Accueil Brèves Hollande n’a pas peur du débat, mais il a peur des trois débats

Hollande n’a pas peur du débat, mais il a peur des trois débats


Pas question de déroger à la règle et de mettre à mal la tradition du sacrosaint débat entre les deux tours. Non, il n’y aura qu’un seul et unique débat et puis basta, telle est la position de François Hollande qui refuse de croiser le fer trois fois de suite comme l’y appelle Nicolas Sarkozy.

Cette désertion devant l’affrontement des idées, vaut bien un petit néologisme dans l’esprit ségolennien. C’est la « lâchitude » hollandiste. Le favori ne veut surtout pas se risquer à ferrailler avec son adversaire comme s’il avait peur d’être poussé dans ses retranchements et d’exposer les faiblesses de son programme aux yeux des Français. Comme un joueur de tennis qui mène de très peu et qui est a deux doigts de remporter le match, il se ménage et ne fait pas le malin avec la balle. Ce qui compte ce sont les points qu’il a capitalisés.

Mais, au-delà de la crainte de découvrir que la rhétorique hollandiste se révèle in fine moins bien huilée que prévue, les socialistes font preuve d’un beau mépris à la fois en piétinant la conscience politique des citoyens électeurs mais également en sous-estimant la gravité des enjeux du moment.

En effet, se dérober aux débats ne revient-il pas à priver les citoyens français d’exercer leur capacité de juger, à aliéner leur liberté de se forger une opinion un peu plus réfléchie car plus nourrie par le choc des arguments ? Il est donc tordant de voir que ceux qui se présentent comme des progressistes sont en réalité des conservateurs dogmatiques. Leur arrogance imbuvable les conduisent peut-être à penser que les jeux sont déjà faits, que le deuxième tour est une simple formalité et que trois débats ne changeront rien.

François Hollande a mécaniquement répété comme tous les autres candidats « La France vit un tournant de son histoire » sans être vraiment convaincu par ce qu’il disait. Parce que si ses paroles l’avaient engagé, il aurait été d’accord avec son challenger et aurait convenu que des sujets aussi graves que la crise de la zone euro, la relance de la croissance, le rôle de la France dans le conflit syrien, ou encore la nouvelle configuration des relations avec Etats-Unis si Obama n’est pas réélu, méritaient autant d’heures de débat que la primaire socialiste.



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