Supporters de football : l’émotion reine


Supporters de football : l’émotion reine

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« Deux hommes de vingt ans soupçonnés d’avoir violenté un stadier lors du match Marseille-Lyon de dimanche ont été arrêtés jeudi et vendredi 25 septembre au matin dans les quartiers nord de Marseille et placés en garde à vue. » nous apprend Le Monde. Ils viennent s’ajouter aux trois supporters de l’OM déjà condamnés « mardi à des peines de quatre à six mois de prison ferme pour avoir participé à des échauffourées, à proximité du vélodrome, avant la rencontre ».

Faut-il se réjouir de telles décisions ? À première vue, oui. Le comportement d’une partie des virages marseillais à l’occasion de Marseille-Lyon le week-end dernier était si affligeant (projectiles en tous genres, jets de bouteilles en verre…) qu’il a soulevé l’indignation de la twittosphère.

Mais le premier problème est bien là. Il faudrait avoir la mémoire sacrément courte pour ne pas se souvenir des propos de Vincent Labrune, le Président de l’OM, au micro de Canal +, lors de l’interruption du match, qui reprochait à l’arbitre, à la fédération et au président de l’OL d’être en partie responsables de ces « deux ou trois bouteilles de bières jetées sur le terrain ». S’est ensuivie l’indignation et l’obligation pour le président de rectifier le tir et de se servir, pour une fois, des nombreuses caméras du stade pour tenter d’identifier les coupables.

Ce qui nous amène tout naturellement au deuxième problème : l’incroyable timidité avec laquelle les présidents de club ont recours à tous les éléments en leur possession, et notamment la vidéo, pour débarrasser les stades de leurs hooligans. En Angleterre, ce travail a été fait il y a bien longtemps, en France on attend toujours. Seul le PSG s’est livré en 2006 à cet exercice très peu populaire à l’intérieur d’un club.

Le troisième problème concerne la loi et l’application de celle-ci. Les Anglais ont eu le mérite de ne pas imaginer une seule sanction et de choisir des peines adaptées aux circonstances. Le supporter qui dépasse la limite risque tout simplement une suspension de stade à vie et à défaut, une suspension de plusieurs années. C’est ce qui était arrivé à ces supporters de Chelsea pris en flagrant délit de racisme dans le métro parisien en février dernier – rappelant à des journalistes ébahis que le racisme n’était pas l’apanage de la France -, et écopant d’une suspension de stade allant de trois à cinq ans.

Si les supporters de Chelsea avaient étaient jugés en France, ils auraient encouru jusqu’à trois ans de prison et une amende de 45.000 euros environ. Dans les faits, ces lois difficilement applicables, notamment quand on connaît le salaire moyen des supporters les plus ultras, est très rarement appliquée. D’ailleurs, à la même période, en février 2015, Nice matin nous apprenait que 16 supporters niçois interpellés pour avoir blessé « trois supporters de l’AS Monaco pendant qu’ils célébraient, en Principauté, la victoire de leur équipe lors du derby, [avaient] été libérés ». Et ceci est loin d’être un cas isolé.

En France, certains groupes de supporters, comme à Marseille, gèrent la billetterie. En Angleterre, on leur retire leurs billets à vie s’ils dépassent les limites. Mais les Anglais ont attendu trois grandes tragédies avant d’agir (Le Heysel, Bradford, Hillsborough). Il est dommage que l’attentisme soit la seule spécialité british qu’on imite.

*Photo : wikicommons.



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