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Mon Dumas

Un écrivain injustement mis au ban des études universitaires?


Mon Dumas
Alexandre Dumas (1802-1870). © MARY EVANS/SIPA Numéro de reportage : 51001729_000002

Le 5 décembre 1870, Alexandre Dumas mourait près de Dieppe — au moment même où l’armée française abandonnait Rouen aux Prussiens et se repliait savamment au Havre.
Les Trois mousquetaires est le premier roman un peu long que j’ai lu — vers 8 ans. Et que j’ai relu depuis au moins une fois par an.

L’attitude des universitaires envers Dumas a été globalement dégueulasse. Sous prétexte qu’il eut, pour certains de ses romans, quelques nègres qui lui préparaient la besogne, il est rejeté des études universitaires. On le prend en considération, à la rigueur, dans le cadre de thèses sur le roman feuilleton, ce sous-genre où s’illustrèrent quand même Balzac ou Zola. Serial writer, probablement.

Puis j’ai lu Vingt ans après, déjà bien plus sombre, que je n’ai vraiment compris que lorsque moi-même j’ai eu quarante ans (c’est l’âge de D’Artagnan dans cette suite) et que les amis autour de moi ont commencé à disparaître.

Puis Bragelonne.

« C’est très Vingt ans après ! » avait coutume de dire Proust pour expliquer la fuite du temps. « Pis encore ! renchérissait Lucien Daudet, c’est très Bragelonne ! »

J’ai fait une hypothèse sur la création des quatre mousquetaires : ils sont la réfraction, chacun dans son domaine, du père d’Alexandre, le général Dumas. D’Artagnan lui emprunte son habileté aux armes, Aramis sa force de séduction, Athos sa noblesse, et Porthos son physique de géant.

À lire aussi, du même auteur: Victor Hugo était un con

Ce qui explique l’anecdote suivante…

Dumas écrivait le plus souvent directement dans les locaux des journaux qui l’éditaient. Il arrivait après le spectacle, après le souper, vers minuit, saisissait les feuilles qu’avait noircies Auguste Maquet dans son travail préparatoire, et s’enfermait seul dans un bureau, pendant que les protes de l’imprimerie, au rez-de-chaussée, attendaient la copie. Seul, car il se déshabillait pour écrire — et comme plus tard Hemingway, il écrivait debout. Une nuit, Maquet, qui attendait à la porte pour porter d’urgence la copie aux imprimeurs (le feuilleton était imprimé sur la dernière page, solidaire de la première, pas de journal fini sans lui), ne voit rien sortir. Vers deux heures et demie, il hasarde trois coups, d’un index timide, sur la porte, et n’a pour réponse qu’un grognement d’ours mal léché. Une heure plus tard enfin, Dumas paraît — en chemise, une épaisse liasse à la main, ses beaux yeux bleus pleins de larmes.

« Mais Alexandre… Mais que se passe-t-il ? »

Et Dumas, en lui tendant sa copie du jour, lui répond : « J’ai dû faire mourir Porthos. » (chapitre CCLVI). Une amie proche, quelque peu journaliste, m’a confié que comme moi, elle ne peut lire ce passage — ni, plus loin, la mort d’Athos — sans avoir les larmes aux yeux.

J’ai une théorie personnelle sur ce qui fait écrire…

>>> Lisez la fin de cet article sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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