Questions vaches à Stéphane Le Foll


 « On se demande à quoi sert un ministre s’il n’est pas capable de rédiger une loi » m’a fait remarquer le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, au téléphone. La question posée à l’occasion du débat sur l’installation de la ferme, dans la baie de Somme, ayant la capacité de réunir 1000 vaches laitières sous un même toit, pour un rendement maximum, a de quoi titiller jusqu’aux oreilles étiquetées de Marguerite et de ses 999 copines.

Dimanche dernier, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a rappelé qu’il ne « soutenait pas le projet de la ferme des «1000 vaches».  On en meugle de soulagement. Mais il ne l’a pas interdit non plus. C’est que le projet est « dans les règles ». Des règles qui pourraient être modifiées, si « le Ministre en question en avait le courage », précise Laurent Pinatel.

En fait, la schizophrénie gouvernementale va plus loin que ça. Car, pendant que le ministre de l’agriculture  n’ose pas affronter le système d’exploitation inhumain des bovins, son projet de loi sur l’avenir de l’agriculture a été adopté. Or, ce texte est inscrit dans une idéologie radicalement opposée à celle de la ferme-usine. Il porte comme priorité gouvernementale « l’agroécologie », c’est-à-dire une alliance entre l’agronomie et l’écologie. En résumé, on donne la préférence aux écosystèmes plutôt qu’aux alliages chimiques.

Comment expliquer ce grand écart entre la culture et l’élevage? Et encore, souligne Laurent Pinatel, « la ferme des 1000 vaches, c’est emblématique, parce qu’elle accumule tout ce contre lequel on lutte, mais il existe des élevages encore plus intensifs que celui-làLe centre d’engraissement des taurillons par exemple, les élevages de 2000 porcs, etc… »

Alors, c’est grave docteur, notre ministre est vraiment bipolaire? Certes, mais il existe un remède. D’après le Doc’ de la Confédération paysanne, il suffit de compter sur un retour au réflexe démocratique : « Aux Français d’interroger les responsables politiques et de les mettre devant leurs responsabilités ».

Bref, on n’est pas sorti de l’auberge. Et les vaches non plus.



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est journaliste à Causeur

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