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Les légionnaires de Cécile Duflot


Cela restera comme une des images fortes de cet été politique : Cécile Duflot semblait aux anges, en ce matin du 14 juillet, dans la tribune officielle, derrière le président Hollande. On se plaît à imaginer que François II-le-facétieux aura recommandé au service du protocole de la placer dans l’axe des caméras, qui allaient le filmer pendant la durée de notre superproduction annuelle. Ainsi, toute la France « patriotique et militaro-industrielle » aura constaté combien le spectacle de ces beaux jeunes gens, qui défilent au pas et le menton fièrement dressé, réjouissaient son ministre de l’égalité des territoires (impudence et niaiserie du vocabulaire républicaniste !). On ignore ce qu’en a pensé Mme Joly, ébouriffante candidate d’Europe Écologie-Les Verts aux dernières élections présidentielles, qui déclarait, le 15 juillet 2011 : « Notre défilé militaire est suranné […] Quel sens cela a-t-il aujourd’hui de montrer nos chars ? Où sont nos ennemis qu’on peut atteindre avec nos chars ? ».

Mais qu’importe les jalousies, les médisances et les ricanements[1. Cécile Duflot, voilà déjà quelque temps, interrogée par BFM TV sur les risques de diffusion radioactive que la centrale nucléaire de Fukushima faisait peser sur la France, après avoir précisé qu’elle était « aussi allée à l’université en géographie » (sic), répondait, avec ce ton assuré de dame patronnesse qui ne la quitte pas, que le Japon se trouvant « dans l’hémisphère sud », il y avait peu de chance pour que nous fussions atteints pas l’effusion de fusion ! Anticipait-elle sur les effets combinés de la dérive des continents et du réchauffement climatique, pour justifier un tel renversement hémisphérique ? On craint le pire : lorsque notre ministre se déplacera dans le Gers, dira-t-elle, déboussolée, qu’elle se réjouit de rencontrer « des compatriotes de ce beau département d’Outre-mer » ?] : Mme Duflot a bien le droit de « voir et complimenter l’armée française » pour son mouvement de parade impeccable ! Mais Mme Duflot n’en avait pas terminé avec le 14 juillet…

Henri Torre, ancien ministre de Georges Pompidou dans le gouvernement dirigé par Pierre Messmer (1973-1974), ancien élu gaulliste de l’Ardèche, avait fait connaître, en 2008, son refus de recevoir la Légion d’honneur « très noble distinction, […] qu’on a bafouée en nommant n’importe qui ». Or, il apprit qu’il se trouvait sur la liste de la promotion du 1er janvier 2012. Il signifia alors son mécontentement, sur le mode de la colère contenue mais cinglante, précisant que cette décoration était souvent attribuée à des fins politiques, et, par surcroît, qu’il n’accordait plus qu’une confiance limitée au président Sarkozy! En 2009, les journalistes Françoise Fressoz (Le Monde) et Marie-Eve Malouines (France Info) avaient également rejeté la décoration, afin d’exercer librement leur métier.

Nos amis les Verts, quant à eux, depuis qu’ils ont envahi l’appareil de l’État, se bousculent au guichet des postes et des honneurs. Ah, le beau spectacle que constitua le rang des promus du 14 juillet 2012 – l’accorte Mme Voynet en tête de gondole -, tout sourire et parcouru de frissons d’impatience ! On les imagine, ces excellences vertes de la promotion Duflot, alignées comme un rang d’otaries en représentation, chacune réclamant sa récompense après avoir exécuté son tour de piste !

Dans un discours fleuve – genre qu’il pratiquait alors avec le sérieux d’un Fidel Castro du sillon rhodanien -, prononcé aux assises constituantes d’Europe écologie les verts, le 13 novembre 2010, sur le thème de la « bienvenue dans le monde de l’écologie politique », l’ineffable Philippe Meirieu, récemment renvoyé à ses rêveries pédagogistes par l’action conjuguée du maire et des électeurs de Lyon, prétendait que les écologistes avaient fait « de la question du bien commun leur pierre de touche ». On a vu ce qu’il en était : Mme Duflot et les siens, politiciens de seconde zone, prédateurs d’honorabilité, se font surtout du bien en commun.

Qu’est ce donc que l’écologie politique ? La passion triste de militants associatifs, dont la candeur est exploitée par une camarilla de despotes d’arrondissement !



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Né à Paris, il n’est pas pressé d’y mourir, mais se livre tout de même à des repérages dans les cimetières (sa préférence va à Charonne). Feint souvent de comprendre, mais n’en tire aucune conclusion. Par ailleurs éditeur-paquageur, traducteur, auteur, amateur, élémenteur.

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