Grande-Bretagne: victoire surprise des conservateurs


Grande-Bretagne: victoire surprise des conservateurs

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Londres (AFP) – Le Premier ministre conservateur David Cameron était assuré vendredi de sa réélection, qui l’autorise à soumettre à référendum l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE, tandis que les nationalistes écossais réalisaient un raz-de-marée de nature à galvaniser leurs ardeurs indépendantistes.

Conforté par une victoire aux législatives aussi surprenante qu’inespérée, le leader des Tories était attendu au palais de Buckingham par la reine Elizabeth II à 11H30 GMT, pour recueillir son assentiment formel en vue de former le prochain gouvernement.

Alors qu’il restait une trentaine de circonscriptions à dépouiller vers 08h00 GMT, les conservateurs étaient crédités par la BBC de 329 députés, soit trois au-dessus de la majorité requise, hors de portée des travaillistes réduits à 239 sièges.

En Ecosse, les résultats définitifs ont confirmé le triomphe des indépendantistes du SNP qui ont raflé 56 des 59 sièges de députés en jeu dans leur région autonome jusqu’ici considérée comme un fief travailliste inexpugnable.

Peu avant 05h00 GMT, David Cameron s’est félicité de la tournure « positive » des événements au sortir « d’une très grande nuit pour les conservateurs », sans encore formellement revendiquer la victoire.

Quelques minutes plus tôt, le dirigeant travailliste Ed Miliband a reconnu « une nuit très décevante pour son parti », depuis Doncaster où il a été réélu.

Si les dernières projections se vérifiaient, David Cameron pourrait même former, après cinq de coalition avec les libéraux-démocrates, un gouvernement 100% conservateur, sans avoir besoin de trouver un seul allié.

Avant le scrutin, bookmakers et sondeurs n’accordaient qu’une chance sur cinquante pour qu’un tel scénario, inespéré pour les conservateurs, se réalise.

Le sondage sortie des urnes prédisant un tel séisme avait d’ailleurs été accueilli avec des pincettes jeudi à 21h00 GMT tant il différait des prévisions des enquêtes d’opinion qui pronostiquaient un résultat ultra-serré depuis des mois. Mais il s’est progressivement matérialisé en cours de nuit, attestant d’une cuisante défaite des travaillistes et d’une déroute des libéraux-démocrates.

Le Labour est surtout victime du tsunami nationaliste qui a déferlé sur l’Ecosse. Le SNP décuple presque sa représentation à la Chambre des Communes.

« Le lion écossais a rugi cette nuit », s’est félicité son ancien leader Alex Salmond.

Le triomphe du SNP est symbolisée par l’élection de Mhairi Black, une étudiante de 20 ans qui devient la plus jeune députée de Westminster depuis 1667, aux dépens du député sortant et cadre du Labour, Douglas Alexander.

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– Attention Brexit –

David Cameron avait été critiqué pour son manque d’engagement en début de campagne. Réélu, il aura à cœur de remplir sa principale promesse de campagne : l’organisation d’ici 2017 d’un référendum sur le maintien ou pas du pays dans l’Union européenne. Une perspective qui inquiète ses partenaires européens en raison de la possibilité d’un « Brexit » (pour « British Exit »).

La nouvelle de la victoire des conservateurs aux dépens des travaillistes s’est traduite par un bond de la livre britannique face au dollar et à l’euro vendredi sur les marchés asiatiques.

La Bourse de Londres évoluait également en nette hausse vendredi matin.

Une éventuelle sortie de l’UE pourrait avoir des répercussions profondes sur le maintien de l’Ecosse, largement pro-européenne, au sein du Royaume-Uni.

Toute la journée de jeudi, les militants SNP sortant de l’isoloir à Glasgow, Edimbourg ne faisaient pas mystère de leur volonté « de revanche ».

Ils aspirent à la tenue d’un nouveau référendum d’indépendance, après un premier rendez-vous manqué en septembre.

Le parti populiste et europhobe Ukip, triomphateur des élections européennes de 2014 mais victime du mode de scrutin législatif uninominal à un tour, conserverait entre un et deux sièges, en dépit des 14% d’intentions de vote.

Son dirigeant, Nigel Farage, était très menacé à South Thanet. Il a annoncé qu’en cas d’échec « il tirerait le rideau ».

La performance de « David Cameron a sensiblement accru sa stature », a fait valoir Patrick Dunleavy, expert à la LSE.

Il s’est comporté bien mieux que prévu dans les urnes, mais pourrait avoir des difficultés « à faire quoique ce soit de radical », a-t-il ajouté.

Cameron devra contenir le mécontentement de la frange eurosescptique de son parti et tenir à distance les prétendants à sa succession, alors qu’il a annoncé pendant la campagne qu’il ne briguerait pas de troisième mandat.

L’un deux, le bouillant maire de Londres Boris Johnson, s’est fait élire député à Uxbridge, une étape essentielle pour prétendre à la direction du parti.

*Photo : © AFP LEON NEAL
*Infographie : © AFP I. Vericourt / J. Jacobsen



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