In memoriam Miriam Novitch


In memoriam Miriam Novitch

Miriam Novitch Sobibor ShoahLes habitués de la Cinémathèque française auront remarqué la programmation, vendredi 20 mars à 19h30, d’un film de près de deux heures sur l’Holocauste, produit et réalisé en 1974 à l’initiative de Miriam Novitch (1908 –1990). Miriam Novitch fut une résistante au nazisme, juive, née en Lettonie, francophone, fondatrice du premier musée de l’Holocauste, la « Maison des combattants des ghettos » et auteur du premier livre sur la révolte du camp de Sobibor.
 Le titre hébreu de ce film peut se traduire par Le 81e coup : un rescapé des camps de la mort, racontant à des enfants israéliens qu’il avait été condamné par un nazi à 80 coups de fouet, ne fut pas cru, ce qui fut pour lui comme un « 81e coup ».

Lorsque le film fut traduit en français en 1976 et distribué avec l’aide de l’Institut national audio-visuel, on trouva plus adapté comme titre « Ne laissons pas les morts enterrer les morts » qui prenait à contrepied la phrase de l’Evangile « Laissons les morts enterrer les morts ». Ce titre français n’a pourtant pas suffi pour réunir à l’époque des foules de spectateurs. Plus récemment, une version courte (69 minutes au lieu de 110) fut programmée, une seule fois, au Mémorial de la Shoah, à Paris. Bref, Ne laissons pas les morts enterrer les morts est un film… enterré.

C’est dommage, car la force de ce film est extraordinaire : il ne comporte pas de commentaires, seulement quelques chansons juives en contrepoint d’images d’archives nazies et on y entend également, sur la bande son, des témoignages enregistrés lors du procès Eichmann.

L’idée à l’origine de cette projection à la Cinémathèque ? Montrer le film à quelques personnes concernées par l’antisémitisme qui pourraient, si le kibboutz ayant produit le film est d’accord, mettre gratuitement un DVD à la disposition des médiathèques et des lycées. Pour la Taïwanaise que je suis comme pour tous les jeunes Asiatiques, ce film serait un moyen formidable de faire connaître une histoire dont nous sommes éloignés. Ne laissons pas les morts enterrer les morts a été programmé une seule fois à Taïwan, en 1979, dans le cadre d’un festival de films français. Depuis, la copie dort dans les réserves de la Cinémathèque de Taipei. C’est symbolique d’une ignorance ou d’une indifférence préoccupantes. Et si je signale cette projection parisienne, c’est parce que je vais en préparer bientôt les sous-titres en chinois – en espérant que ce documentaire, ainsi sinisé, trouvera son chemin à Taïwan, à Hong Kong et en Chine.

*Photo : Wikipédia.



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est une photographe taïwanaise installée en France.

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