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L’actrice Camille Cottin: “engagée” et assommante

À l’image du cinéma français actuel


L’actrice Camille Cottin: “engagée” et assommante
L'actrice Camille Cottin en "une" du dernier numéro du Figaro Madame.

Pourtant, la starlette l’assure: elle en a fini avec le rôle de la “connasse” !


Madame Figaro a interviewé l’actrice Camille Cottin. L’article, en plus d’être écrit avec les pieds, est typique d’un journalisme qui a intégré les codes les plus convenus du progressisme et du politiquement correct – la journaliste comme l’actrice n’échappent à aucun des stéréotypes des nouvelles tendances néo-féministes et nous livrent de concert les réflexions les plus tartes sur le cinéma, sur l’engagement des artistes, et même sur l’éducation des mioches.

Le dernier film dans lequel Camille Cottin a joué porte sur la Résistance (1). C’est un sujet que Camille Cottin connaît très bien, écrit la journaliste, « puisqu’elle est petite-fille d’un résistant dans l’armée et d’un grand-père qui s’était porté volontaire aux corvées des sanitaires dans un camp dans l’unique but d’y creuser un tunnel et de s’en échapper ». Forte de cet « héritage », Camille Cottin, artiste engagée et féministe, « a su dépoussiérer l’image de la femme ». Comment ? En jouant une agent artistique homosexuelle, une femme d’affaires puissante, une nymphomane décomplexée. Il faut vraiment être imprégné au dernier degré par toutes les âneries actuelles pour penser et écrire des niaiseries pareilles. Nous conseillons à ces dames de regarder un jour la myriade de films dans lesquels des actrices françaises, sans dépoussiérer quoi que ce soit mais en déployant tout leur art, ont joué avec brio ce genre de rôles et bien d’autres encore. Il faut dire aussi qu’à aucune des actrices auxquelles je pense – Danielle Darrieux, Suzy Delair, Micheline Presle, Madeleine Robinson, Marlène Jobert, Mireille Darc, Stéphane Audran, Catherine Deneuve, entre autres – il ne serait venu à l’idée de dégoiser l’énormité suivante : « Devenir protéiforme, utiliser mon énergie, ma sensibilité à l’état brut et me dégager de la séduction m’a complètement libérée. L’injonction de séduire entrave un peu l’épanouissement des femmes. » Camille Cottin est visiblement prête pour un prochain rôle décapant, celui de la Reine des poncifs néo-féministes.

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Regardez ma belle âme !

Nous n’échappons pas à la fastidieuse énumération des preuves de l’engagement de l’artiste engagée. Camille Cottin soutient le collectif 50/50 pour l’égalité hommes-femmes et la diversité sexuelle et de genre au cinéma. Les « combattantes contemporaines » qu’elle admire sont, entre autres, Adèle Haenel – pour avoir quitté la cérémonie des César au moment de l’annonce du prix pour Polanski – et Camille Chamoux – pour avoir apostrophé “Papy Finkielkraut” lors d’une émission télévisée au cours de laquelle elle disait avoir été « plus souvent oppressée par un discours de mâle blanc paternaliste que par un mec rebeu qui [la] harcèle dans la rue » – le sexisme, ajoutait cette autre comédienne engagée, « ne se situe pas dans les endroits où se situe l’islam ». Sans commentaires. La journaliste de Madame Figaro nous apprend également que Camille Cottin a co-fondé une société de production féministe, Malmö Production, qui, précise le site de ladite société, « développe des documentaires qui se saisissent d’enjeux sociétaux majeurs – droits des femmes, égalité des chances, migration – en les abordant d’un point de vue féministe ». La totale.

Et hors des plateaux de cinéma, dans la vie de tous les jours, comment se comporte Camille Cottin ? Elle se comporte comme n’importe quel bobo, avec des interrogations stratosphériques sur l’éducation de ses deux enfants et des réponses d’une banalité cosmique : « Je m’ajuste en fonction des signaux qu’ils m’envoient. C’est une force d’arriver à instaurer un dialogue, et je crois beaucoup au pouvoir des mots avec les enfants. » Et la journaliste d’ajouter une louche de lieux communs sur cette pauvre Camille qui, ayant eu une « éducation très libre », a « du mal avec l’autorité » et doit par conséquent « se faire violence pour imposer un cadre ». Au secours ! 

La rébellion ordonnée du cinéma français

Le cinéma français ressemble de plus en plus à cet entretien d’une mièvrerie abyssale. Les sujets sont le plus souvent racoleurs, les scénarios régulièrement bâclés, les mises en scène généralement chaotiques. Les acteurs, eux, ne se contentent plus de jouer : ils ont des états d’âme, ils pensent, ils militent en suivant le mouvement moutonnier des rébellions ordonnées. Les saltimbanques philosophent sur le racisme, le féminisme, les migrants et le fascisme qui est à nos portes. Leurs discours lors des cérémonies sont des prêchi-prêcha inodores, incolores, d’une effroyable fadeur – mais toujours dans le bon sens. Il est d’ailleurs de plus en plus difficile de faire la différence entre leurs rôles sur l’écran, leurs pitoyables prestations lors de la remise de prix, leurs gesticulations pétitionnaires ou leurs insipides réflexions sur le cinéma en particulier et sur le monde en général. Les dernières cérémonies des César ont été à la hauteur de la dégringolade. Il n’y a plus que Télérama et L’Obs pour trouver un quelconque intérêt à ce cinéma nombriliste suintant la bonne conscience et l’humanisme narcissique.

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Je serais bien en peine de donner le titre de seulement cinq films français qui auraient fait mon bonheur ces cinq dernières années. Heureusement, en plus des “Voyages à travers le cinéma français” du très regretté Tavernier (2), je possède des dizaines de films parmi ceux que ce dernier admirait le plus. Je n’ai vu qu’une fois le misérable film de Ladj Ly (3) et ne le reverrai jamais – tandis qu’il ne se passe pas une année sans que je revoie “Les Misérables” de Raymond Bernard – ou “Le Baron de l’écluse” de Jean Delannoy, ou “Oscar” de Molinaro, ou “Voici le temps des assassins” de Duvivier, ou “Circonstances atténuantes” de Boyer, ou “L’assassin habite au 21” de Clouzot, etc.

Parce que oui, le cinéma français aussi, c’était (beaucoup) mieux avant.


(1) “Cœurs vaillants”, de Mona Achache. 

(2) “Voyages à travers le cinéma Français”, Documentaire de Bertrand Tavernier. 2 DVD Gaumont.

(3) Malgré ses déboires avec la justice et une filmographie squelettique, Ladj Ly vient d’être bombardé membre du prochain jury du Festival de Cannes – comprenne qui pourra.



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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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