiques (…) Il n’empêche : à Gaza, comme à Paris et en Irak, on a vu flotter le drapeau de l’Etat islamique et entendu la même rhétorique de haine contre les juifs et les infidèles », déplore notre directrice de la rédaction, dans son introduction au dossier central.

Au soir d’un été pluvieux, notre cheftaine  a eu la brillante idée de réunir ses amis Alain Finkielkraut et Rony Brauman en pleine opération militaire israélienne à Gaza. La Discorde 2 ? Souvenez-vous, il y a une dizaine d’années, les mêmes  publiaient La Discorde. Israël-Palestine, les Juifs, la France. Huit ans plus tard, ils reprennent leur dialogue interrompu au lendemain de la guerre du Liban en s’affligeant des bégaiements de l’histoire. Rien ou presque n’a progressé dans le conflit israélo-arabe, sinon au profit du Hamas et des irréductibles de chaque camp. Petite mise en bouche : à Rony Brauman soutenant que « les roquettes (…) ne font en rien avancer les droits des Palestiniens, et suscitent au contraire une réprobation violente. Bref, on ne fait rien de bon avec la violence. Le problème, pour les Palestiniens, est que sans elle, ils ne font rien du tout. », Alain Finkielkraut répond : « Netanyahou n’est pas coupable d’avoir lancé l’opération Bordure protectrice (…) Il a tort de ne pas simultanément tendre la main à l’Autorité palestinienne ».

Ulcérée par « la réduction médiatique d’un conflit pour le moins complexe à une guerre de bande dessinée », Elisabeth Lévy a décidé de se rendre en Israël au mois d’août, pour échapper à la confusion qui régnait dans les rédactions parisiennes, que les « débordements » des manifs pro-palestiniennes de l’été ont laissé coites. Dans ce pays en guerre, la diversité des sons de cloche vire à la cacophonie, ainsi que l’illustrent les tribulations de notre chère Elisabeth à la rencontre d’un ex-militaire militant pacifiste, de nationalistes sourcilleux et d’un universitaire palestinien en croisade contre le négationnisme, j’en passe et d’encore meilleures…

« Chacun voit Gaza à sa porte », enchérit Guy Sitbon, au meilleur de sa forme, en imaginant les arguments que les uns et les autres repaissent à chaque étage du grand immeuble républicain. À un pallier, résonne la voix des manifestants pro-Gaza de cet été, souvent enfants de l’immigration algérienne, que j’ai interrogés, dans un esprit d’ouverture pas toujours réciproque…Gilles-William Goldnadel, ancien  vice-président du Crif, avocat et dirigeant de  l’association France-Israël, n’a pas peur du débat, et répond cartes sur table aux critiques de l’association communautaire, ainsi qu’aux pourfendeurs de l’Etat juif. À quelques encablures de Tel-Aviv, l’Etat islamique prospère sur les décombres de la Syrie et de l’Irak. Notre envoyée spéciale Nada Maucourant retrace l’avancée de l’E.I au Kurdistan irakien, jusqu’à son exfiltration vers Paris sous l’injonction du consulat de France local. Il ne fait en effet pas bon être femme, yazidi, chrétien ou même musulman hostile au salafisme là où l’Etat islamique passe. Reste cependant note d’espoir pour les chrétiens d’Orient : d’après Tewfik Aclimandos, leur condition s’améliore dans l’Egypte du maréchal Sissi, délivrée – pour l’heure – des Frères musulmans.

En cette année du centenaire Péguy, Alain Finkielkraut rend hommage au dreyfusard de la première heure qui fut aussi, pour les mêmes raisons, un chantre de l’identité nationale bien sentie. Simon Leys est aussi à l’honneur dans nos pages, célébré par Jean-Baptiste Baronian et Jacques Dewitte. Last but not least, comme on disait en ancien françois, notre dossier culturel « Grand siècle », coordonné par Jérôme Leroy et Jacques de Guillebon, fait tutoyer Madame de Lafayette avec Pascal et Molière.

J’oubliais, preuve que Causeur est dans les petits papiers du gouvernement, Manuel Valls a nommé Najat Vallaud-Belkacem ministre de l’Education nationale, histoire de renforcer la déconstruction des stéréotypes sexuels à l’école que relate Laurent Cantamessi. C’est dire si nous sommes incontournables…
 

 

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Septembre 2014 #16

Article extrait du Magazine Causeur



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est journaliste.

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