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Google, trop bon pour Bruxelles


Google, trop bon pour Bruxelles
photo : Alain Bachellier
photo : Alain Bachellier

Il était une fois dans un village deux boulangeries qui produisaient un fort mauvais pain et le vendaient fort cher. Vint un jour un jeune boulanger talentueux et passionné par son métier qui ouvrit une troisième boulangerie. Son pain était excellent et nettement moins cher que celui de ses concurrents. Très vite, les habitants du village prirent l’habitude d’acheter leur pain chez le jeune boulanger dont les affaires devinrent rapidement florissantes. Excédés par le succès du jeune homme, les propriétaires des deux vieilles boulangeries vinrent trouver le maire du village. Ils accusèrent la nouvelle boulangerie d’abuser de sa position dominante en vendant son pain à bas prix pour les évincer du marché et en ne faisant de la publicité que pour ses produits. Il y avait là, selon eux, atteinte à la libre concurrence et le maire devait sévir.

Ridicule n’est-ce pas ?

Le 30 novembre, la Commission européenne a ouvert officiellement une enquête contre Google pour « abus de position dominante ». La firme de Mountain View est accusée d’avoir volontairement manipulé le résultat de ses recherches pour pénaliser des services concurrents et les accusateurs se trouvent être justement les concurrents en question et notamment Ciao, une filiale de Microsoft.

La réalité, c’est que Google est juste une entreprise extraordinairement bien gérée[1. Et, ce n’est pas une coïncidence, régulièrement classée parmi les entreprises pour lesquels les américains préfèrent travailler]. Son moteur de recherche a littéralement balayé la concurrence parce qu’il est rapide, efficace et précis et parce que les gens le préfèrent à ses concurrents. Je suis un fan absolu de Google. Je navigue sur internet avec Chrome, j’ai une messagerie Gmail, j’utilise Google maps et Google docs parce que ces services, fournis gratuitement par Google, me sont extrêmement utiles et marchent infiniment mieux que ceux de Ciao et des autres plaignants. La réalité, c’est que les plaignants n’arrivent pas à la cheville de Google et que le seul moyen qu’ils ont trouvé pour gagner de l’argent, c’est d’appeler Bruxelles au secours.

Les lois anti-trust ont étés inventées par des gens qui n’ont pas vraiment compris ce qu’était la libre concurrence et sont régulièrement utilisées par des entreprises peu performantes et politiquement influentes pour se protéger de concurrentes qui ont le mauvais goût de faire un meilleur travail qu’elles. Comme les deux boulangers évoqués plus haut, elles préfèrent user de leur influence auprès du maire plutôt que de faire un meilleur pain ou de le vendre moins cher. Mieux encore : elles le font au nom de l’intérêt des consommateurs.
La libre concurrence ne signifie absolument pas qu’il faille, à tout instant et sur tous les marchés, 250 concurrents qui se disputent nos faveurs. La libre concurrence c’est quand un jeune boulanger peut s’installer dans le village et concurrencer les boulangeries qui vendent un mauvais pain trop cher sans que le maire lui mette des bâtons dans les roues. Un monopole n’est pas néfaste tant qu’il reste contestable. Si Google abusait de sa position dominante, il aurait suscité l’émergence d’un concurrent crédible avec le soutien enthousiaste des utilisateurs. C’est aussi simple que ça.

À chaque fois qu’un gouvernement, ou en l’occurrence ce qui en tient lieu, se drape dans ce déguisement de défenseur de la libre concurrence, vous pouvez être certain qu’il le fait à la demande de groupes d’influence qui n’ont d’autre objectif que de gagner de l’argent sans vous rendre service – c’est-à-dire sans le mériter. À la fin de l’histoire, nous paierons l’addition avec Google.



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