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Plus vite, chauffeur ! Les excès de Hollande


De même que j’avais été hérissé par l’antisarkozysme primaire de rigueur chez les bonnes âmes sous le quinquennat précédent, je suis passablement agacé par le monceau de bêtises déversées sur le nouveau locataire de l’Elysée.

Une différence, toutefois : si j’ai combattu l’antisarkozyme gogoloïde, je n’ai jamais trouvé l’Ex plus défendable pour cela. Banale question de mauvais feeling en dernier ressort. Un jugement qu’on pourra trouver injuste, but who cares? Je ne demande à personne de le partager et je cherche encore moins à convaincre de la justesse de mes propos des gens que je ne connais pas : je ne suis pas candidat aux prochaines législatives, Dieu merci.

Tout ça pour dire que plus je lis des méchancetés sur lui, plus je trouve Hollande sympathique. Depuis le 6 mai, on a eu droit, de mémoire, aux gesticulations sur le provincialisme du discours de Tulle, sur la ringarditude de l’accordéon, sur la floraison de drapeaux allogènes à la Bastille (qui m’a peiné aussi, mais c’est pas lui qui les y a plantés, non ?), sur sa manche droite qui dépasse à Camp David, sur sa volonté persistante à vouloir serrer des mains partout où il passe, etc. On évoquera aussi la campagne lourdingue des Guignols, qui depuis un mois filent le même gag éculé, celui d’un président consort téléguidé et tenu en laisse par Valérie Trierweiler. En revanche, on n’évoquera pas les interprétations surex de la photo officielle, j’ai bien trop peur de faire taper par Isabelle, à qui je rends bien trente centimètres. Tout ça pour dire que l’abonné au Figaro ou le surfeur d’Atlantico croit aussi dur que Jean-Luc Mélenchon à la fable du capitaine de pédalo.

Dernière cabalette en date, les frémissements d’horreur poussés çà et là, y compris à ma gauche, après que la voiture présidentielle a été mesurée à 160 km/h sur l’autoroute de Normandie. Assurément une affaire d’état, quelque part entre le krach du Crédit Lyonnais et le supposé Karachigate. Rendez-vous compte, on tient la preuve que le président normal ne l’est même pas, nanananère. Sauf qu’on a vu mieux comme smoking gun, bande d’ânes. D’où par où[1. Pour ceux qui ne parleraient pas couramment le franco-égyptien, l’expression « d’où par où » signifie « mais pour quelle raison » en beaucoup plus excité.] un homme normal ne fait-il que des choses normales ?

L’homme normal, le vrai, c’est l’homme qui regarde parfois avec concupiscence l’arrière-train rebondi d’une inconnue dans le métro, oublie à l’occasion de se laver les mains après la petite commission, fait croire à madame qu’il a du rab de taf ce soir, alors qu’il casanisse avec ses potes, et dépasse à l’occasion les 130 à l’heure sur l’autoroute. La femme normale fait à peu près le même genre de trucs, sauf qu’en plus elle fait croire à son mari que le pot qui traine sur l’étagère du lavabo de Crème Cellulaire Platine Rare pour le contour des yeux de chez la Prairie ne lui a pas coûté plus d’une quinzaine d’euros, ce à quoi le mari normal répondra hypocritement « Quand même, quinze euros, c’est pas donné pour vingt millilitres», parce qu’il sait que la paix conjugale n’a pas de prix…

Bref, ce dépassement de vitesse prouve que notre président est normal de chez normal, point barre. Il prouve aussi, de façon ne peut moins scientifique, que le sentiment partagé par l’excellent Franz-Olivier Giesbert, Basile de Koch et moi-même est indubitablement vrai : il y a du Pompidou chez ce Hollande-là. Se souvient-on que le plus finaud de nos chefs de l’Etat était totalement hostile aux limitations de vitesse ? Lui-même roulait volontiers en Porsche 356, comme le rappelait en 2004 Madame Pompidou au Figaro : « Mon mari aimait conduire vite. Cela faisait partie de la modernité. La Porsche, il s’en est peu servi finalement car il est devenu Premier ministre alors que la livraison se faisait attendre plusieurs mois. Il m’en a fait cadeau, ce qui explique que la carte grise soit à mon nom. Il adorait tellement conduire et moi aussi que nous avions passé un accord pour aller à Cajarc. Il faisait la moitié de la route et moi l’autre moitié. Et on se préoccupait peu de l’officier de sécurité qui était dans la voiture suiveuse. Il avait la plus grande peine à ne pas se laisser distancer. Évidemment, cela paraît impensable aujourd’hui »

On notera que le Premier ministre sort clope au bec de sa Porsche, ce qui avait le don d'exaspérer le Général

Toujours au rayon des analogies Pompidou/Hollande, on notera la Massif Central attitude un rien populiste, le goût des bonnes choses contrarié par une prédisposition à l’embonpoint, le talent pour la litote qui tue, sans oublier un certain tropisme autour des chevelures féminines soigneusement mises en plis…

Bref, Pompidou revient et on est très content.



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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