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Amendements parlementaires à vendre, 2500€ les six?


Amendements parlementaires à vendre, 2500€ les six?
Façade de l'Assemblée nationale, Paris, juillet 2016. SIPA. 00764551_000001
Façade de l'Assemblée nationale, Paris, juillet 2016. SIPA. 00764551_000001

Emmanuel Macron l’a dit et répété, il veut renouveler la pratique politique, réhabiliter le travail de fond et s’exonérer de tout clientélisme. Reste à savoir avec qui il conduira ce changement. En ce qui concerne Marjolaine Milome-Noiran, c’est mal parti. Le 8 avril 2017, à l’occasion d’un discours, il présentait cette dernière comme sa « déléguée aux ultramarins de l’Hexagone ». Originaire de la Martinique, installée à Paris depuis une vingtaine d’années, Mme Milome-Noiran avait jusque récemment un profil singulier. D’un côté, elle se disait collaboratrice parlementaire des députés martiniquais Daniel Gibbs (LR), puis Jean-Philippe Nilor (GDR). De l’autre côté, elle avait un cabinet de conseil basé à Paris, Marjo Consulting, qu’elle a fermé le 6 avril 2017. En décembre 2015, sa société facture au réseau Acciom, qui représente onze chambres de commerce ultra-marines, 2500€ pour « quatre amendements déposés » et « deux amendements soutenus », plus 500€ pour un courrier adressé à « Hollande, Valls, Macron, Pau-Langevin » ! Contactée, Marjolaine Milome-Noiran affirme avoir « porté plainte en diffamation », sans dire contre qui, et sans démentir l’authenticité de la facture, dont la copie circule sur internet depuis plus d’un mois.

Dans la vie politique, des dossiers tout ficelés, conçus pour ruiner une réputation, arrivent parfois sur le bureau des journalistes. Rien de tel dans le cas de la déléguée aux ultramarins d’En Marche !, dont Causeur a découvert l’existence au hasard d’une enquête en cours. Ce n’en est peut-être que plus inquiétant. Quelques jours de travail suffisent, apparemment, pour mettre à jour des pratiques parlementaires déroutantes. Le placement rémunéré d’amendement, par des élus ou des collaborateurs d’élus, pose un problème déontologique évident. Il était supposé appartenir au passé. « Il y a une dizaine d’années, explique un ancien directeur de la législation fiscale, des parlementaires avaient un tarif et s’en cachaient à peine. C’était 2000€ l’amendement ». A 2500€ les quatre déposés et les deux soutenus, Marjo Consulting les bradait. Le travail parlementaire, décidément, n’en finit pas de se dévaluer.



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