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Étampes: la participation polémique du maire à une marche blanche

Franck Marlin et les devoirs du maire


Étampes: la participation polémique du maire à une marche blanche
D'aucuns accusent Franck Marlin (image d'archives) de clientélisme. L'intéressé répond qu'il ne se représente pas © JACQUES DEMARTHON / AFP

Une grossière erreur?


Le maire d’Étampes Franck Marlin a mis les moyens de sa mairie au service de l’organisation d’une marche blanche[tooltips content= »Le 17 janvier 2021″](1)[/tooltips] demandée par une famille qui venait de perdre deux de ses membres: deux frères, Samir et Nordine, au lourd passé judiciaire, notamment pour trafic de drogue, qui avaient pris l’autoroute à contresens pour échapper à un contrôle de gendarmerie et dont le véhicule avait heurté un camion, au chauffeur heureusement indemne.

Premier mouvement: l’indignation devant une telle initiative apparemment choquante:

Deuxième phase: le maire vient courageusement donner ses justifications sur cette même chaîne dans l’émission de Pascal Praud et l’un des chroniqueurs, Jean-Claude Dassier, ne mâche pas ses mots et lui dit vertement ce qu’il pense de lui qui a osé favoriser une marche blanche à l’égard de tels personnages.

Le maire invoque l’amitié qu’il avait pour cette famille, qu’il n’était pas juge, qu’en quelque sorte la mort effaçait tout et que la concorde municipale devait prévaloir. Pour se défendre de tout clientélisme dans une ville à la forte communauté musulmane, il souligne qu’il s’agissait de son dernier mandat.

Je ne suis pas convaincu mais je voudrais placer le débat sur un autre terrain.

Si j’avais mauvais esprit, je ferais allusion à la condamnation de ce maire LR en 1997 et au fait que Mediapart l’accusait, en 2020, d’avoir mis en place un système mafieux. Il est vrai qu’en 1999 il avait aussi suscité une polémique en voulant supprimer les aides pour les familles avec des enfants condamnés.

Au-delà de ces considérations qui pourraient nourrir la suspicion, il me plaît davantage de mettre en évidence la grossière erreur du maire confondant l’amitié avec son devoir municipal. Comme ami, il pouvait se rendre évidemment aux obsèques privées de cette famille mais il n’avait pas à accéder à la demande d’une marche blanche et surtout, d’une certaine manière, à la financer et à la faciliter.

Le maire, en acceptant ce qui aurait dû relever de la seule sphère familiale, avec la douleur compréhensible de ceux qui étaient privés de Samir et Nordine, oubliait son rôle et l’image qu’il avait à donner, se trompant radicalement de registre. Deux délinquants échappant à un contrôle de gendarmerie et qui auraient pu aussi engendrer le pire pour les autres n’avaient pas, avec l’aval officiel, à bénéficier d’une telle consécration.

Le message adressé à la communauté d’Etampes était délétère : le maire validait des comportements antisociaux, légitimait des passés infiniment imparfaits et octroyait un honneur à une famille quand deux de ses membres ne l’auraient clairement pas mérité de leur vivant.

Comme il y a les deux corps du roi, Franck Marlin aurait dû réfléchir à l’obligation de respecter les deux corps du maire.

Il a tout simplement fait fi de ses devoirs.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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