Mariage : Plus jamais ça!


Mariage : Plus jamais ça!

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Il y a deux sortes de divorcés : les déprimés et les libérés ; les cons vaincus qui gardent un sentiment d’échec et les convaincus qu’on ne les y reprendra plus, même par les sentiments ; ceux qu’on retrouve sur des sites de rencontre durable, en quête d’une compagne qui saura les prendre comme ils sont, et ceux qui cherchent à rencontrer des femmes qu’ils pourront prendre comme elles sont ; ceux qui misent sur leur chance de gagner un cœur pour retourner, à deux, faire des courses, et ceux qui préfèrent jouer aux courses parce qu’en misant, on a une chance de gagner ; ceux qui veulent se remarier et s’embarrasser d’une famille et ceux qui, débarrassés de leur famille, se contentent de se marrer ; ceux qui pleurnichent en haut des grues et ceux qui jouent les oiseaux de passage ; ceux qui aspirent à l’engagement et ceux qui respirent de dégagement.

Je laisserai ceux que l’amour rend aveugles, où plutôt qu’une cécité a prédisposé à l’amour officiel, avec cet assortiment de chaînes aux pieds, de corde au cou et d’anneau au doigt qu’une société dévirilisée fait reluire pour le plus grand éblouissement des plus romantiques d’entre nous. Je me pencherai plutôt sur ces ânes qui n’ont plus soif et qu’on ne fait pas boire, qui, un peu trop attendris, se sont mariés et qui, pour avoir été grignotés avant d’être dépecés au tribunal, vivent désormais heureux en célibataires endurcis. Ceux qui ont juré : « Plus jamais ça ! » Même au sein de cette population majeure et vaccinée, les rechutes sont fréquentes, et les imprudents qui laissent leurs virils attributs se complaire dans de douces habitudes, qui finissent par se reposer sur le même oreiller, se retrouvent parfois comme ces chiens qui s’accouplent : coincés.[access capability= »lire_inedits »] Nombreux sont ceux qui, se croyant loups au début d’une aventure, sont devenus caniches avant d’en voir la fin. Les présomptueux qui n’ont pas su lâcher à temps de féminins appâts y ont perdu leurs instincts volages et carnassiers et finissent envoûtés par d’habiles femelles qui ont su se rendre incontournables. Il faut pourtant savoir les contourner car, même s’il est difficile de se détourner d’un minois qui nous met en émoi, un jour ou l’autre, nous sommes sommés, sous peu et sous peine d’abstinence, de nous rendre sans condition à la mairie.

S’il existait un manuel à l’usage des garçons, la première leçon pourrait s’intituler : « Vivre libre ou se marier » et la deuxième, pour les durs de la feuille comme de la tige : « Vivre libre ou se remarier ». Si ces programmes étaient enseignés, croiserions-nous tant d’hommes qui ont rendu les armes et renoncé à leurs éclectiques appétits sexuels, mis au pas et qui ont fini de courir, l’épée en berne et le regard triste, la main dans la main d’une femme légitime qui a changé leur téléphone portable en bracelet électronique et fini par les mettre au régime avec elle ? Si les pères savaient parler à leurs fils, verrions-nous tant d’accidentés de la vie ? Dans le monde totalitaire du « mariage pour tous » qui ne comble que les gonzesses des deux sexes, il faut apprendre aux jeunes garçons à rester des hommes. De même que toute éducation responsable doit transmettre une part d’islamophobie pour la pérennité d’une humanité éclairée, une dose modérée mais substantielle de virilité défensive est indispensable à la survie de l’espèce mâle. Ainsi, puisque les contes qui finissent par « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » sont racontés aux filles, les histoires qui se terminent par « Il repartit vers de nouvelles aventures » devraient être lues aux garçons. Cela pourrait être, dans le cadre de la lutte contre les castrations consenties, la moindre des mesures de prévention. Je pense aux hommes en général, mais à cet ami en particulier, que je renommerai, pour ne pas le compromettre, « Alexandre le malheureux » et à qui j’adresse mes condoléances. Le con qui convola pour le beau cul d’une musulmane de vingt ans sa cadette − laquelle ne tarda pas à remiser le tulle qu’elle avait aux fesses, le jour des noces, pour se coller un torchon sur la tête − mange aujourd’hui du saucisson en cachette pour pouvoir continuer à jambonner conjugalement. On me dit qu’il n’est pas mort puisqu’il bande encore. On se console comme on peut.

On dit aussi qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Je vois surtout des imbéciles qui ont changé d’avis et qui, leur peine à peine purgée, en reprennent pour vingt ans, avec le sourire, pour la photo. Nombreux sont ceux qui chantaient, à leur libération : « Paris, me voici, j’ai des couilles ! », et qu’on retrouve un jour occupés, en plein congé paternité, dans la merde jusqu’aux poignets, avec le sourire béat de celui qui commence une seconde vie derrière une poussette et au volant d’un monospace estampillé « bébé à bord », et couillon à la barre. Car comme un malheur n’arrive jamais seul, après la pluie de confettis ne vient pas le beau temps mais le gosse, cette créature parasite, chrono- phage, ingrate et arrogante qui répétera aux malheureux imprévoyants, à la première tentative de résistance à ses caprices : « Si tu voulais pas d’enfant, t’avais pas qu’à en faire. » La vérité sort de la bouche des enfants, qui assassinent sans scrupules la langue de leurs pères, et pour ne pas l’avoir entendue chez ceux des autres, certains ont à peine le temps de retourner à leurs maîtresses qu’ils se retrouvent, comme disait Mauriac, derrière les barreaux vivants d’une famille. Ainsi, lorsque le piège s’est refermé, tout en douceur, lorsque le ressort amoureux s’est tendrement détendu, et que nos meilleures ennemies ont investi nos cœurs tout en nous tenant par les couilles, dans un instinctif ou savant dosage de mise sous dépendance sexuelle et de chantage affectif, il est trop tard.

La résistance au mariage est plus facile à dire qu’à faire et il est plus simple de promettre que de tenir très longtemps. Nous les hommes ne pouvons pas lutter sur ce front contre l’alliance des femmes, des gays et des défenseurs de la famille et si, dans la guerre des sexes, il y a aujourd’hui moins de résistants que de collabos qui jurent fidélité et prêtent allégeance dans l’émotion générale, c’est que le rapport de force a tourné en notre défaveur. Depuis que la société christianisée de la Sainte Famille, toujours plus féminisée avec une nette accélération sur la fin, a enfermé l’amour dans ses serments sacrés et ses cadres légaux, il est difficile d’en jouir durablement en païen hors-la-loi. Pourtant, comme l’eau fraîche, le grand amour supporte mal la mise en bouteille, avec ses additifs et ses agents conservateurs. L’amour de source ne souffre pas le stockage et, s’il ne coule pas, s’il n’est pas ce plébiscite de tous les instants, il tourne parfois au vinaigre. Les amants les plus doux gagnent rarement à devenir des maris, et les premières victimes de cette reddition, de cette débandade que le monde accompagne de ses meilleurs vœux le jour du mariage, sont les amoureuses épousées.

Il nous faut donc batailler sans relâche pour convaincre nos amantes en mal d’engagements signés et contresignés, et en attente de déclarations publiques, que le sentiment est trop volatile pour être contenu par un contrat, qu’il n’y a ni assurance ni garantie qui tiennent et que le désir meurt quand il est privé de liberté. C’est alors que les négociations commencent, avec leur lot de prétendants, de concurrents à l’affût et de menaces de rupture. Dans ces échanges houleux, dans ces tendres combats qui ne laissent ni vainqueur ni vaincu mais des amants sans repos, l’amour reste un torrentiel et rafraîchissant ruisseau. Dans cette délicieuse bagarre, où l’un et l’autre, où l’un dans l’autre, les yeux dans les yeux, nous défendons le territoire et les intérêts de nos sexes, l’amour jubile. Dans ces pourparlers, dans ces « pour s’étreindre » qui jamais n’aboutissent à la paix du cimetière, l’amour dure. Tant que nous n’abdiquons pas, nous restons admirables, et aimables. En restant libres, rester aimables, voilà le seul devoir, la seule éthique, la mission et l’honneur des amants sérieux, contre toute demande et contre toute attente. Aussi, pour que les beaux yeux de la dame de mes pensées continuent de briller du feu du combat, je ne tomberai pas l’armure, resterai agaçant et insaisissable, je résisterai à la tentation d’une pacification mortifère par le mariage et ne l’épouserai devant personne. Mon projet est plus ambitieux : je vise l’éternité du goût et du sentiment, parce que nous le valons bien.[/access]

*Photo : La mariée était en noir.

Juin 2014 #14

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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