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Ces J.O. sentent le sapin

Le billet satirique de Denis Hatchondo


Ces J.O. sentent le sapin
Anne Hidalgo à Lima lors de l'annonce (surprise!) de la désignation de Paris pour l'organisation des JO 2024. Photo: Fabrice Coffrini

Dix-huit mois. Une double grossesse. Une double faute à venir. Qui peut croire aujourd’hui que Paris peut demain accueillir des millions de personnes dans la sécurité et la dignité dues aux grandes communions universelles ? Par quel miracle ce pays exsangue va dissimuler au reste du monde les décombres de son déclin ?


Les J.O. dans un pays en guerre. Macron a beau tortiller des lombaires pour ne pas livrer son char Leclerc, le vice-président de la Douma a tranché pour lui. Dans le vif. La France est selon lui entrée en guerre. La France est notre ennemie. Ce jeu de dupes diplomatique ne pouvait plus résister à l’épreuve du temps. Et surtout des faits. Comme tous les experts militaires parient sur une guerre longue, on peut anticiper sur l’attractivité de Paris dans dix-huit mois. Paris à deux heures du front. Paris à trois gestes barrières des lance-missiles russes. Une perspective qui incite plus à aller siffler là- haut sur la colline du crack et faire zaï-zaï-zaï-zaï, qu’à mettre un short pour courir ou sauter après une médaille. Et cette croix orthodoxe de Zelensky qui s’empare déjà de l’organisation. Il ne veut pas voir un athlète russe ou bélarusse lancer un javelot ou un os au chien. Après une année à pratiquer le petit bonhomme en moussaka, on imagine que dans un an il faudra passer par lui pour récupérer les accréditations. Bref, la guerre s’habille en aigle noir et ondule les ailes chargées de menaces sur les toits de Paris. Zaï- zaï-zaï-zaï…

Les J.O. dans un pays en guerre sociale. Quel que soit le résultat du bras de fer entre Macron et la rue, le reste du quinquennat est condamné à se consumer dans un climat délétère. Pour lutter contre les déserts médicaux la Sécu organise des ponts aériens. Après avoir inventé le médicament générique, elle invente le toubib rechapé. De bons vieux docs à la retraite, sortis de leurs canapés pour aller faire des piges dans le rural. Dans ce contexte tiers-mondiste, si un pangolin éternue au Stade de France pendant la finale du 100 mètres, c’est chaud. Une émeute dans un pays à l’os sans Doliprane. Au moment des Jeux la pression sociale sera maximale. Les syndicats pourraient être tentés de se refaire la queue de cerise. A la RATP avec un préavis on pourra tâter du parachute doré. Macron sera dans un état de surexcitation haut-débit. Rien ne doit gâcher les Jeux de Cesarino. Alors il dira au Schpountz de céder sans négocier. À qui? Au Schpountz. Jean Casseutexeu. Avec son charisme de contrôleur, il a fini patron de la RATP. Chic planète, dansons dessus.

Les J.O. au pays de Coubertin. Pédophiles, vieux pervers lubriques, escrocs à poils courts, coachs vicieux au cuir épais, welcome dans les douches du Sport français. Pour la première fois une ministre s’est vraiment mise au boulot. Putain le chantier. Un Vatican. Allons enfants… Buvez comme des trous, fumez comme des centrales à charbon et fuyez le sport qui nuit durablement à la santé et au fair-play.

Le préfet de police Didier Lallement, 2020 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Les J.O. au pays de Darkmanin. Pour rassurer les sujets du Roi, le Dark de la Champion’s League est toujours aux manettes de la Sécurité. Débarrassé du préfet Lallemant et sa casquette XXXL de carnaval, il est prêt à affronter tous les dingos de la planète qui vont essayer de se refaire la barbe sous les projecteurs des Breaking News. Problème, il échoue régulièrement dans tout ce qu’il entreprend. Et pas seulement face aux cadors du crime. Devant des zombies en manque, des clandestins mineurs, un imam de la fête à Neuneu. Bref, prions…

Les J.O. au pays des rats d’Hidalgo. Cerise sur le bateau mouche,des centaines de milliers de touristes, des rêves glamour d’Emilie in Paris plein les hublots, vont, au réveil, tomber de l’avion par les toboggans. Le comité d’accueil des rats de la manade Hidalgo au garde à vous sur le tarmac. Gras comme des porcs andalous, collants comme une affiche de Dupont-Aignan, ils sont chargés de mission pour injecter un peu de réalisme à la fiction.

Le terminus des prétentieux. Un état des lieux aussi cauchemardesque ne condamne pas à l’inaction. Les pouvoirs publics pouvaient organiser un Intervilles, des courses de vachettes ou un Salon International de la découpe en bois des Iles Sandwich. Non. Il leur fallait les J.O. Bonne chance.



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