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Jésus-Christ et la dette


Photo : Roy Stead

La solution à la crise de la dette ? Deux scribes obscurs se sont chargés, il y a un certain temps déjà, de nous la transmettre dans toute sa simplicité éclatante. Ils la formulèrent, comme par hasard, en langue grecque : « καὶ ἄφες ἡμῖν τὰ ὀφειλήματα ἡμῶν, ὡς καὶ ἡμεῖς ἀφίεμεν τοῖς ὀφειλέταις ἡμῶν. » Ou encore, pour ceux que rebuterait cet alphabet barbare : « kai aphès imíne ta ophilimata imóne, os kai imís aphíémène tis ophilétais imóne. »

Cette antique règle d’or, la seule méritant d’être gravée dans le marbre fragile des constitutions, a trouvé en allemand comme en anglais ses traductions fidèles : « Und vergib uns unsere Schulden, wie auch wir vergeben unsern Schuldigern », « And forgive us our debts, as we also forgive our debtors. »[access capability= »lire_inedits »] Seule la France a osé falsifier sans vergogne la règle d’or christique en controuvant le fameux : « Et pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé. » Traduite mot à mot en notre sabir françois, dans une version que je me permets d’emprunter (sans intérêts !) à Yves Daoudal, elle ne dit pourtant rien d’autre que : « Et remets les dettes de nous, comme nous avons remis aux débiteurs de nous. »

Comme tous les hommes de bonne volonté de notre temps, comme Paul Jorion, Frédéric Lordon et Emmanuel Todd, tous les chrétiens qui laissent s’élever dans leur cœur la prière du Notre Père… réclament jour après jour l’effacement de la dette. Ils font en outre entendre leur faim non pas du morne pain « quotidien », mais du pain super-essentiel. Ce pain même qui s’est multiplié miraculeusement, sous nos yeux, dans un certain square Zuccotti, puis à travers tous les États-Unis d’Amérique. Par la grâce de l’humour divin, force est de constater que ce sont désormais les États-Unis qui font planer sur le monde la menace d’une contagion de l’évidence communiste.

C’est aussi l’heure où commencent de pleuvoir sur l’Europe des gouvernements sans aucune visée politique, parfaitement neutres et inoffensifs, délicieusement baptisés « gouvernements techniques ». Mais comme le peuple grec, tous les peuples le savent très bien : à gouvernement technique, insurrections techniques ! Ces insurrections ne correspondent elles non plus, je vous en donne ma parole d’honneur, à aucune visée politique : elles ne sont que la réponse purement technique et fatale dictée aux peuples par la situation insensée qui leur est faite.

La seule dette mirobolante et qui ne relève pas, elle, de la fantasmagorie, c’est celle que l’oligarchie financière a contractée envers tous les peuples. Tech-nique-ta-mère ! Et gloire au peuple grec ![/access]

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Janvier 2012 . N°43

Article extrait du Magazine Causeur



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