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Les relations russo-britanniques empoisonnent le Mondial de foot

La "guerre" diplomatique se déplace vers les supporters


Les relations russo-britanniques empoisonnent le Mondial de foot
Des hooligans russes agressent un supporter anglais au stade Vélodrome de Marseille pendant l'Euro 2016. SIPA. AP21988712_000023

La « guerre » diplomatique en cours entre le Royaume-Uni et la Russie pourraient avoir des conséquences sur le déplacement des supporters de l’équipe nationale d’Angleterre dans le pays de Vladimir Poutine pour assister au Mondial de football, mi-juin. 


A moins de trois mois de la Coupe du Monde de football qui se déroulera dans onze villes de Russie, les Anglais sont sous haute tension.

A la suite de l’empoisonnement de l’agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Youlia, le 4 mars à Salisbury, le gouvernement britannique a accusé la Russie de cette tentative d’assassinat et a déjà enclenché des mesures de rétorsion telles que l’expulsion de 23 diplomates de l’ambassade de Russie à Londres. Par ailleurs, il n’y aura ni représentants du gouvernement ni membres de la famille royale britannique en Russie lors du prochain mondial.

Boris « Godwin » Johnson 

Le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a d’ailleurs comparé, le 21 avril, Vladimir Poutine à Hitler en estimant que le président russe instrumentalisait la Coupe du Monde « pour redorer le blason du régime brutal et corrompu dont il est responsable », ce qui n’était pas sans rappeler, selon lui, les Jeux olympiques de Berlin en 1936.

A lire aussi: Empoisonnement au Royaume-Uni: bons baisers de Russie ?

En réponse à ces déclarations fracassantes, l’ambassadeur de Russie à Londres, Alexandre Yakovenko, a, lors d’une conférence de presse le 22 mars 2018, déclaré qu’il considérait ces affirmations comme « inacceptables et totalement irresponsables »[tooltips content= »Conférence de presse, Sky News International, 22 mars 2018. »]1[/tooltips]. Le diplomate a réitéré le fait que la Russie attendait toujours des preuves concernant l’affaire Skripal, insinuant même que l’agent innervant utilisé dans cette attaque était peut-être le fait des Britanniques eux-mêmes étant donné la proximité du laboratoire de recherche sur les armes chimiques de Porton Down situé à moins de 15 kilomètres du lieu de l’attaque !

Welcome to Russia ?

En  ce qui concerne le Mondial, le diplomate a annoncé que les 20 000 à 30 000 supporters anglais attendus sur place (24 000 selon Boris Johnson), seraient bien reçus et que leur sécurité serait garantie. Si ceux-ci disposent d’un billet pour un match, ils seront même dispensés de visas pour entrer en Russie.

Dans ce contexte explosif, dans une interview au Daily Star, l’expert sur les questions de sécurité et de renseignement, Anthony Glees, considère, pour sa part, que si le gouvernement britannique en est arrivé à la conclusion que la Russie était derrière l’empoisonnement de Skripal, alors il n’était plus question d’envoyer une équipe nationale en Russie.

Le président de la commission des Affaires étrangères Tom Tugendath a lui aussi exprimé son inquiétude et exhorté les autorités britanniques à se montrer extrêmement prudentes concernant le déplacement des supporters en Russie.

Avant même le déclenchement de l’affaire Skripal, le contingent de supporters anglais était parmi les plus faibles de tous les pays représentés cette année, à la 20ème place sur 32 pays. Seuls 57 957 billets leur ont été vendus sur un total de 2,5 millions mis en vente pour les 64 matches de cette Coupe du Monde.

Hooligans de fer

Échaudés par les violences entre supporters anglais et russes qui ont émaillé l’Euro de foot français en 2016, notamment à Marseille lors d’un match entre les deux pays, les Anglais ont, depuis plusieurs mois, des réticences à l’idée de se rendre en Russie. Au vu de la dégradation extrêmement rapide des relations entre le Royaume-Uni et la Russie depuis le 4 mars dernier, cette attitude précautionneuse est d’autant plus justifiée

Au regard des liens entremêlés entre le foot anglais et le pouvoir russe, il semblerait que l’équipe d’Angleterre en elle-même soit en revanche moins exposée à d’éventuelles éruptions de violence. Le richissime Roman Abramovitch, propriétaire du Chelsea FC, club de Premier League, est un proche de Vladimir Poutine. Mais pour les supporters qui se préparent à aller assister à des matches dans des villes de province russes, c’est une autre affaire…



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Analyste géopolitique (Russie, Turquie), auteur et spécialiste en relations internationales et en études stratégiques.

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