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Sarkozy: en attendant Soleil Vert


Sarkozy: en attendant Soleil Vert
Nicolas Sarkozy. Sipa. Numéro de reportage : AP21947315_000004.
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Nicolas Sarkozy. Sipa. Numéro de reportage : AP21947315_000004.

Nicolas Sarkozy ne croit pas au réchauffement climatique. Ou, plus exactement, soyons précis, il ne croit pas que l’homme en soit la cause unique. Nicolas Sarkozy dit évidemment ce qu’il veut, comme n’importe quel citoyen, n’importe quel militant LR, n’importe quel homme de droite, n’importe quel homme de droite dure, n’importe quel candidat aux primaires et même n’importe quel ancien président de la République. Il dit ce qu’il veut, donc, même des bêtises. Peu importe finalement que sa sortie sur le climat contredise l’écrasante majorité de la communauté scientifique. Non, ce qui m’étonne dans ses propos, ce sont deux choses.

Un candidat anxiolytique

La première, c’est qu’il se montre anxiolytique. En effet, pour lui, finalement, contrairement à Chirac qui estimait que sur cette question la maison brûlait déjà et que l’on regardait ailleurs, le réchauffement, ce n’est pas bien grave. Ecoutons-le : « On a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c’est très intéressant, mais ça fait 4,5 milliards d’années que le climat  change. L’homme n’est pas le seul responsable de ce changement. » J’aime beaucoup le « C’est très intéressant ». Il faut reconnaître à Sarkozy un don certain pour l’antiphrase méprisante et l’ironie condescendante. Bref, le bon sens près de chez vous dans sa version poujadiste light parce que sans doute, il pense que c’est ça qui plait au peuple. Qu’on se moque un peu de ses élites vertes bobos qui veulent l’empêcher de rouler au diesel et le forcer à manger du quinoa après avoir fait ses besoins dans des toilettes sèches entourés de zadistes à crolles pouilleuses.  C’est étonnant parce qu’il n’y a bien que sur ce seul sujet,  le climat, que le candidat Sarkozy a un côté Lexomil. Pour le reste, il est quand même très anxiogène. La France est au bord de l’effondrement, une vague islamiste nous submerge, la guerre de mille ans est déclarée, les migrants nous étouffent, sans compter les assistés qui profitent du système, les chômeurs qui sont des feignants et les fonctionnaires des privilégiés à moins que ce ne soit le contraire.

Panoplie idéologique

La seconde chose qui ne laisse pas de m’étonner, c’est l’effet panoplie idéologique de l’homme de droite. Pourquoi en effet refuser d’admettre la gravité de la situation sur ce plan-là aussi ?  Et pourquoi, le citoyen qui s’alarme du réchauffement, à l’instar, répétons-le, des spécialistes qui ont quand même fait quelques études, est qualifié de « réchauffiste » ? En général, si vous êtes « réchauffiste », allez savoir par quelle mystérieuse alchimie, vous êtes aussi, assez vite, partisan de la culture de l’excuse pour les délinquants, pédagogiste, voire, si vous émettez quelques réserves sur l’importance donnée à l’affaire du burkini, « islamogauchiste ». Oui, c’est comme ça, c’est un tout.

J’ai bien une ébauche d’explication à cette position sarkozyste sur la question du climat Elle est celle d’une certaine droite (et d’une certaine gauche aussi) qui ces temps-ci préfère mettre en avant la question identitaire plutôt que la question sociale. Reconnaître que l’homme est pour quelque chose dans le réchauffement climatique reviendrait à poser la question du mode de production capitaliste qui est le nôtre partout dans le monde. Et éventuellement à rompre avec lui pour des questions de survie sachant qu’il va quand même y avoir des générations qui risquent de payer très cher nos tergiversations actuelles. Comme le disait le regretté président Chavez (meilleur que son successeur, concédons-le) lors de la conférence sur le climat à Copenhague : « Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé. »

Oui, Sarkozy dit ce qu’il veut. Mais quand la même semaine, je vois un panneau sur l’autoroute qui me prévient d’un pic de pollution et que je lis dans Le Monde cet article assez effrayant sur les effets du réchauffement sur les océans ,  je ne peux pas m’empêcher de penser une chose simple : à quinze ans, je regardais Soleil Vert  au cinéma. A cinquante, je vis dedans.



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