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Royaume Uni contre islamogauchisme: le choc des mémoires

Outre-Manche, chacun est appelé à choisir son camp


Royaume Uni contre islamogauchisme: le choc des mémoires
Manifestation propalestinienne devant Downing Street, Londres, 14 octobre 2023 © SOPA Images/SIPA

L’Occident va-t-il imploser sous le poids de sa propre tolérance multiculturelle, de sa lâcheté face à la cancel culture, et de son indolence de société de consommation? Les manifestations propalestiniennes, très violentes sur le plan symbolique, sont l’occasion pour ceux qui y tiennent encore de défendre les valeurs de notre civilisation. Ce weekend, celui du 11 novembre, le Royaume Uni fournira un cas type de l’épreuve de force entre l’obscurantisme islamogauchiste et les traditions autochtones. Qui en sortira victorieux?


Autrefois, nous avions du courage.

Le Royaume Uni est venu à la défense de la Belgique en 1914 et est resté aux côtés de son allié français pendant quatre ans – et plus – afin de contrecarrer l’agression allemande de l’époque.

Aujourd’hui, les autorités britanniques n’arrivent même pas à faire ce que le gouvernement français est arrivé à faire : interdire des manifestations propalestiniennes dans les rues de ses villes, notamment Londres. De telles manifestations rassemblent sans doute un certain nombre de citoyens de bonne volonté, mais aussi des militants islamistes et des activistes d’extrême gauche réunis dans une véritable coalition islamogauchiste. Ces énergumènes exercent une pression et un effet d’entraînement sur les autres manifestants, les poussant trop souvent à des actions outrancières. Depuis le 7 octobre, le résultat a été, au-delà d’un certain nombre d’atteintes à l’ordre public, des démonstrations d’une grande violence symbolique, exprimant à la fois une haine antisémite et un rejet de l’histoire britannique. Autrement dit, un rejet du pays où la vaste majorité de ces manifestants vivent et où ils jouissent de droits – comme la liberté d’expression, l’État de droit et le suffrage universel – pour lesquels les Britanniques du passé (et les peuples de son empire) ont lutté, parfois au sacrifice de leur vie.

La guerre des drapeaux

« Les marches de la haine ». C’est ainsi que la ministre de l’Intérieur ou Home Secretary, Suella Braverman, a qualifié les différentes manifestations qui ont investi le centre de Londres et d’autres villes à travers le Royaume Uni chaque samedi depuis les atrocités sans nom commises par le Hamas. Celle du 14 octobre a donné le ton. Les manifestants ont provoqué des échauffourées avec la police, tandis que cette dernière a procédé à un certain nombre d’arrestations dont celles de deux femmes qui, criant « Le royaume Uni est un État terroriste », portaient chacune sur sa veste une image de parapente. Au cours de la nuit précédente, l’entrée du siège de la BBC à Londres avait été aspergée de peinture rouge représentant du sang qui, selon l’organisation qui a revendiqué l’acte, Palestine Action, « symbolise la complicité de la BBC dans le génocide du peuple palestinien par ses reportages biaisés ».

Le samedi suivant, le 21 octobre, le nombre des manifestants a atteint 100 000 dans la capitale. Un homme a été arrêté qui, agitant un drapeau noir avec la chahada (la profession de foi musulmane), scandait : « Que Dieu maudisse les juifs ! Que Dieu maudisse Israël ! » Un autre brandissait une pancarte proclamant « Je soutiens le Hamas à 100% ». Les deux se sont fait arrêter. Dans le métro, un conducteur de rame a profité de son microphone pour crier des slogans propalestiniens repris en chœur par les passagers. Il a été suspendu depuis. Le clou de la journée a été une manifestation dans la manifestation, organisée devant l’ambassade égyptienne par Hizb ut-Tahrir. Interdite dans beaucoup de pays arabes et en Turquie – ce que les autorités britanniques ne sont jamais parvenues à faire – cette organisation milite pour la libération de la Palestine et la création d’un nouveau califat. Un de ses partisans criait « Jihad ! Jihad ! » devant des pancartes qui parlaient d’« armées musulmanes ». Juste à côté, les forces de l’ordre se limitaient à un rôle de spectateurs.

Par la suite, une déclaration de la police londonienne a assuré que le mot de « Jihad » avait plusieurs sens, mais que, comme le public l’associait avec le terrorisme, elle avait contacté l’homme en question afin de le dissuader de recommencer. Une simple tape sur les doigts, quoi ! Toujours selon la police, rien dans cette manifestation ne contrevenait à la loi. Quant au slogan « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre », fréquemment chanté au cours des manifestations, la police a considéré qu’il ne constituait pas ce que le ministre d’État à l’immigration, Robert Jenrick, a appelé « une incitation à la violence terroriste ». On se demande qui a bien pu chuchoter à l’oreille de la hiérarchie des forces de l’ordre. Il s’est avéré qu’un de leurs conseillers était Attiq Malik, un notaire et le président du Forum des communautés musulmanes de Londres, une association dont un des objectifs est d’influer sur la stratégie policière dans la capitale. Début novembre, une vidéo datant de 2022 a fait surface qui le montre en train de haranguer une foule et de scander avec elle « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ! » Là, même la police, autrement si indulgente, a perdu patience. Il a été viré.

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Si le nombre des manifestants à Londres a diminué par la suite – 70 000 le 28 octobre, 30 000 le 4 novembre – la virulence des actions symboliques s’est maintenue. C’est ainsi que les drapeaux sont devenus un enjeu central, les partisans de la Palestine ne tolérant que le drapeau vert, rouge, noir et blanc qu’ils essaient d’afficher partout. Rien que la vue du drapeau israélien les met hors d’eux et même le drapeau britannique ne trouve pas grâce à leurs yeux. En visant une forme d’omniprésence du drapeau palestinien, ils cherchent à effacer tout autre emblème d’appartenance. Peu après le début de la guerre, le drapeau israélien a été projeté de nuit sur le Parlement de Londres et sur le 10 Downing Street dans un geste de solidarité. En revanche, le gouvernement écossais, dont le chef, Humza Yousaf, est musulman, a refusé qu’il soit projeté sur le parlement d’Édimbourg. Or, le 9 novembre, des manifestants propalestiniens ont grimpé sur le toit de ce bâtiment public pour afficher une grande pancarte avec l’injonction : « Arrêtez d’armer Israël » et fixer un grand drapeau palestinien sur la façade. Entretemps, le 10 octobre, d’autres fanatiques sont montés sur le toit de la mairie de la ville de Sheffield afin de remplacer le drapeau israélien, qui y flottait à la demande du gouvernement de Westminster, par un drapeau palestinien. Lors de la manifestation du 14 octobre, à proximité de l’ambassade israélienne à Londres, un groupe a piétiné un drapeau bleu et blanc et s’apprêtait à le brûler quand un policier le leur a confisqué. Le même jour, l’Anglo-iranien, Vahid Behesthi, brandissait un drapeau israélien devant le ministère des Affaires étrangères britannique pour protester contre le régime de Téhéran. Des manifestants propalestiniens qui venaient de piétiner des drapeaux israéliens l’ont poursuivi en menaçant de lui couper la tête. Seule l’intervention d’une grappe de policiers l’a sauvé d’un lynchage en règle.

La guerre des drapeaux a pris des proportions absurdes. Le 21 octobre, deux hommes à Londres sont réprimandés par la police pour avoir dévoilé un drapeau anglais. Deux jours plus tard, trois adolescents sont arrêtés pour avoir arraché des drapeaux britanniques à la façade d’un pub dans la banlieue de Twickenham et tenté de les brûler aux cris de « Libérez la Palestine ! » Le 26 octobre, les nombreux drapeaux palestiniens attachés aux lampadaires et poteaux dans la banlieue de Tower Hamlets sont enlevés par la municipalité pour des raisons de sécurité routière. Mais le 31, une vidéo devient virale où l’on voit la police arrêter un homme qui avait posté sur Facebook un film où il montrait et dénonçait les drapeaux palestiniens qui fleurissaient partout dans sa banlieue de Bethnall Green.

C’est ainsi que le drapeau palestinien est devenu, plus que la simple bannière d’une cause, une sorte d’étendard anti-occidental qui doit remplacer et annihiler toute autre forme de représentation, de la même manière que le récit historique des islamogauchistes doit gommer tout autre récit historique, et qu’une nouvelle culture doit se substituer à une autre.

Une tolérance intolérable?

Autrefois, nous avions du courage.

Le Royaume Uni a tenu tête au nazisme, au fascisme et au militarisme japonais avant de triompher, de concert avec ses alliés, dont la France, sur ces fléaux de l’humanité.

Aujourd’hui, nous tolérons qu’une attitude haineuse s’installe durablement dans une partie de notre population qui l’affiche ouvertement et parfois sans retenue. Certes, le gouvernement conservateur de Richi Sunak a pris position très fermement en faveur du droit des Israéliens de se défendre. Certes, le chef de l’opposition, Sir Keir Starmer, a refusé, contre l’avis de beaucoup des collègues travaillistes, d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza. Un ministre conservateur a été viré et un député travailliste expulsé de son parti, l’un pour avoir parlé en faveur d’une trêve, l’autre pour avoir eu des paroles haineuses. Dans ces décisions, nos dirigeants ont fait preuve d’un certain courage. Mais il reste d’autres défis de taille en dehors de nos grandes institutions dans la rue. Quelle est la raison du succès des manifestations propalestiniennes ?

Dès le début, la ministre de l’Intérieur a adopté une attitude sans compromis. Le 10 octobre, dans une lettre à la police, Suella Braverman lui a recommandé une grande vigilance concernant tout ce qui pourrait être interprété comme un acte antisémite ou un geste de soutien au Hamas, donnant comme exemple le chant « De la rivière à la mer… ». Après la première manifestation, elle a déclaré publiquement : « Mon message pour tous ceux qui ont cru bon de promouvoir le génocide et de se moquer de l’assassinat de juifs, y compris de femmes et de bébés, c’est que la police vous a dans le collimateur ». Au fur et à mesure que les protestations se sont répétées et ont pris de l’ampleur, elle a critiqué les forces de l’ordre de plus en plus ouvertement et sévèrement pour leur pusillanimité apparente. Pourquoi n’a-t-elle pas tout simplement donné à ces dernières l’ordre d’interdire les manifestations ou de sanctionner plus lourdement certaines actions ? La réponse se trouve dans la doctrine constitutionnelle de l’autonomie opérationnelle de la police. Sauf dans des circonstances exceptionnelles, c’est la police qui décide d’interdire ou non une marche de protestation. Et à l’heure actuelle, la police britannique, suite à de nombreux scandales, notamment une intervention trop musclée en 2021 lors d’une marche blanche pour une femme assassinée par un policier, est devenue excessivement timide. Elle est plus prompte à peindre ses voitures dans les couleurs de l’arc-en-ciel et à verbaliser des citoyens ayant posté sur les réseaux sociaux qu’un homme est une homme et une femme est une femme (contrairement à la théorie du genre) qu’à faire face à certaines situations difficiles.

Ainsi, dans la mesure où si la coalition islamogauchiste connaît actuellement une grande réussite outre-Manche, c’est parce qu’elle sait exploiter à fond les libertés traditionnelles des Britanniques et l’incapacité des forces de l’ordre en proie à une forme de wokisation. C’est aussi parce que cette coalition agit à travers un certain nombre d’organismes qui sont bien rompus aux actions d’éclat et savent très bien organiser des événements. Quand le leader travailliste, Starmer, a purgé les échelons supérieurs de son parti des disciples de Jeremy Corbyn, le réseau de militants extrémistes et antisémites créé par ce dernier est resté en place au niveau local. Non seulement Corbyn reste actif en tant que député indépendant (il a été expulsé du parti en 2020), mais son influence reste présente dans de nombreuses associations se trouvant derrière les manifestations actuelles. Parmi elles : la Palestinian Solidarity Campaign, fondée en 2004 pour organiser des boycottes de tout ce qui est israélien ; la Palestine Action, créée en 2020 pour accomplir des actions de désobéissance civile ; les Friends of Al-Aqsa, une organisation anti-israélienne datant de 1997 ; la Stop the War Coalition, surnommée « Stop the West » (Arrêtez l’Occident) par ses critiques, fondée en 2001 pour dénoncer toute action militaire par le Royaume Uni et dont Corbyn a été le président de 2011 à 2015 ; Sisters Uncut, un groupe néoféministe ; Black Lives Matter UK ; et la Black Jewish Alliance et un certain nombre d’organismes juifs antisionistes. Secondées par des ONG internationales avec un tropisme gauchisant, comme Amnesty International et Human Rights Watch, ces organisations ont acquis une expertise dans la logistique des manifestations, dans l’art d’attiser les émotions des foules et dans des mises en scène théâtrales dans le style des écolos britanniques comme Just Stop Oil. Malgré la détermination de Braverman, la tolérance britannique a fini par donner trop de place à l’intolérable au risque d’encourager un extrémisme dénué de toute tolérance.

Le combat des morts

Autrefois, nous avions du courage. Le Royaume Uni a joué son rôle dans l’alliance occidentale contre le communisme soviétique jusqu’à la défaite finale de ce dernier. En un dernier sursaut de courage militaire, il a riposté à l’agression d’un régime autoritaire argentin dans la guerre des Malouines (encore une fois, avec l’aide de notre allié français).

Aujourd’hui, nous nous montrons démunis face à des profanations de la mémoire de nos morts des nombreuses guerres qui ont marqué notre histoire. A Londres, dans le quartier des institutions publiques, il y a une forme de géographie sacrée laïque qui s’étend de la place de Trafalgar, site de la colonne de Nelson, au Parlement et à l’abbaye de Westminster, à l’autre bout de Whitehall, la grande rue des ministères où débouche la petite artère de Downing Street. D’un côté, l’Embankment qui longe la Tamise, de l’autre, le palais royal de Buckingham. C’est dans cet espace que se trouvent les statues des héros politiques et militaires du pays et les monuments aux morts, surtout, au milieu de Whitehall, le mémorial suprême du Cénotaphe, un bloc de pierre austère qui a été comparé à la poignée d’une épée plongée dans la terre comme le glaive légendaire du roi Arthur. Les pertes en combattants subies par le Royaume Uni dans la Première Guerre mondiale, 885 138 (118 264 en comptant les troupes de l’Empire), bien qu’inférieures à celles de la France (1 397 800), ont donné lieu à un culte exceptionnel des morts militaires, célébré avec la plus grande solennité tous les ans au mois de novembre. Dès le mois d’octobre, des coquelicots en papier (« poppies »), l’équivalent des bleuets français, sont vendus dans les rues et les magasins pour collecter des fonds pour les vétérans. Aucun politique n’apparaitrait en public sans arborer la fleur artificielle qui rappelle la vie dans les tranchées. Le respect général concernant cet ensemble de rituels reste entier plus d’un siècle après l’Armistice de 1918. Ou presque. Car les manifestants propalestiniens s’en sont pris aux symboles des morts, des héros et des chefs.

D’abord, les statues. Le 14 octobre, la statue équestre du roi George IV a été défigurée par des tags enjoignant de « Libérer la Palestine ». Tout près, la statue de Charles 1er a été enveloppée dans un drapeau palestinien. Le 28 octobre, près du pont de Westminster, c’est au tour de celle de Boadicée, la reine guerrière des anciens britanniques qui a résisté à l’occupation romaine au prix de sa vie, d’être décorée avec un drapeau et des pancartes. Le même jour, la statue équestre du maréchal Hague, le commandant suprême de la Grande guerre, située dans Whitehall, a été taguée en peinture rouge : « Que Dieu préserve Gaza ». Ces cibles n’ont pas été choisies parce qu’elles étaient commodes, mais parce qu’elles incarnent l’histoire et la fierté britanniques.

C’est ainsi que même les vendeurs de coquelicots sont devenus eux aussi des cibles. Le 4 novembre, dans la gare principale d’Édimbourg, un vétéran de 78 ans qui collectait des fonds a été la victime d’une agression par une bande de manifestants. Depuis, les « poppy sellers », qui sont des volontaires, ont été beaucoup moins nombreux dans les gares londoniennes à la veille du weekend du 11 novembre. Au cours des manifestations à Londres ces dernières semaines, le public (sur les réseaux sociaux) et certains dirigeants politiques ont exprimé leur inquiétude de voir la foule en ébullition très près du Cénotaphe à Whitehall. Cette inquiétude s’est révélée partiellement justifiée quand une réplique du monument aux morts à Rochester, ville du nord de l’Angleterre tristement célèbre pour avoir été le centre d’opérations d’une bande organisant des viols collectifs sur des mineures (« grooming gang »), a subi des dégradations. Le 6 novembre, les coquelicots qui le décoraient ont été enlevés. Le lendemain, le mémorial lui-même a été tagué avec la formule « Libérez la Palestine », obligeant la police à monter la garde autour du monument jusqu’à la célébration du 11 novembre. Ces profanations ne sont pas le fait du hasard. Depuis au moins dix ans, des extrémistes islamistes au Royaume Uni expriment leur rejet et leur mépris à l’égard des coquelicots, des cénotaphes et de la commémoration des morts, malgré les nombreux soldats musulmans qui ont donné leur vie pour préserver les libertés britanniques. Cette attitude est bien résumée dans un tweet du 28 octobre de Dilly Hussain, animateur de 5 Pillars, un média musulman assez proche de la cause islamiste :  « On s’attend à ce que nous respections deux minutes de silence le jour de l’Armistice. La défaite de l’empire ottoman, la colonisation de la Palestine par le Mandat britannique et la déclaration Balfour de 1917 – voilà ce qui a actualisé l’idée d’Israël. Cette année, il y aura un refus tonitruant de ce silence, et pour des années à venir ». La menace est claire.

C’est dans ce contexte que l’association Palestinian Solidarity Campaign a appelé à une grande marche pour la Palestine aujourd’hui, samedi 11 novembre. Elle veut voir un million de manifestants à Londres ; 500 000 sont attendus, c’est déjà considérable. Le Premier ministre, Richi Sunak, avait déjà qualifié les manifestations qui s’aventuraient trop près du Cénotaphe à Londres de « provocatrices et irrespectueuses » et a exprimé sa crainte que ce monument aux morts et d’autres soient « profanés ». Il a depuis demandé à la police d’interdire la manifestation du 11 novembre, mais elle a refusé, prétextant que la menace qu’elle représente est insuffisante. Selon Palestinian Solidarity Campaign, la marche débutera deux heures après la minute de silence à 11 heures et son chemin évitera Whitehall. Ce qui n’exclut pas la possibilité que la minute de silence ne soit perturbée ou le Cénotaphe profané par des excités propalestiniens.

Hier, dans un article publié par The Times, Braverman a déclenché un esclandre en accusant la police de favoritisme, puisque cette dernière interdit des marches de groupes considérés d’extrême droite tout en permettant à l’extrême gauche de faire ce qu’elle veut dans nos rues. Des politiques de tous les bords, y compris de son propre parti, ont exigé sa démission ou son renvoi, jusqu’à présent en vain. Car Braverman dit tout haut ce que pensent beaucoup de Britanniques. Selon un sondage publié le 4 novembre par la chaîne GB News, 43% de la population est contre la marche et seulement 20% en sa faveur. La police a au moins décidé d’interdire tout le quartier de Whitehall autour du Cénotaphe à tout manifestant. Reste à voir si le « Festival du souvenir » ayant lieu au Royal Albert Hall ce soir en présence de la famille royale ou le grand défilé solennel des militaires en présence du roi et des dirigeants politiques demain feront l’objet de protestations ou de tentatives de profanation.

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Autrefois, on avait du courage. Qui se souvient aujourd’hui d’Orde Wingate (1903-1944) ? Entre 1942 et 1944, en Birmanie, ce général britannique a conçu et déployé des unités de forces spéciales capables de vivre dans la jungle derrière les lignes japonaises, de harceler l’ennemi et de désorganiser son approvisionnement. Les « chindits », selon le surnom des ces unités, d’après un mot birman pour un lion mythique, ont montré aux forces britanniques en Asie que les soldats japonais n’étaient pas invincibles, contribuant ainsi à la victoire finale dans ce théâtre de guerre. Déjà, en Éthiopie en 1941, Wingate avait aidé l’empereur Haïlé Sélassié à expulser les Italiens par des méthodes similaires. Mais il avait d’abord développé celles-ci entre 1936 et 1939 quand il a été envoyé en Palestine. Maître des tactiques non-conventionnelles, il a créé des unités de choc nocturnes (« Special Night Squads ») pour aider les juifs à repousser les attaques des arabes. Selon l’historien américano-israélien Michael B. Oren, Wingate – qualifié par Churchill d’« homme de génie » – serait presque « le père de l’armée israélienne ». Le monument aux chindit est situé sur l’Embankment, derrière le ministère de la Défense, mais les manifestants sont probablement trop ignorants pour le profaner.

Le vrai courage aujourd’hui, ce ne sera pas seulement celui des forces de l’ordre qui encadreront les marcheurs et protégeront le Cénotaphe. Ce ne sera pas seulement celui des politiques comme Braverman qui dénonceront toute profanation de la mémoire des morts britanniques, ni celui des citoyens britanniques qui refuseront de voir perturbée leur commémoration des héros du passé. Ce sera celui des musulmans britanniques qui rejetteront le chant des sirènes de la coalition islamogauchiste et qui montreront que leur mémoire est en très grande partie celle du pays où ils habitent.

Ce weekend, chacun est appelé à choisir son camp.




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est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.

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