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Au Nord, c’était la Corée


Au Nord, c’était la Corée

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Jean-Luc Coatalem est le plus stylé de nos  « écrivains-voyageurs ». Il n’a pas la prétention ses collègues anglo-saxons, et encore moins leur humanisme de pacotille et leur mystique de la route. Coatalem aime les destinations improbables et périphériques, les lieux pleins de monde et situés nulle part : on se souvient avec délices de sa Mission au Paraguay.

À quoi ressemblent les gens qui ne vivent nulle part ? Cette question n’a rien à voir avec le voyage et tout avec la littérature. À quoi ressemblent, par exemple, les gens qui vivent en Corée du Nord ?[access capability= »lire_inedits »] Pour ce voyage au pays d’Ubu (pour Jarry, la Pologne d’Ubu, c’est justement « nulle part »), Coatalem, accompagné par un ami qui a pour tout bagage ses housses de costumes en tweed et trois volumes de la Pléiade, se fait passer pour le représentant d’une agence de voyage en quête de nouvelles destinations. Sous la plume de Coatalem, tout devient possible une fois qu’on a accepté que rien ne l’est. Ce  paradoxe confère à Nouilles froides à Pyongyang un genre inédit de surréalisme orwellien : « Aujourd’hui, la propagande répète sans sourciller que lorsque le Guide se promène dans les champs, tous les arbres fleurissent sur son passage. » Entre humour et accablement, ce périple au pays du « Juche », l’idéologie mélangeant communisme stalinien, confucianisme et pensée magique, se révèle aussi un remarquable reportage. Derrière la fausse désinvolture de l’auteur, on découvre un pays où aucune voiture ne roule sur les autoroutes à huit voies, où les agents du Bowibu fouillent les chambres et confisquent les téléphones portables et où l’ivresse est le seul moyen de tenir. Pas tant pour oublier qu’on est en Corée du Nord, mais au contraire pour comprendre ce qu’elle est et « poursuivre l’aventure puisqu’on ne peut pas descendre de ce truc prétendument en marche mais… immobile. »[/access]

Nouilles froides à Pyongyang, de Jean-Luc Coatalem (Grasset).

*Photo : Retlaw Snellac

Eté 2013 #4

Article extrait du Magazine Causeur



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