Tour de France 2020: belle victoire du jeune prodige Tadej Pogačar


Tour de France 2020: belle victoire du jeune prodige Tadej Pogačar
Le Slovène Tadej Pogacar, vainqueur du Tour de France 2020 © Shutterstock/SIPA Numéro de reportage: Shutterstock40793285_000001

On a tous quelque chose en nous du Tour de France


Nous avons vécu un Tour de France de toute beauté. Combativité, panache et générosité nous ont régalés pendant trois semaines. Remercions tout d’abord Christian Prudhomme, le Directeur du Tour, et toutes les personnes de l’organisation de cet événement pour leur ténacité, leur sérieux et leur rigueur dans leur travail qui ont permis le déroulement de l’épreuve.

Généreux dans l’effort

Le Tour de France nous a fait, comme l’an dernier, vibrer parce qu’il appartient au patrimoine français, qu’il nous a offert 21 jours de course tendue, cruelle et magnifique, de la sueur, du sang et des larmes, de la joie aussi. Un grand Tour de France

Nous craignions d’assister à une course cadenassée par les équipes Ineos Grenadier d’Egan Bernal et Jumbo Visma de Primoz Roglic. Ces derniers se sont employés à mener un train d’enfer dans plusieurs étapes pour assurer la victoire de leur leader. Cette équipe, propriété de Frits van Eerd, patron de la chaine néerlandaise de supermarchés Jumbo, est partisane d’un cyclisme total, faite d’une domination sans partage des courses grâce à l’embauche de nombreux coureurs talentueux comme Primoz Roglic, Wout Van Aert, Tom Dumoulin George Bennett, Sepp Kuss, Robert Gesink, Tony Martin… Nous pensions les Inéos très forts eux aussi mais depuis la mort de leur jeune et excellent directeur sportif, Nicolas Portal, ils sont moins performants. 

De toute manière, ce sont les coureurs qui font la course. Ils ont été nombreux à se montrer généreux dans les efforts pour remporter des étapes, le classement par points (maillot vert), de meilleur grimpeur (maillot à pois), de meilleur jeune (maillot blanc) et le classement général (maillot jaune).

Souvent à l’attaque

Après la très belle première semaine de bagarre, illuminée par les victoires fulgurantes de Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), Wout Van Aert (Jumbo Visma) et celle de l’australien Caleb Ewan, les deux semaines suivantes ont permis de découvrir le talent et le courage de nombreux concurrents souvent à l’attaque. Des coureurs, plein d’audace se sont échappés pour tenter de remporter une étape ou prendre le maillot à pois: les Français Pierre Rolland (B&B Vital Cocept), Benoit Cosnefroy (AG2R), Julian Alaphilippe, Rémi Cavagna (Deceuninck-Quick Step), le Colombien Richard Carapaz (Ineos), infatigable grimpeur trois fois échappé, Guillaume Martin, toujours battant qui termine meilleur Français du Tour…

Lors de la 7ème étape entre Millau et Lavaur, le vent soufflait fort sur les routes du Tour de France. La journée s’avérait folle, la course passionnante grâce au panache de Peter Sagan. Son équipe Bora-Hansgrohe durcissait la course afin de faciliter la conquête du maillot vert. Sous un fort vent latéral, ils généraient les conditions pour la création de bordures (1). Le peloton explosait. De nombreux sprinteurs étaient lâchés. A 40kms de l’arrivée, les Ineos accéléraient créant une nouvelle bordure qui faisait éclater le peloton en trois groupes lâchant des leaders visant une place sur le podium final: Tadej Pogacar (UAE Emirates) , Richie Porte, Mikel Landa… . Le sprint final était remporté de manière magistral par Wout Van Aert.

Lors de la 8ème étape, le Français Nans Peters (AG2R) courut très intelligemment, scrutant ses adversaires dans la montée et la descente du col de Menté afin de repérer leurs atouts et faiblesses. Dans le difficile col du Port de Balès, il suivait le Russe Ilnur Zakarin (CCC). Dès l’entame de la descente, Nans Peters attaquait à très vive allure ayant remarqué les carences de descendeur du Russe dans le col précédent. Il prenait 45 secondes à Zakarin qui revint à 9 secondes de lui dans l’ascension du col de Peyresourde. Mais Peters ne perdait pas pied, porté par un mental d’acier, il triomphait à Loudenvielle.

Passé deux fois à côté de la victoire à Nice et à Laruns, le coureur Suisse de 22 ans, Marc Hirschi (Sunweb) pétri de talent attaquait à nouveau dans la 12ème étape reliant Chauvigny à Sarran. Il sortait en costaud dans les 30 derniers kilomètres après un travail de sape de son équipe et gagnait en solitaire. Sunweb, l’une des équipes les plus soudées déjouait par leur intelligence tactique les plans du peloton et remportait deux nouvelles victoires avec le Danois Soren Kragh Andersen dans la 14ème et la 19ème étape. 

Une étape terrible pour les coureurs français

la 13ème étape fut terrible pour les coureurs français: chute de Romain Bardet (AG2R) et coup de moins bien pour Guillaume Martin (Cofidis). Des attaques successives de Neilson Powless, Maximilian Schachmann et Lennard Kamna dans le col de Néronne amenaient le Colombien Daniel Martinez à prendre les opérations en mains pour s’imposer au sommet du très difficile Pas de Peyrol (Puy Mary). Dans le peloton des favoris, les Ineos menaient un train d’enfer qui ne profita pas à leur leader Egan Bernal lâché dès que les Jumbo Visma de Roglic vissaient. Pogacar et Roglic attaquèrent distançant tous leurs adversaires. Roglic restait en jaune devant Pogacar. Bardet (AG2r) suite à sa chute abandonnait le soir même.

La 15éme étape montrait une nouvelle fois le règne des maillots jaune et noir de la Jumbo Visma. Impitoyables dans les Pyrénées, les hommes de Primoz Roglic montrèrent à nouveau leur maîtrise de la course. Ils roulaient à un rythme effréné. Tony Martin, Robert Gesink, Wout Van Aert, George Bennett, Tom Dumoulin et Sepp Kuss broyaient leurs adversaires rendant impossible toute attaque et faisaient exploser le colombien Egan Bernal (Ineos), vainqueur du Tour de France 2019 et Nairo Quintana (Arkéa). Seul Tadej Pogacar résistait et battait Primoz Roglic en démarrant à 500 mètres de la ligne au sommet du Grand Colombier.

L’Allemand Lennard Kämna (Bora-Hansgrohe), 24 ans, décrochait une belle victoire lors de la seizième étape du Tour qui reliait La Tour-du-Pin à Villard-de-Lans en attaquant à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, au sommet de la Montée de Saint-Nizier-du-Moucherotte, se débarrassant de son compagnon d’échappée, l’Équatorien Richard Carapaz (Ineos). En grosse difficulté, Egan Bernal perdait de nouveau beaucoup de temps.

La première heure de la 17ème étape permettait une échappée de cinq coureurs Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step), Richard Carapaz, Lennard Kämna (Bora-Hansgrohe, Dan Martin (Israël Start-up Nation), Gorka Izaguirre (Astana). Le peloton des favoris, revenait sur eux grâce au travail de sape mené, en vain, par les Barhain Merida pour leur leader Mikel Landa dans le col de la Madeleine et dans le col de la Loze. Le rythme imposé essorait le groupe, le réduisant à une dizaine de coureurs qui explosait un à un. Lopez attaquait et gagnait au sommet de la Loze. Primoz Roglic arrivait deuxième, confortant son maillot jaune. 

Une 18ème étape de rêve pour Inéos

Lors de la 18ème étape, le Suisse Marc Hirschi, sacré meilleur combatif du Tour, s’échappait de nouveau en compagnie de Michal Kwiatkowski et Richard Carapaz (Ineos-Grenadiers) mais chutant à vive allure dans une descente, Hirschi laissait les deux Inéos conclure une étape de rêve au lendemain de l’abandon de leur leader Egan Bernal affaibli par des douleurs au dos. 

À l’aube de la 20ème étape contre-la-montre de 36kms courue entre Lure et la Planche des Belles Filles, tout le monde pensait qu’il était impossible à Pogacar (2ème au général) de reprendre 57 secondes à Roglic. 

Le jeune coureur Slovène Tadej Pogacar, très concentré et serein, réalisait un contre-la-montre parfait et s’emparait du maillot jaune, et du maillot à pois. Il bat Tom Dumoulin, Richie Porte (Trek– Segafredo), Wout Van Aert, Primož Roglic et l’épatant Français Rémi Cavagna. C’était donc sans compter sur le talent, la combativité, le panache et la générosité du Slovène qui s’est imposé face aux calculs d’apothicaire de l’équipe Jumbo Visma. Pogacar prouvait de la sorte que l’on peut gagner le Tour de France sans avoir une grande équipe, que le cyclisme est certes un sport d’équipe mais que ce n’est pas suffisant. 

La bataille du maillot vert

La course fut aussi animée jour après jour pour la conquête du maillot vert entre Peter Sagan et Sam Bennett qui emporte la dernière étape sur les Champs-Élysées confortant son ascendant sur le classement par points. Le timide Tadej Pogacar, 21 ans peut savourer son succès. A star is born?



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est directeur de cinéma.

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