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La domotique, c’est pas fantastique!


La domotique, c’est pas fantastique!
Salon des objets connectes. Sipa. Numéro de reportage : 00736831_000025.
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Salon des objets connectes. Sipa. Numéro de reportage : 00736831_000025.

Nos domiciles deviendront ils nos pires ennemis ? Il est aujourd’hui impossible d’échapper à l’évolution technologique qui nous submerge. Mélange de robotique, de transhumanisme et d’ultra-communication ; le paradis des machines intelligentes est à portée de main.

Tous les aspects de la société sont touchés et les secteurs de la construction et de l’habitat n’échappent pas à la règle avec l’apparition de la domotique et des objets connectés.

Orwell et Minority report

La domotique, c’est l’ensemble des techniques de l’électronique, de physique, d’automatisme, d’informatique et des télécommunications utilisées dans les bâtiments, afin de centraliser et contrôler des différents systèmes et sous-systèmes de la maison comme s’il s’agissait d’un ordinateur ou d’un téléphone portable.

Chaque jour un peu plus d’innovations apparaissent dans le domaine de la domotique et des objets connectés, ceci « bien sûr » dans l’optique de faciliter la vie quotidienne du sacro-saint consommateur, cible de toutes les attentions.

Cette volonté louable de limiter les contraintes quotidiennes voir de protéger notre santé à tout prix commence à laisser craindre le pire pour les générations futures.

Mélange improbable entre les écrits de George Orwell et la science-fiction hollywoodienne à la sauce Minority report, notre cafetière ou notre frigo risquent demain de devenir nos pires ennemis.

Rien de nouveau pourrait-on penser ; les grandes multinationales de la Silicon valley espionnent déjà sans relâche notre activité informatique au travers, de nos recherches et de nos lectures sur internet, de nos logiciels, mais elles espionnent également nos enfants au travers des jeux vidéo tels que Pokemon go ; la cerise sur le gâteau étant nos précieux smartphones enregistrant H24 toutes nos activités.

Des milliards de données sont collectées chaque seconde, échangées et revendues sans notre accord ; pour mieux servir le consommateur permanent qui sommeille en nous.

Pourtant, une véritable révolution est en marche, un pas colossal est en train d’être franchi dans la violation de notre intimité.

Demain, la domotique (ensemble des techniques de l’électronique, de physique, d’automatisme, de l’informatique et des télécommunications utilisées dans les bâtiments) va se cumuler avec l’arrivée massive des objets connectés.

Nos données devenues les leurs

Ainsi notre havre de paix domestique sera remplacé par un espionnage systématique de toute activité humaine à l’intérieur de notre domicile. Nos données seront en permanence prélevées et analysées ; notre consommation d’eau, d’électricité bien sûr mais également le nombre de cigarettes que nous fumons (détecteur de fumé connecté), le nombre de cafés que nous buvons (cafetière connectée), les aliments et les boissons que nous consommons grâce aux codes-barres des produits analysés par notre frigo connecté, les émissions de TV que vous regardons et nos orientations politiques, religieuses ou sexuelles (TV Connectée), l’heure à laquelle nous nous levons et nous nous couchons(réveil connecté ou smartphone et consommation électrique), même l’état de notre transit pourra être analysé grâce à notre consommation d’eau.

C’est surréaliste… pas du tout. Toutes ces innovations existent déjà.

Nous pouvons même aller encore plus loin puisque nos montres connectées écoutent nos battements de cœur en permanence, elles peuvent analyser notre sommeil paradoxal ou nos émotions en fonction de notre pression artérielle et de nos pulsations cardiaques.

Bien évidemment tous ces produits rendent et rendront des services importants et pourront même sauver des vies, c’est une évidence.

Oui mais voilà, le revers de la médaille c’est que toutes ces données appartiennent à des sociétés privées.

Ces milliards de données sont le futur eldorado des multinationales de l’information mais également l’enfer programmé de l’individu en tant qu’être unique et différencié.

En effet, comment être sûr demain de pouvoir trouver une assurance pour notre voiture si nos données de conduite, collectées par notre voiture, laisse entrevoir une conduite potentiellement accidentogène, ou que notre assureur estime que notre consommation d’alcool est trop importante car notre frigo aura vendu la mèche.

Que deviendrons les a-normaux?

Comment être sûr de pouvoir s’assurer sur la vie, si les données de notre montre connectée, cumulées à notre alimentation laissent à supposer que nous risquons un accident cardiaque ou un AVC. Pourrons-nous toujours aussi facilement souscrire une mutuelle ou un prêt bancaire si nos données telles une carte génétique de notre personnalité laissent à penser que nous serons régulièrement malades ou que nous ne pourrons éventuellement pas rembourser ?

Nos frais dentaires seront-ils toujours remboursés si notre consommation d’eau laisse à penser que nous ne nous brossons pas les dents 3 minutes 3 fois par jour. Nos médicaments seront-ils toujours remboursés si notre hygiène de vie n’est pas dans la norme et que nous ne mangeons pas 5 fruits et légumes par jour ? Pourrons-nous trouver un emploi si notre « carte de données » laisse entrevoir des risques pour l’employeur ? Pourrons-nous seulement louer un logement si les données de notre utilisation de celui-ci ne sont pas conforme à la norme attendue ?

Nous pensons tous être protégés par la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies (art. 12) et l’article 9 du Code civil mais ce n’est pas si simple car chaque donnée brute prise individuellement ne porte pas forcément atteinte à la vie privée.

En outre, pour chaque objet connecté, que l’on possède on accepte tacitement cette collecte de données et explicitement pour les applications de smartphones les logiciels informatiques ou les jeux vidéo.

C’est l’assemblage de toutes ces données brutes en « une carte de données individuelle », leur interprétation et leur utilisation qui pose problème.

Même si juridiquement nous trouvions une solution au niveau national, rien ne pourra empêcher un employeur, un bailleur, un banquier, un assureur voir même les services de l’état de se connecter sur un site Internet à l’étranger pour mieux nous « connaitre ». Que deviendrons les personnes qui ne seront pas jugés dans la norme ; sans emploi, sans assurance, sans possibilité de se loger ? Seront-elles reprogrammées ?

Une société de l’ultra contrôle est donc en germe, nous le savons, mais il existe également un risque de basculement vers une société eugéniste qui fera des « non-conformes » une sous caste contrainte d’évoluer ou que l’on fera disparaitre.



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Juriste en droit public, chercheur associé "Intelligence artificielle" à l'Institut Thomas More

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