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Allez Quevilly !


Assister à un match de l’US Quevilly dans le mythique stade Amable Lozai, est un des multiples charmes secrets de la capitale normande. Poétiquement domiciliée « avenue de la porte de Diane », au Petit-Quevilly, l’enceinte historique du club de la banlieue « rouge » rouennaise sert de frontière entre les petites maisons ouvrières de brique rouge et une zone industrielle. Les samedi d’hiver, lorsque le soleil se couche derrière les falaises qui surplombent Croisset, l’ermitage de Flaubert, on se sent parfois hors du temps au milieu des quelques centaines d’inconditionnels des jaunes et noirs. Au loin, les fumées de la raffinerie Pétroplus de Petit-Couronne, où Corneille possédait une maison de campagne, fument encore, malgré les menaces de fermeture.

Pour la première fois depuis 1927, où il elle s’inclina à Colombes face à l’Olympique de Marseille, l’USQ est qualifié pour la finale de la coupe de France. Elle affrontera Lyon au stade de France le 28 avril. Ajoutons à son palmarès les demi-finales perdues en 1968 (contre Bordeaux) et 2010 (contre le PSG) ainsi que quatre titres de champions de France amateur. L’USQ est l’exemple type de l’équipe de coupe. Alors qu’elle peine un peu à se maintenir en National (3e division), elle est capable de rivaliser avec les meilleurs, comme elle le prouve de nouveau depuis 2004.

Certains se souviennent avec émotion du 32e de finale du 5 janvier 2008 perdu au Havre face aux Girondins de Bordeaux. Dans les tribunes on pouvait croiser le plus célèbre joueur de Quevilly, Daniel Horlaville, sélectionné en équipe de France en 1969 contre la Roumanie, bien qu’amateur, fait resté unique dans les annales footballistiques de l’après-guerre. Il devait rejoindre ultérieurement le PSG mais, pour les inconditionnels du ballon rond,son nom reste intimement lié à l’US Quevilly. Un autre homme hante les abords de l’USQ, son ancien dirigeant, le docteur André Boëda, ancien médecin de l’équipe de France olympique qui mêle sa passion du football avec un goût prononcé pour la littérature : ses volumes de souvenirs ont été préfacés par Michel Déon et Olivier Frébourg.

Cette performance de l’USQ est le fruit du travail acharné d’un président passionné, Michel Mallet, lui-même ancien sociétaire de l’équipe et d’un entraîneur tonique, Régis Brouard, ancien joueur pro. Ils savent transmettre à leurs joueurs le feu sacré sans lequel de tels exploits sont évidemment impossibles. Bien sûr, l’ « amateurisme » d’un club de national n’a plus grand-chose à voir avec celui d’antan. A ce niveau de compétition, les joueurs sont évidemment rémunérés. Reste la proximité avec les supporteurs, le pot d’après match partagé dans un algeco, tous ces petits rites sans importances qui fondent la légende d’un club. A voir évoluer l’USQ sur ses terres, on finirait presque par espérer que le football amateur français soit classé au patrimoine immatériel de l’humanité.



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Journaliste et essayiste

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