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Royaume-Uni: Truss et Sunak, des anciens collègues qui se déchirent

Deux adversaires déterminés à prendre la suite de BoJo


Royaume-Uni: Truss et Sunak, des anciens collègues qui se déchirent
Rishi Sunak et Liz Truss lors d'un débat télévisé sur la chaîne ITV, le 17 juillet 2022 © Jonathan Hordle/ITV/Shutterstock/SIPA

Après un dernier vote des députés conservateurs, mercredi, l’ancien chancelier Rishi Sunak et la secrétaire aux Affaires étrangères, Liz Truss, se préparent pour une campagne estivale de choc.


Ce sont deux profils peu connus du grand public français. Et pourtant, l’un ou l’autre devra convaincre les adhérents du Parti conservateur qu’il est le plus compétent pour prendre la tête du parti Tory et surtout, le poste de Premier ministre…

D’ores et déjà, une difficulté se pose : comment prendre le relais de Boris Johnson, une personnalité aussi extravagante et populaire au sein du Parti conservateur ? Ni Liz Truss, ni Rishi Sunak n’ont un charisme comparable à celui de BoJo, les débats télévisés l’ont d’ailleurs bien montré. L’ancien Premier ministre, adepte des coups d’éclat, en aura d’ailleurs profité jusqu’au bout, en terminant son discours aux Communes par un « hasta la vista, Baby », accompagné des rires et des applaudissements de ses députés. Les deux compétiteurs se sont donc lancés dans une course sans merci pour le remplacer depuis maintenant deux semaines, et n’hésitent pas à se lancer des piques parfois sévères.

Liz Truss: la Thatcher du XXIe siècle

La Foreign Secretary s’est évertuée à reprendre les idées et les codes de l’ancienne Première ministre britannique, Margaret Thatcher (1979 – 1990), qui a tant marqué l’histoire de la Grande-Bretagne et du parti conservateur. A sa suite, Liz Truss souhaite incarner une ligne libérale assumée, en promettant avant tout des baisses d’impôts immédiates, dès son élection au poste de Premier ministre : « Nous ne pouvons continuer une gestion de l’économie fondée sur le business-as-usual. Nous sommes allés dans la mauvaise direction en augmentant les taxes qui sont à leur plus haut depuis 70 ans » déplore-t-elle dans une tribune au Daily Mail, faisant le pari, grâce à ses mesures, de vaincre le Labour en 2024. Truss a promis de « mener une politique conservatrice de baisses d’impôts, d’accroissement du dynamisme des entreprises et de mener une politique pro-business (business-friendly) ». On retrouve ici les arguments du principal soutien de Truss et ami de Boris Johnson, Jacob Rees-Moog, ministre d’Etat chargé des opportunités du Brexit et de l’efficacité du gouvernement, qui plaide en permanence en faveur d’une politique économique plus libérale.

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Liz Truss promet aussi de mettre fin à l’ensemble des lois de l’UE encore en vigueur dans le pays, ainsi que la réactivation du plan de remigration au Rwanda, interdit in extremis par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), le mois dernier.

Depuis le début de la campagne, Truss a accusé son principal adversaire d’avoir mené des politiques « socialistes » en augmentant massivement les impôts pour financer son « quoi qu’il en coûte » durant la pandémie de Covid-19. Une mesure que l’ancien chancelier chargé des finances et du trésor justifie par la situation inédite provoquée par le Covid et la guerre en Ukraine.

Sunak: candidat de la compétence 

S’il ne peut se targuer d’avoir sensiblement amélioré l’économie ou les finances de la couronne ces trois dernières années, Rishi Sunak met en avant son expérience acquise comme chancelier. Sa connaissance des marchés, acquise à la banque d’affaires Goldman Sachs, entre 2001 et 2004, et ensuite auprès d’une série de fonds spéculatifs londoniens constitue, selon lui, un atout. En revanche sa hausse massive de la fiscalité, la plus élevée depuis les années 1960, pourrait bien le désavantager dans cette course.

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En 2021, il avait annoncé une augmentation de  l’impôt sur les sociétés qui doit passer de 19% à 25% à partir d’avril 2023 pour les sociétés faisant plus de 294 000€ de bénéfices. Le travailliste, Jeremy Corbyn, avait proposé un taux à 26% et la moyenne européenne est aujourd’hui à 22%. Autant dire que les députés conservateurs n’ont pas tous apprécié ces mesures. Mais durant la campagne, Rishi Sunak, tout en restant prudent quant aux mesures qu’il prendrait en tant que Premier ministre, a admis que « le meilleur moyen d’acquérir de la croissance économique est de baisser les taxes et la bureaucratie et d’encourager l’investissement dans le secteur privé et l’innovation. » Dans une tribune au Daily Telegraph, il a promis de se montrer lui aussi l’héritier de Margaret Thatcher. Puisque finalement les deux candidats se réclament de l’héritage de Maggie, la campagne va dorénavant se jouer sur les personnalités plus que les idées !

Rishi Sunak était donné favori jusqu’à maintenant, mais ses chances semblent néanmoins diminuer. D’après un des derniers sondages auprès des militants conservateurs, 62% seraient prêts à voter pour Truss contre 38% pour l’ancien chancelier. Pourtant, ce dernier aurait plus la cote auprès de l’électorat britannique dans sa globalité. Les adhérents donneront leur verdict le 2 septembre et le résultat de leur vote sera connu le 5 septembre. En attendant, place à la campagne.




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Journaliste franco-britannique

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