Sénat : enfin une victoire de Hollande?


Ce ne sont pas toujours les grands hommes qui font l’histoire. Des petites phrases bien senties en disent parfois plus long que toutes les élucubrations des commentateurs réunis – les miennes comprises ! Il en va ainsi de la mini-bombe à neutrons lâchée hier par Marie-Noëlle Lienemann sur iTélé : appelée à commenter la défaite de la gauche au Palais du Luxembourg, la sénatrice de Paris a appelé à resserrer les rangs derrière la direction du PS et le gouvernement. Dans les pas du très corporate Jean-Christophe Cambadélis, la frondeuse d’hier a carrément minimisé la vague UMP, en soulignant d’un même élan les nombreuses percées centristes avec lesquelles il faut désormais compter. À bâbord, un seul mot d’ordre compte : feu sur les centristes ! Un expert en braille électoral lirait peut-être un message codé à l’adresse de Manuel Valls derrière ces éléments de langage alambiqués mais nous, pauvres pécheurs, en resterons au premier degré.

Autre fait du jour, l’entrée de deux sénateurs FN rue de Vaugirard ne fait même plus grincer des dents. Il faut dire que le jeune maire frontiste de Fréjus David Rachline aura fort à faire pour incarner le nationalisme révolutionnaire en charentaises… Entre force contestataire et futur parti de gouvernement, Marine Le Pen ne veut pas décidément pas choisir, au risque d’un grand écart fatal lorsque la porte de l’Elysée s’ouvrira à son rassemblement azuré.

Tout cela n’empêche pas François Hollande de se frotter les mains. Maintenant que la vaguelette UMP a déferlé sur le Sénat, le président de la République peut désormais instrumentaliser une chambre ouvertement hostile pour enterrer l’arlésienne du droit de vote des étrangers, laquelle nécessite une réforme constitutionnelle, i.e une majorité des 3/5 au Parlement. À moins qu’à quelques mois de la présidentielle, le chef de l’Etat  n’éprouve le besoin de sortir le diable Le Pen de sa boîte en soumettant la question aux Français directement par referendum. Pari risqué mais, comme disait le poète, « un coup de dés jamais n’abolira le hasard »…



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est journaliste.

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