Les banlieues françaises de Daech


Les banlieues françaises de Daech

fabius ecole daech attentats

Après ce vendredi noir, je ne vois pas comment le gouvernement français va pouvoir continuer à dire « ni Daech ni Bachar » et rester aligné sur les puissances sunnites du Moyen-Orient. Les terroristes ont été formatés par l’idéologie salafiste sponsorisée par l’Arabie Saoudite, indirectement financés par le Qatar et autres « donateurs privés », soutenus militairement par la Turquie, pays par lequel ils transitent sans problème. Les intellectuels islamo-gauchistes nous expliqueront que c’est la faute à Bachar Al-Assad car s’il avait quitté le pouvoir en 2011, la Syrie serait aujourd’hui une démocratie laïque (bien sûr, on les croit sur parole). Si Bachar Al-Assad n’existait pas, il faudrait l’inventer car il résume pour toute une classe intellectuelle française l’origine du mal.

Ironie du calendrier, le G20 a eu lieu en Turquie, chez Erdogan le sponsor de Daech, celui qui après deux attentats meurtriers commis par l’Etat islamique cette année en Turquie, sans doute avec l’assentiment de ses services de sécurité, frappent les Kurdes, ceux-là même qui combattent Daech. Nul doute que Laurent Fabius a été très à l’aise dans cette réunion où l’hypocrisie fut de rigueur, Fabius qui est responsable de l’impasse totale dans laquelle la France se trouve au Moyen-Orient. Heureusement que sa maladie va l’obliger à quitter ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, après le désastre des régionales qui s’annonce. Son départ pour raison de santé tombe à pic pour changer de politique au Moyen-Orient.

Malheureusement, je doute que la politique de complaisance à l’égard de l’Islam radical ne change vraiment sur le plan intérieur. On peut arrêter quelques imams, mais on ne touchera pas aux fondamentaux. Tant qu’il existera en banlieue des zones de non-droit où les trafiquants de drogue, les gangs et les fondamentalistes pourront prospérer en toute liberté, nous ne réglerons pas le problème principal : ce sont les territoires français de Daech, tout comme Raqqa, Al-Anbar ou le Sinaï. La France possède elle aussi des zones grises où s’implante le terrorisme islamique.

Il faut commencer par réhabiliter l’école dans tous ces quartiers, cesser de dispenser un enseignement au rabais, cesser de faire passer les élèves dans les classes supérieures pour s’en débarrasser plus vite, cesser de réduire l’autorité au minimum pour éviter l’émeute. Dans les collèges de ZEP, les enseignants cumulent les congés maladie avec l’aval du rectorat qui ne veut pas de vague. C’est à ce prix que nous maintenons du personnel dans les ZEP, parce que le ministère de l’Education Nationale ne veut pas faire preuve d’autorité. Parce que la gauche caviar méprise les classes populaires en leur offrant un enseignement au rabais pendant que ses enfants fréquentent Henri IV. Najat Vallaud Belkacem, avec sa réforme du collège, est à l’Education Nationale ce que Laurent Fabius est à la politique étrangère.

*Photo: wikicommons.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Terrorisme: Prendre (enfin) conscience et se battre
Article suivant Villiers: «Les souverainistes sont les derniers républicains»
est directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient à l’université de Lyon-2.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération