Miracle: un documentaire féministe tout en finesse!


Miracle: un documentaire féministe tout en finesse!

C’est devenu un incontournable de toute critique festivalière : l’insuffisante représentation des femmes. On ne récompenserait pas une œuvre ni même un auteur, mais un sexe, voire un système. Parfois, ça peut virer au scandale, comme cette pétition qui malmena le festival de BD d’Angoulême. Pour prévenir toute polémique et montrer son évidente bonne volonté féministe, le festival de Cannes a ainsi projeté le film des sœurs Kuperberg, Et la femme créa Hollywood.

Contre toute attente, ce documentaire s’est révélé passionnant. Clara et Julia Kuperberg s’interrogent : Comment se fait-il que les femmes, très présentes aux débuts du cinéma, en aient été peu à peu exclues et n’y aient conservé que le statut d’icônes – ces fameuses stars des années 1940-1950 ?[access capability= »lire_inedits »] Historiennes, les sœurs Kuperberg savent ne pas tout à fait répondre à la question, préférant décrire les processus, avancer plusieurs hypothèses qui ne viennent pas à bout de l’événement.

À ses balbutiements, le cinéma est une activité marginale, encore à inventer. Les enjeux économiques sont faibles. Hollywood n’est pas un lieu de pouvoir. Les femmes y trouvent largement leur place aux côtés d’immigrants juifs attirés par le potentiel créatif de cet art neuf. Quatre phénomènes excluront pourtant les femmes : le succès croissant du cinéma qui devient un enjeu de pouvoir en soi, la crise économique et la concentration qu’elle entraîne, l’apparition du « cinéma parlant » qui transforme une activité de bouts de ficelles en industrie technologique, enfin la pression idéologique de l’après-guerre : au retour du soldat, la femme cède la place.

Le film est dense, d’une belle richesse archivistique (scènes de tournage, interviews), le montage remarquable – et notamment le choix de la séquence finale, d’une efficacité stupéfiante. Mais les sœurs Kuperberg font mieux : en montrant qu’une problématique particulière, idéologique, permet d’accéder à une réalité plus vaste, elles nous offrent une leçon de cinéma : il y a tant à voir par le petit bout de la lorgnette.[/access]

Et la femme créa Hollywood, Clara et Julia Kuperberg, Wichita Films, diffusé sur OCS.

Juin 2016 - #36

Article extrait du Magazine Causeur



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