Conférence sociale : Manu, tu descends?


Conférence sociale : Manu, tu descends?

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Et un et deux et trois zéros… Trois syndicats, puis quatre, claquent la porte de la conférence sociale –Solidaires, CGT, FO, FSU-, promise comme un temps fort et cadencé du déroulement de la Présidence Hollande.

C’était pourtant le mantra numéro 12 du candidat Moi. Marqueur d’un quinquennat socialiste nécessairement placé sous le signe du dialogue social. Produit de contraste avec le précédent Président, forcément suspecté d’inspirer la crispation aux camarades syndiqués : « Moi président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats, et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui relève de la négociation ». « Ou ce qui relève de mon bon vouloir pour signifier aux patrons et à la finance sans visage tout le mal que je pense d’eux », avait-il oublié d’ajouter à l’époque…

Et voici que pour la troisième édition de ce coup de com’ annuel, les dieux sont tombés sur la tête… même les syndicats ne veulent plus entendre parler de Moi, encore moins l’écouter. Les temps sont durs, ça se confirme !

Pour avoir écouté ce que disaient les urnes à deux reprises en quelques mois. Pour avoir promis d’infléchir une politique à la petite semaine dans un sens exigé par le principe de réalité. Pour avoir osé afficher des accents sociaux-libéraux en annonçant une énième fumisterie dont la mise en place demeure hypothétique, le Président se retrouve ostracisé dans un des exercices qui lui convient le mieux, le « dialogue ». Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tiré toutes les leçons de ces scrutins, ni d’avoir sacrifié le fidèle grognard au profit d’un va-t-en-guerre susceptible de rassurer le bon peuple et de donner une colonne vertébrale à des actions jusqu’ici couronnées d’échecs.

Las, la situation est bloquée… Un petit signe vers les chefs d’entreprise pour atténuer deux ans de pilonnage et c’est le salariat qui est vent-debout via les syndicats dont la très faible représentativité ne choque personne. L’important, c’est le pouvoir de nuisance… Un peu de réalisme économique et ce sont les députés –socialistes- qui mènent la fronde. Un peu –beaucoup- de chasse aux sorcières et c’est toute la classe politique qui s’insulte et se discrédite aux yeux des Français.

Même si le dialogue social n’est pas vraiment rompu, comme l’a souligné Jean-Claude Mailly (FO), qui craignait surtout de s’ennuyer à cette conférence sans objet –ou presque-, il est néanmoins interrompu pour le moment. Et, n’en déplaise à Manuel Valls, qui en minimise l’impact, cela porte encore un coup à la crédibilité du Président.

Pourtant voilà cent jours que le Président a donné un chef à son gouvernement… croyant ainsi envoyer un message fort à tous les mécontents. Cent jours que l’on voudrait croire à une main de fer dans un gant de velours (avec armatures en kevlar). Cent jours que l’on imagine qu’un miracle était possible -même un tout petit miracle-. Cent jours que le matamore de Barcelone affiche son regard d’acier, ses coups de mentons et ses propos déterminés. Cent jours que l’on attend que le louvoiement s’estompe derrière un peu de fermeté. Cent jours que l’on veut oublier son prédécesseur au point qu’Yves Calvi en a même perdu le prénom1. Cent jours qu’on attend : le pacte, les 50 milliards, les nouvelles régions, les économies, les festivals, les trains…

Les tensions s’accentuant de tous cotés, la « rentrée sociale », si chère aux syndicats sera peut-être une corrida et c’est alors qu’on verra ce que le Premier ministre donne dans l’arène…

Eh Manu, tu descends ?

*Photo : Benoit Tessier/AP/SIPA. AP21593816_000009.



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