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La ROPA est bien l’antichambre de la GPA


La ROPA est bien l’antichambre de la GPA
Nouveau-né Image d'illustration Tim Bish / Unsplash

Les faillites et les chômeurs se multiplient, les avions sont cloués au sol et la dette publique explose, mais pour le projet de loi de bioéthique, «on ne peut plus attendre» considère son rapporteur, le député En Marche Jean-Louis Touraine. Dans cette loi qui arrive en deuxième lecture à l’assemblée, l’amendement de la ROPA est une atteinte à la dignité du corps de la femme. Explications


Le premier ministre Castex a reporté la réforme des retraites et de l’assurance chômage à 2021 car « la priorité des priorités, c’est l’emploi ». Pour le député Jean-Louis Touraine, l’urgence est à la loi bioéthique, qualifiée « de rupture dans l’urgence sanitaire » par son rapporteur. Aucun membre du gouvernement ne s’était déplacé, le 1er juillet dernier, pour la séance de la Commission qui lui était consacrée. La semaine prochaine sera donc débattue en seconde lecture la loi bioéthique (dont la PMA pour toutes).

Le corps des femmes méprisé

La suppression de l’article 1 proposé par le Sénat (« il n’y a pas de droit à l’enfant ») donnait le ton : l’enfant n’est plus sujet de droit mais devient l’objet de droits. Depuis, l’amendement concernant la ROPA[tooltips content= »La méthode ROPA, pour «réception d’ovocyte du partenaire», est décriée car jugée très proche la gestation pour autrui NDLR »](1)[/tooltips]  a été voté le 30 juin. Ce n’est pas un gadget. Cette technique qui fait de deux lesbiennes deux « mères » (puisque l’une donnera ses ovocytes que sa compagne portera dans son utérus), ou qui permet « le don dirigé » d’un transgenre vers son conjoint, est loin d’être une chimère. Faisant de l’enfant un bien partagé, la ROPA permet de résoudre le problème de la co-maternité. Elle est surtout l’antichambre de la GPA. Elle plonge ses racines dans l’Histoire sainte à laquelle le professeur Touraine – pourtant grand amateur de mythes bibliques – aurait pu se référer. Que le lecteur relise donc l’histoire du jugement de Salomon dans le Livre des Rois.

Cette loi bioéthique réduit le corps de la femme à un matériau dont le médecin et la technique disposent à leur gré, à un objet d’expérimentations

Je laisse de côté ce qui n’est pas nouveau : la suppression du consentement du conjoint pour le don de sperme (bravo), la suppression de la mention de l’homme dans les articles sur la filiation, la conservation des ovocytes mettant la femme sous domination de son employeur. A lire le mépris jamais atteint avec lequel est traité le corps de la femme, on se demande comment Madame Schiappa ne réagit pas avec la fougue qu’on lui connaît à cette loi qui est une atteinte à la dignité du corps de la femme. Car cette loi bioéthique, si elle néantise l’embryon, réduit le corps de la femme à un matériau dont le médecin et la technique disposent à leur gré : un objet d’expérimentation pour la recherche scientifique.

Une technique éprouvante et non sans danger

Tout le monde sait qu’une PMA par FIV avec son mari est déjà éprouvante. Dans son livre Made in labo, Dominique Folscheid montre qu’une femme est prête à tout pour « avoir » un enfant. Même faire l’amour à l’aveugle avec un inconnu dans un laboratoire. Que dire des autres techniques procréatives à laquelle une femme, sous influence, se soumet ! Car si Madame Schiappa parle des femmes battues et sous emprise de leur conjoint, que dire des femmes en mal d’enfant sous l’emprise de la technique médicalisée et coachée, à qui on fait miroiter une chose insensée, au risque de leur vie ? Qu’elle interroge les généticiens, Madame Alexandra Caude-Henrion, par exemple, directrice de recherche à l’INSERM de l’hôpital Necker. La ROPA propose une technique très éprouvante et dangereuse.

La vérité vraie est que nous sommes dans un monde qui a perdu la raison. Jugeons plutôt : avec la PMA, plus de père. Avec la ROPA, on a une mère coupée en deux. Le rêve transhumaniste se réalise, ainsi que la domination absolue de l’esprit sur le vivant, devenu de plus en plus virtuel. Cela faisait belle lurette que les laboratoires faisaient ce qu’ils voulaient du matériel humain, et que l’embryon (dont le cœur bat, rappelons-le, de manière autonome, à 21 jours) était instrumentalisé.

Véran absent sur le dossier

De même que, par la force des choses, dans un mariage lesbien, il n’y a pas de présomption de paternité, avec la ROPA, c’en est fini de l’adage « mater semper certa est. »  Qui est mon père, se demandait l’enfant dans la PMA. Qui est ma mère ? demandera, en même temps, l’enfant pris entre deux mères. Le transhumanisme est là avec l’enfant made in labo : l’homonculus, la créature de Faust, créé dans une cornue d’alchimiste, grâce à Méphisto et mise à disposition de tous les chercheurs. Sauf qu’Homonculus, dans le Faust de Goethe, n’est pas viable. On se souvient que tout le monde nous disait hier : « la PMA mais la GPA, jamais ! » On allait veiller au grain ! Avec la ROPA, la porte est ouverte sans effort à la GPA à laquelle certains députés ne sont pas hostiles. Sauf qu’un obstacle demeure qui est de taille quoi qu’on dise : l’accès aux origines. En témoigne l’histoire des époux Kermalvezen dont l’action en faveur de la levée de l’anonymat n’est pas tout à fait convaincante.

Les lesbiennes, sont les Useful Idiots du marché procréatif!

L’accès aux origines, reste donc bien une pierre d’achoppement. Partiel, il est insatisfaisant. Sa suppression est un abus de droit. La France se trouve donc dans un guêpier juridique. Si elle finalise la loi de la PMA sans la levée de l’anonymat, elle viole l’accord signé avec la Convention des droits de l’enfant (CIDE) et  désobéit à la CEDH stipulant que tout être humain a le droit d’avoir accès à ses origines. D’un autre côté, la levée de l’anonymat est devenue inutile avec les recherches génétiques sur internet. Surtout, le don de sperme, fait à l’insu de son conjoint (re-bravo) met fin à la paix des familles. Face à cette impasse d’une « non loi », le gouvernement veut accélérer le tempo. Croit-il échapper ainsi aux difficultés, d’autant que les opposants ne désarmeront pas ? La désinvolture affichée du ministre de la Santé, absent le premier juillet à la Commission parlementaire n’est-elle pas apparente ?

Une dérive inouïe

La « fenêtre d’Overton », du nom de celui qui l’a mise en œuvre, est une technique de manipulation des idées et du discours. Elle est utilisée dans les démocraties afin de légaliser tout et n’importe quoi, en s’appuyant sur la science, les médias et les lobbys. L’idée, c’est d’ouvrir la fenêtre sur un impensable – ici la « procréation » de deux femmes sans union sexuelle et la procréation sans sexe -, de le faire passer à l’acceptable, puis au sensé, au désirable, au populaire. Et in fine, c’est le politique qui tranche. On en est au dernier volet de cette manipulation. Seul  Emmanuel Macron pourrait mettre un terme à cette dérive inouïe de notre société.

Car c’est là qu’apparaît cette évidence aveuglante : les lesbiennes, sont les Useful Idiots du marché procréatif. Combien de femmes n’abuse-t-on pas depuis plus de vingt ans en leur faisant miroiter des chimères dangereuses pour leur santé ! Après avoir fait traîner en longueur ce projet de loi, le temps est à l’urgence, nous dit donc Jean-Louis Touraine. Emmanuel Macron, qui veut mettre à son tableau de chasse la PMA pour toutes – comme Hollande l’avait fait avec le mariage pour tous – calcule-t-il qu’il serait réélu grâce à une frange électorale, faiseuse de Roi, favorable à la PMA ? Est-il à ce point tributaire de lobbys ? Croit-il vraiment à cette révolution anthropologique ? Les Français sont-ils à ce point aveugles pour se désintéresser d’une telle loi ? Le désastre actuel résultant de la crise sanitaire ne leur suffit-il pas ? Le gouvernement imposera-t-il à la Chambre de voter, en catimini – une habitude, décidément – une loi contraire à la raison, une nuit de pleine lune, dans un hémicycle à moitié vide ?

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Marie-Hélène Verdier est agrégée de Lettres classiques et a enseigné au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Poète, écrivain et chroniqueuse, elle est l'auteur de l'essai "La guerre au français" publié au Cerf.

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