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Nous voulons une loi anti-oreillette !


Nous voulons une loi anti-oreillette !

Hier, le Tour de France avait proscrit les fameuses oreillettes qui permettent aux coureurs de communiquer avec les directeurs sportifs. Quatorze de ces derniers, emmenés par Johann Bruyneel, de l’équipe Astana, avaient pourtant déposé une pétition afin que cette expérience, qui doit être renouvelée vendredi, n’ait surtout pas lieu.

Les dirlos veulent continuer à contrôler les faits et gestes de leurs coureurs et ils ne souhaitent pas que les téléspectateurs aient la moindre occasion de s’apercevoir que le sport cycliste a perdu depuis que ces satanés appareils ont fait leur entrée dans les orifices auditifs des participants de la Grande Boucle. Qu’est ce qu’il est devenu chiant, le Tour de France, depuis que les coureurs sont munis de cette laisse, devenant les animaux dociles de leurs manageurs. Non contents de les avoir chargés pendant des années, et de les avoir contraints, de ce fait, à se plier à un système anti-dopage assimilable à du contrôle judiciaire puissance dix[1. Les coureurs cyclistes doivent donner aux autorités sportives tout leur agenda afin d’être contrôlable n’importe où, n’importe quand.], les patrons d’équipe souhaitent continuer d’utiliser l’oreillette afin de se servir de leurs pions comme ils l’entendent.

On me dira : « Il faut vivre avec son temps ! Encore une fois, tu refuses la modernité ! Archaïque ! Nostalgique ! Ringard ! Passéiste ! ». Admettons. Mais alors, pourquoi obliger encore les coureurs cyclistes à grimper des cols hors-catégorie sans le concours du moindre moteur à explosion ? Par souci écologique ? On peut très bien interdire des innovations technologiques si on considère qu’elles apportent plus d’inconvénients que d’avantages. Et c’est le cas en l’espèce. Les sportifs sont bridés. Il n’y a presque plus d’initiatives personnelles. Tout est sous contrôle.

Pourquoi aborder ce thème dans un carnet politique, alors ? Parce que c’est un sujet éminemment politique. Cette société sous contrôle, beurk ! Imagine t-on que ce procédé soit étendu dans l’entreprise ? Et ne remarquons-nous pas que les présentateurs télé[2. Je n’ose appeler journaliste une personne affublée de cet appareillage humiliant.] en sont munis depuis quelque temps déjà ? À quand le tour des personnalités politiques qu’ils interrogent ? Vous imaginez un débat de finalistes à la présidentielle, en 2017 ou même dès 2012, où les principaux protagonistes utiliseraient des oreillettes ? En sommes-nous si loin ?

J’espère donc que la direction du Tour mettra cette pétition à sa juste place, c’est à dire au panier. Mais par dessus tout, j’ai envie que, par la suite, appréciant ces deux jours sans laisse-de-chienchien, les cyclistes fassent avaler les oreillettes, et sans condiment, à Bruyneel et consorts. Mais je rêve, sans doute[3. Effectivement, je rêve. Hier, lors de cette étape, les coureurs des quatorze équipes en question furent d’une docilité exemplaire, tronquant la course et la rendant davantage ennuyeuse que d’habitude. Ils ont ainsi bien relayé le message de leurs maîtres : « Vous voyez bien que c’est sans oreillette que la course est plus emmerdante ».]



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