Valls, un homme à la mesure de l’emploi?


(Avec AFP) – Après le vote mouvementé d’une sorte de « Small patriot act » – la loi renseignement – Manuel Valls présente ce qu’il considère comme un « Small business act » en faveur de l’emploi dans les petites et moyennes entreprises (PME).

Une prime de 4 000 euros va être immédiatement créée et versée aux entreprises sans aucun salarié qui effectuent leur première embauche, a annoncé à la presse le Premier ministre, après un conseil des ministres retreint à l’Elysée.

Cette prime, de 2 000 euros la première année et 2 000 euros la seconde, sera versée pour tous les CDI et CDD de plus de 12 mois signés entre ce mardi et le 8 juin 2016, selon Matignon. Sont concernées les entreprises n’ayant jamais eu de salarié ou n’en ayant pas eu depuis au moins 12 mois.

Cette mesure « permettra de créer de 60 000 à 80 000 emplois », affirme le ministre de l’Economie Emmanuel Macron.

Valls 18 mesures pour l'emploi PME

Le gouvernement va également plafonner les indemnités prud’homales accordées aux salariés licenciés sans cause réelle et sérieuse, a annoncé mardi Manuel Valls.

Ce plafonnement variera selon la taille de l’entreprise et l’ancienneté du salarié licencié, mais ne concernera pas les grandes entreprises et les « atteintes graves au droit du travail », comme les discriminations ou le harcèlement.

Autre mesure : le gel pendant trois ans de l’effet des franchissements des seuils fiscaux jusqu’à 50 salariés. Car ces seuils d’effectifs déclenchent des prélèvements fiscaux et sociaux supplémentaires pour les entreprises.

Ce gel concernera tous les seuils fiscaux franchis jusqu’à fin 2018 et leurs effets seront neutralisés pendant trois ans après le franchissement.

Parmi ceux-ci, tous les seuils franchis au 9e ou au 10e salarié (notamment formation professionnelle et versement transport) seront relevés au 11e salarié.

Concernant le contrat de travail, le gouvernement ne touchera pas au contrat à durée indéterminée (CDI) mais il va assouplir la réglementation des contrats à durée déterminée (CDD) et les contrats d’intérim. Ceux-ci pourront être renouvelés deux fois, au lieu d’une actuellement.

Cette mesure, que réclamait le patronat, se fera « sans bien sûr toucher à la durée maximale de 18 mois » prévue par la loi pour les CDD, a précisé le Premier ministre, en indiquant que la mesure figurerait dans un amendement au projet de loi Rebsamen en cours d’examen au Parlement.

Mais surtout – last but not least – le gouvernement va encore renforcer la législation sur le détachement, système allègrement dévoyé consistant à faire ponctuellement appel à des travailleurs étrangers venus d’un autre pays de l’Union européenne. Objectif : faciliter les sanctions financières contre l’entreprise dont le sous-traitant aura commis une fraude aux travailleurs détachés.

Un donneur d’ordre pourra notamment être tenu solidairement responsable des fraudes à la législation sociale commises par son sous-traitant, par exemple l’absence de versement de cotisations sociales ou le non-respect du salaire minimum.

Reste un problème que ce plan ne suffira pas à résoudre : la fiscalité à laquelle sont soumis les employeurs de ces travailleurs détachés dans leurs pays d’origine reste beaucoup plus légère que la nôtre. Et notre compétitivité en pâtit, même si les travailleurs détachés sont dûment déclarés et décemment rémunérés. Il y a dix ans, Manuel Valls, qui s’était opposé au Traité constitutionnel européen, critiquait une « Europe de plus en plus marquée par le libéralisme ». Avant de finalement voter Oui, expliquant respecter la ligne du PS et « faire le choix de Hollande ».

En 2017, pas sûr que Manuel Valls s’abaisserait à ce « Small political act »…

*Photo : WITT/SIPA/1502121815



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Journaliste et syndicaliste, Manuel Moreau est engagé dans le mouvement social.

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