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Le Pape, combien de dérision ?


Le Pape, combien de dérision ?

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Il y a bien longtemps, de mémoire de IVe et de Ve Républiques, que nous n’avions eu un gouvernement aussi exclusivement composé de mécréants. On invite souvent les croyants à pratiquer leur religion « dans le privé », ce qui est une façon discrète, version Danielle Sallenave[1. Dieu.com, 2004, éd. Gallimard.], de les renvoyer aux catacombes.  Nos mécréants de gouvernement ont, eux, l’aversion très peu neutre et même très active. Le consternant « débat » – si l’on peut user de ce mot – sur le « mariage pour tous » (formule qui n’a aucun sens, sauf à autoriser l’inceste), a permis à nos ayatollahs du nihilisme d’étaler leur conception du rassemblement que, pourtant, prônait leur président.
La façon discourtoise dont la commission des lois de l’Assemblée nationale a traité les représentants des religions (l’archevêque de Paris, le grand rabbin de France, et les autres), les expédiant en un quart d’heure, marquera longtemps les esprits quant à l’idée que se font de la République ces prétendus républicains. Sans parler du comportement arrogant et verbeux de la psycho-rigide qui occupe le poste ministériel le plus prestigieux de la République, celui de garde des sceaux. Elle fut, il est vrai, inventée par un Jacques Chirac en déclin, pour fabriquer une loi parfaitement inéquitable sur des crimes passés contre l’humanité.
Je ne m’appesantirai pas davantage sur cette sinistre comédie politique indigne de notre histoire, dont la représentation figurerait un triomphe de l’égalité inscrite dans nos armes. Détournement du mot, détournement du sens, donc mensonge d’État. À qui fera-t-on croire que la différence des sexes est une inégalité ? Qui ne voit qu’il eût suffit de renoncer à l’abus du mot mariage, en le remplaçant par « union civile », pour réconcilier tout le monde ? Mais il s’agissait justement de diviser et d’humilier.[access capability= »lire_inedits »] 
Le président de la République, réputé pour ses bonnes blagues, a déclaré que nous n’avions « pas de candidat » à la succession de Benoît XVI. On est consterné de tant de désinvolture lorsqu’on se souvient du soin que prit le général de Gaulle, tant à la mort de Pie XII (par deux lettres au cardinal Grente en date des 18 octobre et 27 novembre 1958) que de Jean XXIII, de donner de discrètes instructions aux cardinaux français, et à notre ambassade auprès du Saint-Siège, pour veiller autant que se pouvait à l’avènement d’un ami de la France  (ce qui fut fait avec Jean XXIII et Paul VI). Nous ne sommes pas là dans de grotesques querelles de laïcité, mais dans une vision sereine des intérêts de la France. Il est vrai que même Alain Juppé vient de s’apercevoir qu’« on entend un peu moins la voix de la France ».
On a ensuite découvert l’existence d’une « ministre déléguée aux personnes âgées » qui doit être si peu occupée qu’elle a eu le temps de « twitter », avec un à-propos qu’on n’a pas suffisamment remarqué : « Je dois bien reconnaître, à tort ou à raison, que Benoît XVI a omis de me consulter avant de prendre sa décision #Age #EmploidesSeniors# », expliquant ensuite dans un autre « tweet » avoir fait « un clin d’œil peu inspiré à ceux qui [l’]interrogeaient ». Il est des plaisanteries qui ne ridiculisent que leurs auteurs.
Cela ne fait malheureusement qu’exprimer l’air du temps qui sévit, depuis quelques mois, tant dans notre milieu politique que dans certaines rédactions. Nos mécréants se lâchent à qui mieux mieux comme si les autres n’existaient pas ; nul ne sera républicain et progressiste hors eux et leurs amis, vieille rengaine des héritiers de 93 qui accouchèrent du bonapartisme qui nous flatte encore et que relaient avec désinvolture les anciens combattants de Mai-68. Toutefois, gardons-nous de trop éradiquer le christianisme, de crainte de faire, une bonne fois pour toutes, le lit des islamistes et autres salafistes.[/access]

*Photo : Parti socialiste.

Mars 2013 . N°57

Article extrait du Magazine Causeur



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est écrivain, ancien Commissaire général de la langue française. Dernier ouvrage paru : Juin 40 ou les paradoxes de l’honneur, CNRS éditions, 2010.

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